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Notes d'auteur :
L'étrangeté est mon domaine.
Troisième réveil dans une seule et même journée, voilà qu'Ellen ouvre les yeux dans une pièce blanche. Le blanc est la couleur la plus pure, censée nous apaiser. Dans ce cas là, le blanc entêtant était plus angoissant qu'autre chose. Le blanc rime avec blouse et hôpital, avec blues et abyssal. D'un revers de main, la nouvelle patiente tentait d'émerger du néant. Le blanc aveuglant laissait petit-à-petit place à d'autres objets communs des chambres hospitalières. Une télévision des années 90, dont l'écran noir contrastait grandement avec la luminosité extrême de la pièce. Elle était suspendue au mur en face d’Ellen. A sa gauche, le soleil timide entrait par une grande fenêtre en hauteur tandis qu'à sa droite un deuxième lit encombrait l'autre moitié de la salle.
Celui-ci était vide, et cela s'expliquait facilement puisqu'Ellen avait été emmenée dans l'hôpital le plus proche, autrement dit un petit hôpital de campagne oublié et vide. Il lui fallut un temps pour réaliser qu'elle était bien dans un hôpital, mais quand ce fut le cas, Ellen se redressa d'un coup dans son lit blanc. Elle voyait soudainement plus clair.
« Mais qu'est ce que je fais là ?! », dit-elle à haute voix comme elle l'aurait pensé intérieurement.
En relevant la main pour essuyer de nouveau son visage, elle sentit quelque chose d'anormalement froid toucher la peau de son avant-bras. Elle fronça les sourcils en s'apercevant qu'un fin tuyau transparent était relié à l'une de ses veines. Ce câble médical remontait jusqu'à une poche plastifiée remplie d'un liquide étrange. Comment pouvait-elle être hospitalisée sans savoir
pourquoi ? Ce câble devait-il l'inquiéter ? N'étant pas une habituée des hôpitaux, Ellen s'inquiétait effectivement de se voir injecter des doses d'un produit dont elle ignorait les propriétés. Elle se
croyait dans l'un de ces téléfilms terrifiants diffusés les vendredis soir à 00H10. Sur l'habituelle table de nuit que comportait toute chambre d'hôpital qui se respecte, Ellen trouva un gros interrupteur. Sans réfléchir, elle appuya fortement dessus en pensant appeler un responsable. Un voyant rouge s'illumina aussitôt.


Sans se presser une infirmière débarqua dans la chambre. La sérénité qu'elle dégageait était presque agaçante. L’alerte rouge allait pourtant de pair avec l’urgence. Le dos collé au dossier dur du lit, Ellen lui jeta un regard interrogateur. Cette femme rassemblait tous les clichés qu'on avait toujours balancé au sujet des infirmières. Élancée, joliment sublimée dans sa combinaison de sauveuse, ses longs cheveux bruns ondulaient à chacun de ses pas. Comme dans un ralenti hollywoodien, Ellen jouait le rôle de la caméra, elle ne la lâchait pas des yeux. Le temps perturbé, elle avait temporairement oublié que rien de tout cela n'était normal.
"Vous avez demandé de l'aide madame ?", demanda-t-elle naïvement, un sourire aux lèvres.
"Oui... Elizabeth, Ellen avait pu lire son nom sur son insigne officielle, je me demande pourquoi je suis ici. Qui m'a emmené ? Et de quoi je souffre ? Où sommes-nous d'ailleurs !" La patience n'étant pas son fort, elle ne pouvait se résoudre à imiter le calme d'Elizabeth.
"Vous êtes à l'hôpital de Lightown, depuis environ deux heures. Vous avez fait un malaise pas loin d'ici. J’ignore qui vous a amené mais c'est une personne responsable."
En quoi un malaise méritait-il tant d'attention ? Le plus perturbant dans tout cela c'est qu'Ellen ne
parvenait pas à se souvenir de ce soit disant malaise. Les sourcils froncés, elle s'efforçait pourtant de s'en rappeler. L'avantage de la mémoire c'est qu'elle est le plus grand des placards mais son problème c'est aussi qu'elle soit un placard bien trop grand. Entasser des choses elle sait le faire, mais les ranger jamais. Ellen poussa un soupire de lassitude.
"Pouvez-vous m'expliquer ça, si je n'ai fait qu'un malaise ?" Elle désigna de sa main le tube en
plastique qui faisait corps avec sa veine grossissante.
"Oh ça ? Elizabeth s'avança sans gêne vers Ellen et s'assit dans le même temps sur le matelas, ce ne sont que des vitamines. Et puis vous-vous êtes cognée la tête." Son sourire ne quittait pas sa bouche drôlement rouge. Ellen se racla la gorge plus ou moins discrètement alors que le silence prenait place. Des vitamines ? Alors qu'Ellen s'apprêtait à porter sa main à son front qui lui paraissait chaud, l'infirmière lui saisit le poignet immédiatement sans pour autant être brusque.
"Si ça peut vous rassurer, vous êtes entre de bonnes mains ici. Et nous sommes loin d'être
débordés."
En y réfléchissant, Ellen ignorait totalement où se trouvait Lightown, et elle se demandait encore plus ce qu'elle faisait dans un endroit pareil, aussi éloigné de chez elle. La chaleur ne cessait de se faire de plus en plus cuisante. Quelle en était la cause ? Cette substance visqueuse ou.. non c'était ridicule. Le poids du petit corps d'Ellen s'abandonnait entièrement sur le matelas. Tout cette lourdeur lui donnait l'impression d'une intense pression sur son poignet, comme si les doigts d'Elizabeth demandaient à entrer dans son avant-bras. Mais le fait que tout cela soit progressif le
rendait moins douloureux et plutôt chaleureux. Tout devenait lourd, y compris ses paupières sur le point de tomber. La dernière image qui marqua la mémoire d'Ellen fut le visage illuminé d'Elizabeth, plus hypnotique qu'auparavant. Puis elle se rendormi brutalement.


Décidément, combien de fois devrait-elle subir le trouble du réveil aujourd'hui ? Ce même
lit blanc et inconfortable supportait son corps endormi depuis des heures. Sa vue floutée de la
chambre se clarifiait progressivement. Elizabeth avait disparu. Pourtant Ellen était sûre de ne s'être assoupi que quelques minutes. Comment délier le vrai du faux ? Et si cette Elizabeth n'avait été que le fruit de son imagination fantasmatique. Alors que cette réflexion ne présageait pas de fin, la solution au problème d'Ellen apparu dès lors que ses yeux verts se posèrent sur la porte de sa chambre désormais ouverte. En levant un peu la tête, elle compri. Cette porte portait le numéro
13 et ça n'était pas anodin. Le vendredi 13 n'était toujours pas terminé mais en plus de cela, alors
qu'elle était l'une des seules patientes de cet hôpital à l'abandon, on lui avait quand-même réservé cette chambre spéciale, la chambre numéro 13. Le cauchemar était loin d'être terminé. Une sorte de radio-réveil sonna promptement, il affichait 13h00. Ellen devait à tout prix rentrer chez elle, là où elle serait sûre de ne pas oublier deux heures de sa propre existence. L'amnésie, la perte de mémoire était l'une des choses qui faisait l'objet d'une crainte perpétuelle chez Ellen. Sans attendre, la brune sorti du lit. Dès lors qu'elle toucha le sol, le froid eu l'effet d'un électrochoc rapide mais efficace. Pieds-nus sur le carrelage, rien de plus agressif après un état de sommeil profond. L'avantage qu'Ellen voyait à cela c'est que désormais elle se sentait réellement réveillée.
Un léger vertige la fit pourtant chanceler au point qu'elle dû s'appuyer contre le mur revêtu de
papier peint. Les yeux fermés, il lui fallait se reprendre. Le temps d'un instant, elle fut dans le noir
complet. Une fois les yeux rouvert, Ellen souffla un bon coup et repris ses esprits. Le premier temps de l’escapade c'était le repérage. En tendant le cou vers la sortie, seule sa tête chevelue se distinguait de la linéarité du couloir. Un coup d’oeil à gauche, un autre à droite, personne n'obstruait le passage sans fin. Ellen franchit le pas vers l'inconnu. Le problème était de savoir par où aller. Si seulement elle avait été consciente quand on l'avait conduit dans cette chambre. Son esprit superstitieux la contraint à prendre à droite bien qu'elle se trouvait aussi ridicule qu'une
victime d'un survivor movie. Elle était folle de penser qu'elle pourrait éviter le personnel et les médecins de tout un hôpital, d'autant plus que les patients s'y faisaient rares. « Qui ne tente rien n'a rien », pensa-t-elle. D'un pas gauchement assuré, elle filait vers ce qui semblait être le fond du couloir. Un écriteau y était suspendu, il devait sans doute indiquer une direction. En marchant, le bruit que produisait le frottement de ses vêtements lui fit subitement prendre conscience du fait qu'elle portait une de ces blouses qu'on met aux malades internés. Elle dû même s'arrêter pour vérifier qu'elle ne rêvait pas. De ses mains, elle tirait sur cette immonde chemise longue et bleue.
Tout bien réfléchit, le meilleur moyen de passer inaperçu c'était d'enlever cette horreur. Assez rapidement, elle la déboutonna et la lança par terre. Ainsi, elle avait l'air d'un visiteur. Ellen accéléra le pas et le mur qui lui faisait face commençait enfin à se rapprocher, néanmoins l'écriteau demeurait illisible. Son but était proche lorsque des voix de plus en plus audibles approchaient. Prise de panique, Ellen eu pour réflexe d'ouvrir la première porte venue pour se cacher dans la pièce en question. Le souffle court, elle ne relâcha la pression qu'après être sûre
d'avoir laissé passer les deux individus.
« Hmm... »
Quelqu'un venait de se racler explicitement la gorge dans son dos. Pétrifiée à l'idée d'avoir été
découverte, Ellen n'osait même pas se retourner.
« Que faites-vous ici ? », dit une voix féminine.
Elle fut bien obligée de faire face à cette femme. Lentement, elle tournait les talons. Tout aussi
lentement, ses yeux s'ouvraient jusqu'à devenir de grande billes rondes. Elizabeth était là, assise
derrière un bureau massif en bois de chêne. Cette même Elizabeth qu'elle avait cru avoir inventé.
« Oh c'est vous, Mrs Broody ! Vous allez mieux on dirait. » Elle souriait à nouveau.
« Oui, justement, puisque je vais beaucoup mieux, pourriez-vous m'indiquer la sortie s'il vous
plaît ? »
L'infirmière restait muette un moment, comme si son cerveau était lent au lancement. Ellen, la bouche à demi-ouverte, la fixait dans l'attente d'une réponse.
« Je ne crois pas avoir le droit de décidé du départ d'un patient, je suis désolée. », dit-elle enfin avant de faire la moue. Toujours aussi conforme aux préjugés, elle était belle et bête à la fois. Au lieu de s'emporter, Ellen pencha la tête. Une idée brillante mais incertaine lui était venue à l'esprit. Elle s'avança en face du bureau en bois jusqu'à poser ses petites mains sur le dessus, ce qui la forçait à se pencher légèrement en avant.
« Vous m'avez pourtant l'air d'être compétente. Vous avez donc un supérieur ? Mais... je suis bien votre patiente, non ? », répliqua Ellen d'un ton qui se voulait interrogateur mais surtout persuasif. Elizabeth, toujours assise et en position d'infériorité, hocha la tête, peu sûre d'elle.
« Oui, vous avez raison mais... j'ai un supérieur et d'après lui, je ne peux pas vous laisser partir,
vous ou un autre patient, sans son autorisation. Elle haussa les épaules. C'est la procédure, vous comprenez ? »
La grande blonde avait l'air si désolée qu'Ellen avait presque pitié pour elle. Pourtant, elle devait sortir de là et s'il fallait employer les grands moyens, elle le ferait. Voyant qu'Elizabeth restait campée sur ses positions bien réglées, Ellen fit le tour du bureau pour se rapprocher d'elle et changer de type de rapport : de patiente, elle allait se faire plus amicale. Elizabeth se senti obligée de se lever de sa grande chaise pivotante pour faire face à la brune entreprenante.
« Écoutez, il faut que je rentre, quelqu'un m'attend, j'ai... »
Alors qu'Ellen improvisait totalement, elle cru se rappeler d'un détail crucial des quelques heures
qu'elle avait accidentellement oublié.
« Mais oui, je me souviens ! J'ai un rendez-vous avec Katherine. » dit-elle tout haut avec un air de
stupéfaction. Elle leva la tête pour lire l'heure sur l'horloge et lisait 13h13. Son visage retomba aussitôt. « Merde ! Je l'ai manqué, elle va me pulvériser. A moins que... ». Ses yeux semblait s'illuminer au fur et à mesure que ses souvenir réapparaissaient. « J'étais chez elle quand c'est arrivé, n'est ce pas ? Vous savez si j'étais chez Katherine Stiff ? »
Elizabeth complètement perdue haussa vaguement les épaules, elle n'osait plus dire un mot comme si elle avait à faire à une femme troublée psychologiquement. Sans rien annoncer, Ellen sorti en trombe de cette pièce, bien décidée à sortir de cet hôpital. Il lui fallait retrouver la directrice pour savoir ce qu'il s'était réellement passé. Néanmoins, alors que sa motivation était incommensurable, sa force diminuait à vue d’oeil. Ses pas devenant chaque fois un peu plus lourd lui donnaient du fil à retordre. La porte de sortie semblait enfin plus proche. Ellen pouvait lire
« exit » en vert sur le pan de mur droit devant elle. Les derniers efforts seraient les bons, ainsi la brune se motivait et chaque mètre parcouru était visible à la sueur de son front anormalement chaud.
Elizabeth ne sorti de son bureau qu'au bout de cinq minutes, lorsqu'elle se rendit compte qu'elle venait de faillir à sa tâche. Mais Ellen était toujours dans ce couloir infernal. En fait, elle rampait sur le carrelage dont elle ne sentait même pas la fraîcheur. Compatissante, Elizabeth s'approcha d'elle avec l'allure d'une mère. Elle s’accroupit pour poser sa fine main sur le visage d'Ellen et découvrit avec stupeur sa fièvre alarmante. La bouche grande ouverte, elle se redressa d'un bon et actionna l'interrupteur qu'elle portait autour du cou en guise de collier.
« Ne bougez pas Mrs Broody, je reviens pour vous soigner ! »
Aussitôt, Elizabeth disparu dans un autre couloir ou une autre pièce. C'était le moment idéal pour s'échapper définitivement. Plus que deux mètres et elle aurait les pieds dehors. Ellen réunit toutes ses forces pour se remettre sur ses jambes chancelantes et avancer. La douleur n'était plus qu'un message désagréable que lui adressaient ses nerfs : « Arrête-toi bon sang, tu vas y passer ! ». Mais Ellen savait pertinemment que seul le 13 était responsable de tout cela et elle devrait se battre pour que défile le temps et qu'arrive le samedi 14. Cette réflexion ayant occupé son esprit, Ellen avait atteint la porte coulissante qui s'était ouverte assez rapidement. Sur les genoux, elle traversait cette entrée. L'air extérieur qui venait lui caresser le visage était synonyme de libération.


Le cou tordu, quasiment rompu, son faciès faisait face au ciel gris et clair qu'elle avait quitté quelques temps auparavant. Son corps était étendu entre le sol et l'air, ce qui lui donnait une allure d'insecte. Cette sensation de délivrance, elle n'aurait jamais pensé la ressentir car menant une vie ordinaire et miteuse, elle savait que les aventures spéciales n'étaient pas pour elle. Néanmoins elle s'était trompée.
« Ellen ? »
Cette voix, résultat d'un mélange d'anxiété et de choc, Ellen la reconnaissait parfaitement mais elle n'était pas vraiment celle qu'elle aurait aimé entendre au sortir de l’hôpital. En se redressant lentement sur ses genoux, elle affrontait le regard de Katherine, adossée sur sa belle voiture rouge, comme si elle l'avait attendu. Dans une posture pareille, Ellen avait définitivement montré le pire côté de son fort intérieur. Le malaise était tel qu'aucune des deux femmes n'osait prendre la parole. Un geste simple semblait mieux adapté. Katherine montra d'une main délicate la portière passagère de son bolide. Cela ressemblait à une invitation et pourtant Ellen, à sa place, n'aurait pas hésité à déguerpir dès qu'elle en aurait eu l'occasion. Chance ou non, Ellen était vouée à se faire trimbalée à droite et à gauche tant que la journée ne serait pas terminée c'est pourquoi elle allait accepter de monter. Le bon point là-dedans, c'est qu'elle commençait à apprécier Katherine et
qu'au moins elle avait la prétention de penser qu'elle la connaissait un peu contrairement au personnel de cet hôpital perdu. Ellen grimpa donc dans ce véhicule flambant neuf sans rien dire hormis « merci ». Au
moment où Katherine démarra, Ellen pu surprendre l'arrivée sportive d'Elizabeth dans l'entrée de
l'hôpital. Impuissante, celle-ci lui lança uniquement un dernier regard mêlant tristesse et pitié. La voiture ayant fait gratter ses pneus dans les graviers de la cour, voilà que les deux femmes s'en allaient comme deux fraudeuses.
« Que s'est-il passé Ka... Madame ? Je sais que j'étais chez vous il y a trois heures ou plus. Pourquoi aie-je atterri dans cet hôpital fantôme ? », questionna Ellen, les yeux rivés sur le profil gauche de Katherine.
Concentrée, la conductrice fixait la route et faisait défiler le paysage campagnard en roulant à une allure convenable. Elle respirait lentement, sans jamais faire d'écart, ce qui manifestait à quel point elle était calme comparé à Ellen.
« Vous avez fait un malaise. J'ai pensé bien faire en vous emmenant rapidement à l'hôpital quand on m'a dit au téléphone qu'aucune ambulance n'était disponible. », répondit froidement Katherine sans cligner des yeux.
Pas étonnant, un vendredi 13, pensa Ellen en fronçant les sourcils.
« Et vous, comment se fait-il que vous vous soyez échappée de votre chambre ? », Katherine avait quelque peu haussé le ton et Ellen avait presque cru entendre sa mère.
Ellen regarda un moment l'intérieur de son poignet droit : on y remarquait toujours cette marque circulaire rouge qui virait au violet. Katherine avait suivit son regard jusqu'à ce qu'Ellen tourne à nouveau la tête vers elle.
« On m'a drogué ! Elizabeth, elle m'a fait croire qu'on m'injectait des vitamines mais après ça je me
suis sentie toute bizarre !
- Elizabeth ? Je n'ai vu personne de ce nom là-bas, qui était-ce ?
- Mais si, l'infirmière ! La jeune infirmière blonde, grande, un peu niaise... elle s'est « occupée » de
moi.»


Katherine ne dit rien de plus mais elle était persuadée de n'avoir rencontré que la réceptionniste et un médecin maigrelet du nom de Tim Josman. Le fait qu'Ellen ait pu voir une autre personne avec cette description lui faisait bel et bien penser qu'elle avait été droguée, mais pas nécessairement volontairement. Les vitamines comme tout médicament peuvent avoir des effets indésirables qui varient selon les gens.
« Ellen, je vais vous raccompagner chez vous, il est clair que vous avez besoin de vous reposer après cet événement pour le moins... inattendu. »
Ellen leva la tête vers le par-brise et se rendit compte qu'elles venaient d'entrer à Londres dans la
circulation plus ou moins agitée. Elle ne pu empêcher un sourire de soulagement et de gaieté à l'idée de retrouver son nid. Mais quelque chose clochait. Ellen se souvint qu'elle s'était rendue chez la directrice à 10H00 comme prévu, mais elle ne savait toujours pas pourquoi ce rendez-vous avait eu lieu. Ellen tourna alors la tête vers Katherine et imitait la tranquillité.
« Je vous remercie de vous préoccuper de ma santé mais, je ne comprends pas. Pour quelle raison m'avez-vous faite venir chez vous ? Il me semble que mon malaise ai tout interrompu et je n'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé alors... »
Katherine semblait réfléchir. Évidemment qu'Ellen n'était pas venue pour rien mais cet événement ne pouvait pas passer inaperçu selon elle.
« Il vaut peut-être mieux remettre cette conversation à plus tard. Vous n'êtes plus en état et j'ai encore à réfléchir sur le sujet. » Pour la première fois, Ellen venait de déceler une faille dans le comportement de Katherine. En effet, elle fuyait la discussion, elle fuyait le fin mot de l'histoire et pourquoi ? La curiosité démangeait la banquière au point qu'elle se mit à insister.
« Je me sens parfaitement prête à écouter ce que vous avez à me dire, madame. Nous sommes seule, et je vous promets de garder mon calme. »
Katherine, les yeux cette fois grands ouverts, freina sèchement sur la ligne blanche d'un panneau stop. Comme si elle venait d'être démasquée, la directrice avait perdu son calme habituel.
« Descendez s'il vous plaît. Si jamais vous ne retrouvez pas votre chemin, vous êtes dans la rue
parallèle à celle de votre appartement. » Katherine avait retrouvé son ton glacial.
Sans faire d'histoire, Ellen, les yeux remplis de colère et d'incompréhension, sortit du véhicule en
douceur. A peine se fut-elle retournée que la voiture rouge disparaissait au coin de l'avenue.
Note de fin de chapitre:
Si vous avez quoique ce soit à dire à propos de ce chapitre ou de la nouvelle en générale, allez-y !
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