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Notes d'auteur :
Nom de l'épreuve : La nuit alphabétique.

Résumé de l'épreuve : L'histoire doit se dérouler de nuit. Par choix ou par mégarde, votre personnage (ou vos personnages, bien sûr) se retrouve en dehors de chez lui pour la nuit. Il peut choisir de rester dehors, de s’abriter dans une grotte, de squatter une noce où il n’est pas invité, etc., mais l’histoire doit durer uniquement une seule nuit jusqu’au maximum le premier rayon de soleil qui arrive.

Contraintes : La première lettre de chaque phrase suit l'ordre alphabétique. Il doit donc y avoir 26 phrases et uniquement 26 phrases.
Vous n'êtes pas obligés de commencer votre première phrase par la lettre A. Vous pouvez choisir la lettre que vous voulez. Mais vous devez ensuite respecter l'ordre alphabétique.

Délai de réponse : Vous avez jusqu’au 21 mars 23h59 pour poster votre texte

J'avais dit que je répondrais aux défis que je n'ai pu réaliser pendant Plumes en Folie. Voilà donc le défi 5 !
Nicolas

Cette soirée s’était plutôt bien passée, se dit Romane en quittant la fête aux alentours de trois heures du matin. Dire qu’elle avait failli ne pas y aller une fois de plus. Elle était toujours un peu réticente à l’idée de passer du temps avec des inconnus, même pour, en l’occurrence, fêter l’anniversaire de son meilleur ami. Faire du social, ce n’était vraiment pas son truc. Gêne, bafouillages et rougissements étaient son lot quotidien quand il s’agissait de communication interpersonnelle. Heureusement, son fond de teint était son meilleur allié et masquait efficacement toutes les traces physiques de son malaise.

Il suffisait de se faire violence, parfois, pensa la jeune femme en déroulant le fil de la soirée d’anniversaire. Jamais elle ne se serait crue capable de prendre sur elle et d’aller vers de vielles connaissances ou de discuter avec des gens qu’elle ne connaissait ni d’Ève ni d’Adam - dont ce garçon qu’elle reverrait sûrement - sans a priori, et surtout sans finir dans un coin à vider sa coupe de champagne pour garder une contenance. K.O. la timidité, se réjouit-elle, les séances de psychothérapie portaient vraisemblablement leurs fruits, à sa plus grande surprise. La thérapeute allait être fière d’elle quand elle lui raconterait cette soirée lors de leur prochaine séance, c’était certain ! Même l’idée de revoir le beau brun ne lui faisait pas peur, constata-t-elle en adressant un sourire tendre au trottoir sur lequel elle marchait, ses sandales trop hautes à la main.

Nicolas, il s’appelait. Où avait-elle fourré la serviette en papier sur laquelle il avait griffonné son numéro, se demanda-t-elle soudain, fouillant dans les tréfonds de sa mémoire obscurcie. Pourtant, elle n’avait pas tant bu, trois verres - à peine, elle n’avait même pas fini le dernier -, mais elle se sentait un peu hagarde, hors du temps, à déambuler ainsi dans la ville de nuit, un sourire idiot aux lèvres à l’idée de revoir un garçon barbu au regard brillant. Quelle incurable romantique elle faisait, se morigéna-t-elle en souriant de plus belle. Rêvasser ainsi lui faisait du bien, cependant, elle s’était rarement sentie aussi sereine depuis… aussi loin qu’elle se souvenait, en fait.

S’intéressant enfin à son environnement, elle constata qu’elle avait raté le croisement où elle aurait dû bifurquer pour rejoindre son appartement. Tant pis, elle prendrait la rue suivante, ça lui rallongerait un peu le chemin, mais elle s’en fichait : pieds nus sur le bitume, elle avait l’impression qu’elle aurait pu passer la nuit à se promener ainsi, perdue dans ses songes.

Une goutte lui tomba sur le bout du nez, annonçant une averse rafraîchissante dans la chaleur d’août. Vraiment, se désola-t-elle en s’entendant penser, elle était si déphasée pour se réjouir d’une averse en plein été ? Wittisheim et les autres villages alentours avaient été bien assez arrosés tout au long du printemps, il n’y avait nul besoin d’en rajouter. Xérès et décibels avaient dû atteindre son cerveau plus durement qu’elle ne l’imaginait, ou était-ce Nicolas ? Y avait-il un risque qu’elle soit complètement mordue de ce garçon qui semblait en plus s’intéresser à elle ? Zapper la rencontre et continuer sa vie un peu trop solitaire lui paraissait inimaginable à présent…

Avisant le portillon de son immeuble, elle sortit ses clés et pénétra dans la résidence silencieuse à pas feutrés, s’efforçant de ne pas troubler le calme ambiant. Bâillant soudain, comme si la fatigue l’avait attendue entre les murs de son appartement, elle se démaquilla rapidement et se glissa entre les draps frais, une seule question tournant en boucle dans sa tête : Nicolas serait-il libre demain pour le dîner ?
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