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Notes d'auteur :
Dernier chapitre de ma nouvelle. Avide de connaitre le dénouement ?
Finalement, pendant le voyage, le temps s'était arrêté pour Ellen. Sa réflexion n'avait pas avancé d'un poil. Toujours au même point, assise sur le siège dans sa petite voiture, elle regardait sa montre. Difficile de lire l'heure alors que ses membres tremblaient, mais elle réussit à déchiffrer tout de même : 17h45. Il est vrai qu'Ellen avait passé du temps dans la salle de bain après avoir
refermé son ordinateur. Les yeux dans les yeux avec son miroir, elle s'était questionnée en silence pour détacher le vrai du faux dans ce qu'elle ressentait. Mais son coeur s'était enfermé à double tour depuis qu'elle avait lu les mots de Katherine. Sous la pesante confusion, il avait préféré se barricader et se rendre incompréhensible, impénétrable, au grand désespoir d'Ellen qui comptait sur lui pour la sauver de ce doute profond. Maintenant qu'elle faisait face au noeud du problème, elle devait prendre son courage à deux mains pour rencontrer son admiratrice. En reprenant conscience de l'espace dans lequel elle se trouvait, Ellen se rendit compte que sa jambe droite ne cessait de rebondir de haut en bas. Le stress la rendait encore plus inoffensive bien qu'elle aurait aimé paraître calme et forte. Elle soupira un bon coup de son souffle entre-coupé à cause du mouvement de va-et-vient que répétait sa jambe droite toujours active.


D'un coup sec, Ellen ouvrit la portière de sa voiture pour se retrouver dans la cour de cailloux des Stiff, cette même cour dont elle avait rêvé le matin-même. Ce souvenir avait un arrière-goût d'invention lointaine qui rendait la situation encore plus confuse, comme si elle se trouvait dans un endroit imaginaire, à nouveau dans un rêve. Elle avançait d'un pas lent et hésitant jusqu'à la porte d'entrée qu'elle ouvrit d'un coup sans même signaler sa présence. Une fois dans le hall, le silence omniprésent de l'extérieur lui paraissait bruyant comparé au néant auditif dans la demeure. Aucun bruit, aucune présence, on aurait dit une maison hantée mais entretenue.
« Madame... », prononça Ellen à la manière d'une enfant. « Je... j'ai pris la liberté d'entrer. »
Certes, Ellen avait eu le cran d'entrer sans en avoir la permission grâce à on ne sait quelle bravoure
passagère, mais elle regrettait déjà ce geste. La confiance qu'elle avait eu en passant la porte s'était
totalement évanoui, en quelque secondes. La maison avait repris ses droits de grandeurs sur la
petite brune « effacée » que décrivait Katherine dans son e-mail. Il n'était pas difficile d'observer
ce trait de caractère chez Ellen, car elle n'était que l'ombre d'elle même, et surtout au travail. Se faire toute petite était sa règle d'or. C'est pourquoi elle n'avait jamais vraiment eu d'affinité avec ses collègues de travail qui étaient de vrais commères.


Un bruit de pas assez lourd pénétra le calme pesant et sorti Ellen de ses pensées dérivées. Elle avait dressé le cou comme une proie sur la défensive. L'oreille tendue, elle guettait le moindre autre bruit pour savoir d'où arriverait Katherine. Les pas approchants résonnaient depuis le salon sur sa droite. Cependant, tout laissait croire qu'il ne s'agissait ni de pantoufles, ni d'escarpins à haut talon. Ellen se redressa sur son petit corps frêle, prête à saluer son hôte. Pourtant, celle-ci n'apparaissait toujours pas dans l'arche d'entrée du salon. Les pas s'étaient soudainement arrêtés. Elle savait bien que ce manoir était géant mais elle n'avait pas inventé ce bruit de pas omniprésent. La curiosité et l'impatience s'élevant en Ellen, elle ne pu résister à l'envie de s'approcher. Déterminée à avoir cette conversation réelle avec sa directrice, elle s'aventura dans la maison jusqu'à entrer dans l'immense salon. La lumière y était très faible, le silence était revenu et Ellen se sentait de plus en plus mal à l'aise.
« Y a t-il quelqu'un ? Katherine ? », appela Ellen dans un souffle de désespoir. Au moment même où elle s’apprêtait à relancer cet appel, une main gantée de noir obstrua l'ouverture de sa bouche avec une force surprenante, tandis qu'un autre membre la saisissait par la taille. Aucun son, même étouffé, ne sorti de sa gorge, seule la stupeur pouvait se lire sur son visage jusqu'à ce qu'elle laisse place à la peur. Elle se retrouvait en contact avec le corps de son agresseur qui se situait dans son dos. D'un coup de genou bien placé, celui-ci la fit fléchir au point de tomber au sol. Les mains osseuses et dures du criminel la gardait plaquée par terre. En quelques secondes, un grand
morceau de ruban adhésif lui recouvrit les lèvres. Prise de panique, Ellen cru ne plus pouvoir respirer. Fort heureusement, son nez restait opérationnel et lui permettait toujours de faire entrer de l'air dans ses poumons. En revanche, elle ne pouvait définitivement plus parler ou hurler, ce qui restait pourtant le plus utile dans un moment pareil. Elle ne pensait même pas à se débattre tant son agresseur était fort. Son seul réflexe fut de tourner au maximum la tête pour pouvoir voir le visage de cette affreuse personne qui avait pénétré chez Katherine. Néanmoins, elle avait été bête
de penser qu'il ne se cacherait pas derrière un masque. La seule chose qu'elle pu apercevoir ce fut des yeux marrons qu'elle n'attribuait pas à une jeune personne. Sa première pensée fut celle d'un homme d'environ quarante ans à cause des fines rides qu'avaient dévoilés les trous dans la cagoule noire du coupable. Après cet arrêt sur image qui marquerait son esprit pour longtemps, Ellen fut brusquement plaquée face contre sol. Elle n'avait jamais vu le carrelage brun des Stiff d'aussi près. Ce n'était que pour permettre à l'agresseur de lui menotter les mains. Au lieu d'être douloureuses, ces menottes-ci avaient l'air d'être entourées d'une sorte de fourrure assez agréable. Aucun doute, il devait s'agir de menottes dont l'usage premier est sexuel, le genre d'objet que l'on ne trouve que dans les sex shop. Autrement dit, le bandit qui s'en prenait à elle n'était peut-être pas si professionnel que cela.
Après quelques minutes de supplice dans les bras de l'homme cagoulé, Ellen avait été jetée sur un
fauteuil dans une chambre à l'étage, peut-être la chambre des Stiff, elle ne pouvait le deviner, n'ayant jamais dépassé la cuisine, ni le salon. Toujours est-il que l'ambiance dans cette pièce lui donnait des frissons. Ce fauteuil en cuir ne l'aidait pas à se détendre. De plus l'agresseur avait disparu de son champ de vision. Un instant elle oublia que sa bouche était scotchée, elle essaya de hurler jusqu'à ce que la matière collante lui irrite la peau. Elle resserra tout de suite les lèvres à cause de la douleur. Alors qu'elle fronçait les sourcils pour encaisser cette petite souffrance, l'homme cagoulé réapparu, le corps penché sur elle.


« Alors Ellen, surprise ? », siffla sa voix grave qui sonnait familière aux oreilles attentives d'Ellen.
D'un geste fluide il retira ce qui dissimulait son visage pour divulguer sa face de quadragénaire. Cet
homme à la barbe de trois jours légèrement grisâtre, aux quelques rides discrètes, à la chevelure plaquée sur son crâne, n'était autre que Patrick Stiff. Elle ne l'avait rencontré qu'une seule fois, mais cette fois là lui avait suffit pour enregistrer en sa mémoire sa tête d'étrange personnage. Étrange dans son comportement du moins, car finalement il avait l'air tout à fait banal. D'ailleurs, Ellen s'était longtemps demandé ce que Katherine avait bien pu trouver à cet homme ordinairement ennuyant. Elle en avait presque perdu le fil de la situation.
« Tu te souviens de moi, petite idiote ? »
Les yeux verts de la petite brune se redirigèrent vers le visage sévère de Patrick. Elle avait l'air du pauvre petite chaperon rouge dans les griffes du grand méchant loup.
« Qu'est ce que tu cherches avec ma femme ? Tu étais là ce matin, dans ma maison ! Katherine a dû me raconter ce qu'il s'est passé au téléphone. Elle t'a conduit à l’hôpital d'à côté d'où tu t'es enfuis comme une cinglée, les genoux à terre. Elle t'a raccompagnée chez toi ! hurla Mr Stiff la bave au bord des lèvres. C'est quoi ton problème avec elle, hein ? Tu lui veux quoi ? Depuis que tu es arrivée dans la banque, elle n'est plus pareille. Alors quoi ? Tu lui as mis le grappin dessus c'est ça ? MAIS C'EST MA FEMME ! »
Il avait l'air incontrôlable et totalement sous l'emprise de la folie, à tel point qu'Ellen s'était sentie s'enfoncer dans le fond du fauteuil. Patrick s'avança dangereusement jusqu'à agripper les accoudoirs de ses mains crochues, les coudes fléchis. Il la fixait avec la sévère envie de devenir bien plus brutal. D'un coup sec il lui arracha l’adhésif de la bouche. Elle lâcha un cri de douleur profond.
« Parle maintenant, tu veux sauter Katherine ? Tu veux me la prendre ? »
Cette vulgarité la choquait et toute cette mascarade lui faisait tourner la tête. Elle recevait une
déclaration sentimentale de la part de Katherine et maintenant on l'accusait d'avoir toujours voulu la corrompre. Ça ne pouvait pas être autre chose qu'un mauvais tour.
« Réponds salope !
- Non ! J'ai toujours détesté madame Stiff ! C'est une directrice odieuse, égoïste et capricieuse. Je ne l'ai jamais approché pour cette raison. », Ellen avait répondu les yeux quasiment fermés, la peur prenant le dessus. Elle resserrait ses mains tremblantes en deux poings. Mais la grimace de dégoût ne disparaissait pas du visage figé de Patrick.
« Vous… vous n'avez qu'à lui demander ! D'ailleurs sait-elle seulement ce que vous êtes en train de faire ? C'est un délit vous le savez ? Où est votre femme ? Katherine ! »
Ellen avait haussé le ton en espérant se faire entendre. A peine la dernière syllabe était sortie de sa bouche que son agresseur lui attrapa la mâchoire d'un mouvement sec. Ainsi il la forçait à se taire.
« Katherine n'est pas là, pauvre conne. Elle est repartie à la banque parce qu'à cause de toi elle a
manqué ses heures de travail. Mais je sais comment elle est Kat', elle ne peut pas laisser ses employés se débrouiller seuls, elle a besoin d'avoir les choses en main alors elle est partie il y a deux heures. Moi j'ai décidé de revenir de mon p’tit séjour pour avoir une petite conversation avec toi. La ferme et écoute moi bien. »
Patrick relâcha Ellen sans s'éloigner d'elle. Même dans un moment pareil, elle ne pu s'empêcher de chercher du regard quelque chose qui pourrait lui indiquer l'heure. Peut-être que bientôt on viendrait la délivrer de ce foutu bordel. Alors que le souffle amère de Mr Stiff lui caressait la joue dans un soupire, elle pu lire 18H36 sur le radio-réveil qui se trouvait sur l'une des tables de nuit à côté du lit. A cette heure-ci, Ellen aurait déjà quitté son poste depuis une vingtaine de minute.
«Qu’est-ce que tu fous ici exactement ? Qu’est ce que tu comptais prétendre cette fois pour draguer ma perfection ? Tu crois que tu peux t’inviter chez moi comme ça, sous prétexte qu’elle est ton patron ?! », dit-il l'air totalement sous l’emprise de l’image de femme fatale qui collait à la peau de Katherine. « Je t'ai grillé Broody ! Je sais que t’es qu’une gouine coincée mais en secret tu ne peux pas résister à une telle femme hein ? Les gens comme toi me dégoûtent. »


Au fond, peut-être que ce taré avait raison. Ellen avait toujours ressenti quelque chose d'indéfinissable à l'égard de Katherine Stiff et peut-être même que ça s’était vu le soir où elle avait subit ce dîner en la compagnie du couple. Ses sentiments étaient partagés, ils s’opposaient les uns aux autres concernant cette femme. Quant à sa sexualité, elle ne se l'était jamais vraiment caché, elle avait toujours eu un faible pour le sexe féminin sans jamais l'exprimer autour d'elle. Vivant cachée, Ellen avait fait taire ses besoins amoureux pour se concentrer sur sa petite carrière. C'était sûrement du gâchis, et cela expliquait aussi pourquoi elle ne se plaisait pas vraiment dans sa vie,
mais c'était le choix qu'elle avait fait. Voyant qu'Ellen restait muette, Patrick lui lança une grande gifle à lui en décoller la tête de sur ses épaules. Elle resta un instant immobile après l’impact. Un fin filet de sang se mit à couler de sa lèvre inférieure. Les yeux remplis d’effroi, elle se sentit incapable de dire quoique ce soit. Elle craignait de devoir encore regarder Patrick la haïr. Tout espoir de finir la journée en paix s'était évaporé. Ellen ne savait pas ce que voulait entendre ce tordu, et il continuerait de la frapper par satisfaction. Alors les scénario se bousculaient dans son esprit. Il était possible que Katherine soit au courant des penchants violents de son mari. Peut-être même qu'elle les cautionnait et qu'elle
avait embarqué Ellen dans ce faux plan drague et qu’elle lui viendrait en aide une fois rentrée de la
banque. Elle imaginait déjà la grande blonde équipée d'un fouet lui sourire avant de la flageller sans retenue. De toute évidence, elle était déjà le jouet des Stiff. Le punching-ball de Patrick mais aussi le souffre douleur de Katherine qui torturait son âme en la divisant en deux. Ça n'était finalement pas anodin. Lorsqu'elle pu enfin redresser sa tête, bien que sa lèvre la picotait, une deuxième claque s'écrasa sur son autre joue. Cette fois, ses gencives en avaient pris un coup. Cette douleur la conduisait à laisser pendre sa mâchoire. La bouche ouverte et les yeux plissés, elle avait l'impression qu'un coup de plus l'endormirait. Toute sa vision devenait floue, presque imperceptible. Pourtant elle distinguait bien le bras de Patrick se lever, prêt à s'abattre encore sur son visage abîmé. Si elle avait pu, elle aurait positionné ses bras de sorte à se protéger mais le salaud en avait fait une victime jusqu'au bout. Cependant, elle ne sentirait jamais cette troisième gifle. Alors que la main gantée allait s'étaler sur sa joue gauche, le corps du coupable vacilla en arrière sans pour autant s'écrouler. N'y voyant toujours rien, Ellen ne comprenait pas ce qui venait de se produire. Elle croyait voir une deuxième ombre à moitié cachée derrière le corps inerte de
Patrick. Ce qui retint surtout son attention ce fut le liquide rouge vif qui se mit à ruisseler hors de la chemise grise du malfaiteur. La source de tout ça semblait être le milieu de sa poitrine. Quelqu'un retenait le corps. Mais qui ? Quelqu'un qui venait peut-être de lui sauver la vie.


Lorsque le corps engourdi de Patrick Stiff s’effondra sur le sol, les petits yeux faiblement ouverts d’Ellen découvrirent leur sauveur, ou plutôt leur sauveuse. La longue silhouette féminine de Katherine dominait dans le regard de la séquestrée comme au premier plan de la photographie d’un professionnel. La lampe de chevet étant la seule source de lumière dans la chambre, Ellen ne pouvait pas encore voir son visage et pourtant elle était persuadée qu’il s’agissait de Katherine. Comment s’y tromper ? Une femme comme celle-là gravait les mémoires rien que par son physique froidement parfait.
« Mais quelle sotte j’ai fait d’épouser un idiot pareil ! Il allait te tuer, je sais qu’il en était capable... » Lança-t-elle brusquement. Cette voix suave confirma les certitudes d’Ellen qui commençait à se remettre lentement de sa souffrance malgré la confusion. Dans le même temps, Katherine avança d’un pas jusqu’à devenir
visible tout comme l’arme blanche qu’elle serrait dans sa main. La mine impassible, elle finit par faire la moue. Elle tendit un bras solide mais sensuel vers la trentenaire affaiblie pour constater que ses mains étaient attachées. Il paru que lorsqu’elle remarqua les menottes enveloppées de fourrure elle sourit d’un air moqueur. De son autre main, elle attrapa tout en se baissant la petite clef qui servirait à les déverrouiller. Celle-ci était justement tombée aux pieds du défunt Mr Stiff lors de sa toute dernière chute. Tout en se redressant, elle contourna la petite Ellen immobilisée puis s’accroupit dans son dos afin d’ouvrir ces menottes qui était finalement devenues
désagréables. Ce geste libérateur provoqua un fort soupire de soulagement de la part de la victime qui se laissa tomber lourdement sur la tranche du sommier des Stiff.
« Ma pauvre Ellen… Je trouve que tout ceci est arrivé bien vite. Vois comme la vie est incontrôlable. »
Katherine s’agenouilla finalement juste en face d’Ellen pour qu’elle puisse toute deux se voir. La grande blonde avait fait attention à ce que sa robe glisse sous ses genoux pour ne pas se retrouver dans une position compromettante. Néanmoins, en tirant ainsi sur le tissu noir, elle venait de découvrir légèrement son décolleté sans même y prêter attention. Bien qu’Ellen était dans un sale état et qu’elle n’avait aucune idée de ce que sa supérieure hiérarchique préparait, elle avait remarqué ce fait qui selon elle avait été volontaire. Se croyant libérée la minute précédente, elle se voyait déjà condamnée à cette heure, à 19h05 comme l’indiquait le radio-réveil sur sa gauche.
Inutile d’espérer quoique ce soit. Voilà qu’elle était en position de faiblesse, sans plus aucune ressource face à une prédatrice redoutable et sans pitié armée d’un couteau. Après avoir subit la colère de Patrick, Ellen pensait ne jamais rien connaître de pire. C’était sans compter sur l’arrivée de la maîtresse des lieux. Cette dernière, comme si elle avait saisit que c’était le moment de prendre la parole dégagea une mèche de ses cheveux derrière ses oreilles avant d’ouvrir la bouche.
« Tu sais, depuis que tu es arrivée à la banque, j’ai un faible pour toi. Mais évidemment tu le sais car je te l’ai écrit il y a de cela à peine quelques heures. Mais c’est toujours mieux de l’entendre de ses propres oreilles car c’est plus sincère, n’est ce pas ? Elle n’attendait pas vraiment de réponse de la part d’Ellen d’autant plus que celle-ci en était incapable. Je suis sûre que tu es complètement perdue dans tout ça. Laisse-moi t’éclairer. »
Durant le court silence qui venait de s’installer, Ellen avala sa salive en tentant d’ouvrir davantage
les yeux. Malheureusement, ses forces restaient amoindries et Katherine continuait de jouer érotiquement avec cette fichue lame qui renforçait le mal de ventre de la petite brune tant celle-ci était longue.
« Rien de tout ceci n’aurait dû arriver. Mais Patrick avait des doutes sur toi dès la seconde où tu as mis les pieds ici, reprit Katherine avec un sourire enfantin. Sa jalousie aura eu raison de lui. Tu te
croyais discrète chérie, mais en fait je n’ai pas mis longtemps à comprendre que les battements de ton coeur s’accéléraient à mon approche. Dès ce moment j’ai décidée d’être plutôt tendre avec toi, plus qu’avec tes collègues, car j’étais touchée par cette affection que tu me portais, ajouta la blonde en se penchant vers Ellen. Regarde ce qu’il à fait à ton jolie minois…, Katherine soupira en prenant le visage d’Ellen dans sa main fine et douce.
- Je… je n’ai jamais ressenti la quelconque...affection pour vo-vous, répliqua avec faiblesse la jeune femme dont la lèvre semblait flamber. »
Katherine pencha la tête sans aucune conviction avant de s’approcher une fois encore pour ne laisser qu’un centimètre entre elle et le menton rouge de sa proie.
« Allons Ellen, inutile de jouer sur les mots. Si ce n’était pas de l’affection, c’était de l’attirance
purement et simplement sexuel. Autrement-dit, dès lors que je venais t’adresser la parole dans le cadre du travail tu m’envoyais un message confus mais en même temps indéniablement clair. N’as tu pas le sang chaud en ce moment ? Insista Katherine en se mordillant la lèvre inférieure. »
Étonnamment, Ellen ne démentait pas, comme si quelque chose de plus fort qu’elle la réduisait au silence. Elle grimaça néanmoins, tentant de lutter contre cette espèce de pulsion charnelle qui la poussait à apprécier les avances de sa dangereuse ravisseuse.
« Je le savais, on ne peut rien me cacher Ellen. »
Tout en élégance, Katherine Stiff se relevait sans lâcher des yeux la petite brune. Elle tenait toujours fermement son arme.
« Je t’en prie Ellen, allonge-toi, je suis sûre que ça soulagera tes blessures. Je reviens dans une minute, je ne te manquerai pas longtemps. »
A ce moment là, Ellen voyait comme une brèche se former dans l’espace-temps. L’occasion de se dépêtrer de ce bazar terrifiant se présentait. Mais son cerveau en ébullition avait du mal à déceler la bonne de la mauvaise idée. Que faire, sachant qu’elle était mal en point et que Katherine demeurait quelqu’un de très malin. D’ailleurs, était-elle mauvaise ou pas ? Certes, elle avait tué son mari de sang froid mais elle venait tout de même de lui sauver la vie ! Oui, mais il est vrai qu’elle avait dans le regard une pointe de sadisme qui ne laissait aucun doute subsister. Ellen ne
connaissait pas les réelles intentions de madame Stiff, cependant son instinct de survit lui hurlait de s’évader et au plus vite. Dans un gémissement étouffé de douleur, Ellen se redressa sur ses deux pieds. Un vertige prenant la contraint de s’arrêter pour se stabiliser. Aussitôt celui-ci estompé, elle se mit à avancer droit vers la porte de sortie de la chambre. Petit à petit l’escalier se dessinait devant elle. Pour stopper la descente aux enfers il lui suffisait de descendre ces marches. D’un pas déterminé, Ellen se lança et dévala rapidement l’escalier de bois quitte à faire du bruit. Elle savait maintenant que le dragon se mettrait à sa poursuite, c’est pourquoi elle redoublait d’effort en voyant la porte blanche en bois massif. Sans hésitation, aucune, elle arracha d’un geste vif la
poignée.


La bêtise d’Ellen était d’avoir perdu le nord, elle avait oublié que le temps n’attendait personne et que dehors il faisait nuit noire. Mais il lui était impossible de voir l’heure. Tant pis, elle chevaucha les trois marches laissant la porte grande ouverte derrière elle pour se donner plus de temps. Elle se mit alors à courir sur le chemin plein de gravillons qui s’éclaira dès le moment où elle passa devant le capteur de mouvement. Paniquée, elle jeta un regard par-dessus son épaule. L’image horrifiante de Katherine à ses trousses, le couteau brandit de manière menaçante, rempli les pupilles de la fugitive. Déjà au bout de ses force, elle ne pu accélérer davantage bien que son
cerveau ne faisait que relancer le message « plus vite ! » dans son système nerveux. Plus elle avançait et plus la route se faisait proche, mais la lumière diminuait et elle serait bientôt dans le noir complet. La solution express qui traversa son esprit fut de se cacher dans les buissons. Dès lors qu’elle arriva au portail, elle dû l’escalader puisqu’il était verrouillé. Ellen ne réfléchissait plus, elle se laissait guider par la peur suintante que Katherine avait senti de l’autre bout de la demeure. Comme le chat et la souris, les deux femmes jouaient leur dignité pour l’une et leur vie pour l’autre. Lorsqu’Ellen pu enfin sentir le goudron sous ses pieds, elle perdit tout contrôle et finit par s’étaler sur le sol. Une sorte d’ultra son, effet de la chute, l’empêchait d’entendre quoique ce soit. Aveugle et sourde, elle devait se faire muette, c’était sa dernière chance pour échapper à la fatalité.


Inutile d’espérer, cette fois elle avait fait l’erreur de trop. Katherine arriverait d’une seconde à l’autre et l’embrocherait sans scrupule. Ellen restait convaincu d’avoir lutté pour sa vie. Mais enfin quelle vie ? Une vie de solitaire, sans attache, sans passion, sans amour. Là où elle allait elle ne regretterait personne. L’heure était venue de se rendre à l’évidence. La vie ne vaut rien si elle ne procure rien. Peut-être que cette journée avait été programmée pour la sortir de sa misérable existence. Ellen avait dû se confronter à la dure réalité de la vie : elle avait toujours aimé les femmes et n’en avait pourtant jamais profité, et le jour où sa chance se manifestait, la femme de ses fantasmes se trouvait être une criminelle. La seule voie qu’il lui restait à emprunter était celle de la lumière blanche. Elle la voyait à présent, au loin devant elle. Ce halo semblait même
s’approcher progressivement pour l’emporter au ciel. Éblouie, elle tendait le cou vers sa chance. Mais à mesure que la lumière avançait vers elle, Ellen ne pouvait plus se résoudre à se laisser aller à la mort. Quoi ? Elle était jeune, elle avait encore plein de choses à tenter, et on dit souvent que frôler la mort nous change à jamais. Au moment où elle eu l’idée de se relever pour échapper à son destin, elle pu voir une dernière fois Katherine dans sa robe rouge avant que ses os se brisent sous les pneus brûlants du véhicule qui fonçait aveuglément sur elle.
Note de fin de chapitre:
J'espère que la chute vous aura marqué pour différentes raisons. Merci à ceux qui me donnerons leur avis et leur ressenti.
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