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Notes d'auteur :
Le thème était : Les folies sont les seules choses que l'on ne regrette jamais
C'était une soirée d'été comme les autres, parfaite par une douce température comme on pouvait encore en sentir à 22h00 à Lisbonne. Angelina avait eu une journée bien remplie. Elle s'était autorisé du réconfort en s'offrant un bon repas chez Mario, le restaurant italien du quartier de Rossio. La solitude ne l'avait jamais empêché de s'ajouter à la masse de touristes qui remplissait les terrasses portugaises. Son carnet d'écriture était toujours là, posé sur la table, pour lui tenir compagnie. Elle y avait encore jeté quelques mots, quelques idées que la rue et les bribes de conversations étrangères lui inspiraient pendant qu'elle mangeait. Mais quand vint le moment de lever le nez de son écriture pour demander l'addition au serveur qui voudrait bien passer près d'elle, quelque chose d'autre attira son attention.

Le visage d'une inconnue semblait l'appeler de la terrasse voisine. Cette femme était suffisamment différente pour rendre Angelina aussi immobile que muette. La peau à peine mate, les cheveux bouclés, frisés même, et d'un brun presque noir, elle était calme et distraite. Ce n'est qu'après l'avoir regardé de la tête aux pieds qu'Angelina s’aperçut qu'un homme à la bouche agitée l'accompagnait. Il était aussi élégant qu'un businessman s'apprêtant à conclure une affaire. Tout deux avaient certainement le même âge, pourtant la subjectivité d'Angelina faussait son jugement. Si ce couple avait environ quarante ans, elle n'en aurait donné que trente-deux à cette femme dont le faciès s'apparentait à celui d'une jeune femme pleine de vie. La vérité lui crevait littéralement les yeux, mais le peu de son esprit qui était encore doué de raison la rappela à l'ordre.

C'est là, que pour la première fois, hors de ses livres, Angelina allait se laisser vivre ses sentiments. Un homme, un Rom qui tentait de se faire un peu d'argent auprès des touristes, tenait dans l'une de ses mains un paquet de roses rouges. Elles n'étaient ni enveloppées de plastique, ni joliment présentées mais à l'état de nature. C'est ce côté sauvage qui lui évoqua à nouveau la beauté naturelle de cette inconnue du trottoir d'en face. Sans réfléchir, lorsque le vendeur passa dans l'allée des tables et des chaises, elle lui tendit une pièce d'un euro et récupéra une fleur en échange. La seconde d'après elle se sentait bête de tenir ce symbole de passion entre ses deux doigts de célibataire endurcie. Lorsqu'elle jeta un nouveau coup d'oeil curieux vers la brune aux longs cils noirs, son coeur fit une sorte de bond dans sa poitrine. Elle interpréta cela comme un signe d'encouragement. Son imagination la conduisit à écrire son numéro de téléphone sur sa serviette en papier qu'elle enroula comme une ficelle autour de cette rose fraîche. Elle ne réfléchissait plus. Quand la coupelle qui servait à déposer l'addition résonna sur sa table, elle y glissa un bon billet et se leva aussitôt de sa chaise tiède. La rose dans la main gauche, son sac à main dans la main droite, elle salua d'un sourire absent le serveur qui s'en allait avec son argent et quitta la terrasse avec certitude. D'un pas décidé, presque mécanique, elle traversa la rue piétonne, et en passant devant la table de ces inconnus, y laissa maladroitement tomber la rose. Si elle avait bien agi, la fleur avait chuté sur les genoux à peine vêtus de cette femme charmante. Elle ne le saura jamais, mais en regagnant la route, elle crut entendre les voix remplies d'interrogation du couple parfait. 
Note de fin de chapitre:
Vous auriez bien aimé connaitre la suite ? Ça tombe bien, il y en une, il faut juste lire ce qui suit !
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