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Notes d'auteur :
bonjour bonjour! me voilà de retour! merci pour tous vos commentaires, ils m'ont fait très plaisir.

le début est sur gadgetauchapeau.skyrock.com, évidement.

sinon, je voulais vous dire que je ne reviendrai pas avant trois semaines, colo oblige. il se peut que j'aie accès à internet pendant que je jouerai à la mono, mais ce n'est pas sûr. le prochain chapitre viendra donc - au pire - dans trois semaines.

voili voilou, c'est tout!

biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiz!
Si vous me permettez une petite parenthèse…voyons ce qui se passe dans la tête de mon cousin…


J’adore le whisky. Non, je ne devrais pas dire j’adore : j’aime bien. J’aime bien le whisky, comme j’aime bien le chocolat, ma sœur, ou Sarah.

Sarah. Non, je ne veux pas y penser, ça me donnerait la migraine. Si je reprenais plutôt un petit verre…quoique c’est une mauvaise idée. Mon patron m’a dit qu’il passerait, et je ne veux pas être ivre lorsqu’il arrivera. Je l’ai rarement été, et à chaque fois les conséquences en ont été funestes.

Je vais penser plutôt à Erwan. Cet imbécile d’Erwan. Monsieur parfait. Franchement, il aurait dû rester dans son coin, j’aurais eu beaucoup moins d’ennuis, et…non, c’était une mauvaise idée aussi. Cette période est trop douloureuse pour que je puisse me permettre de m’en souvenir.

Pff…ne pas penser à Sarah, ne pas penser à Erwan, ça en revient pratiquement à la même chose. Quelle besoin avait-elle de venir fourrer son nez dans mes affaires, hein ? Et ce n’est pas parce qu’elle a la maturité d’une humaine de trente ans qu’elle doit se comporter comme telle. Elle est mineure, ici. Quinze ans. Tout à apprendre.

Quel gâchis qu’elle s’acoquine avec la fille Amir… Dire que je la prenais pour une fille bien. Maman m’avait toujours chanté les louanges de son frère, alors j’ai bêtement pensé que, parce qu’elle lui ressemble, Sarah serait comme lui.

Mais manifestement, je me suis trompé. Elle est cent fois pire.

Et zut…j’avais dit que je ne penserai pas à elle. Elle ne va pas devenir le centre du monde, tout de même. C’est déjà bien beau que Grand-père ait accepté de la reconnaître. Elle est si…bizarre, qu’à sa place, j’aurais refusé de la rencontrer.

Mais bon, je ne suis pas lui…heureusement, d’ailleurs. J’aime avoir du temps libre.

Bon, fermeture de la page Sarah. J’espère que son séjour dans son école de médecine lui aura mis du plomb dans la cervelle.

J’ai dit fermeture de la page Sarah ! Bon, ça suffit, j’en ai marre d’elle. Pensons à autre chose. Le roi. C’est cela, Marvolo, pense au roi.

Ce crétin de roi. A quoi sert-il, franchement ? Il ne sait rien faire ! Depuis des générations, les souverains vivent sans formation, dans leur palais, signent des papiers qu’ils ne lisent pas, et abandonnent toute fonction entre les mains du directeur du Conseil.

Pff…à la place de Grand-père, j’aurais déjà fait un coup d’Etat. C’est si facile…

Vous savez comment fonctionne le système politique en Hendiadyn : les villes sont gérées par des Conseils bâtis selon le modèle du Conseil Général. Au dessus d’eux se trouve le Conseil de province, et encore après le Conseil Général. Grand-père connaît personnellement chacun des membres de ces conseils, même celui de la plus petite ville. Tous l’adulent, il est si dévoué à l’intérêt du pays.

Ça se voit qu’ils ne connaissent pas l’envers du décor. De mes vingt ans d’existence, Grand-père ne s’est même pas intéressé au sixième.

Pff…M’ennuie…

Quinze heures…le chef est en retard.

Ah non. Je retire, désolé. Il est parfaitement à l’heure. Magnifique sens du timing. Il entre – sans frapper – pile au moment où l’aiguille touche le chiffre douze.

On ne lui a jamais appris les bonnes manières ?

Quoi ? Je sais, ça fait bizarre pour un garçon de donner autant d’importance à ces choses, mais Papa était le chef du protocole du Palais Royal. Il m’a inculqué une bonne partie de son savoir-faire, espérant sans doute que je prendrais sa suite.

Heureusement qu’il est mort avant d’avoir pu voir ce que je suis devenu. Il aurait été très déçu. Brigadier… Cependant, la franchise m’oblige à avouer que mon avenir n’a pas été la première chose à me venir à l’esprit lorsqu’on nous a annoncé la nouvelle. A ce moment là – j’avais treize ans et Ariane neuf – mon idée a d’abord été de tuer le monstre qui m’avait retiré mon père.

Malheureusement – quoique ça me paraisse maintenant plutôt bénéfique – le meurtrier s’est donné la mort alors qu’un duelliste s’apprêtait à lui mettre le grappin dessus. Personne ne saura jamais pourquoi il a fait ça.

Pauvre Sarah…je sais ce qu’elle vit, ce n’est vraiment pas facile. J’ai mis du temps à me remettre. Elle qui doit en plus changer d’univers…


- Destoc ! Vous m’écoutez lorsque je parle, j’espère ?


Hein ? Quoi, il me parlait ? Zut. Voilà pourquoi j’évite de trop souvent penser à Papa. Tous mes souvenirs en profitent pour remonter, et j’en ai pour des heures.

Bon, en attendant, je ne crois pas avoir fait preuve d’une vivacité à toute épreuve. Désolé patron.

Hé, mais pourquoi il porte le même bouc que moi ? Autant sur moi ça fait classe, autant sur lui…on dirait la barbichette d’une chèvre. Non, mauvaise image. En ce moment, ne me demandez pas pourquoi, je pense à un pruneau enrobé de lard. Miam.


- J’en étais sûr, reprend mon chef. Vous n’êtes pas très sérieux, Destoc. J’espère que ça vous viendra avec l’âge. Je disais que le Conseil a approuvé votre avancement.


Le Conseil ? De quoi il se mêle ? Il n’a que ça à faire ? Je croyais qu’il ne regardait les affaires des brigadiers qu’en cas de force majeure. Je ne crois pas avoir fait brûler d’entrepôt récemment…

Minute, avancement ?


- Le Conseil a jugé que votre animosité avec Monsieur Amir, de l’escouade numéro trois, pouvait grandement compromettre l’ordre au sein de la ville. La paix ne peut régner que si ses gardiens sont unis.


Ça sent le Grand-père tout craché ! Il n’y a que lui pour avoir des idées pareilles afin de faire passer ses idées personnelles. Peuh ! Il craint encore que je ne salisse mon clan par mes relations orageuses avec Erwan.


- Par conséquent, Monsieur Amir a été changé de brigade par le même décret. Il n’agira plus sur le même territoire que le vôtre. De surcroît…afin que vous compreniez que votre fonction n’est pas un simple passe-temps…vous avez été promu.


Ça, ce n’est plus du tout du Grand-père… Je ne le connais pas bien, mais j’ai l’impression qu’il préférerait mourir plutôt que de m’accorder un avancement. Heureusement qu’il demeure la loi de la majorité.


- La ville d’Oles, à l’ouest du pays, a dû organiser l’élection de son Conseil plus tôt que prévu…Vous n’ignorez pas, Destoc, que je suis originaire de cette région et y attache une grande importance. Les élections se sont déroulées le week-end dernier, et ma liste a obtenu la majorité des suffrages. Je dois siéger au Conseil local, et vous savez aussi bien que moi que cette fonction n’est pas compatible avec l’exercice d’une activité professionnelle. J’ai démissionné. Selon l’usage, mon supérieur m’a demandé de remettre une liste comprenant les noms de mes éventuels successeurs.


Ouch, s’il me raconte tout cela, c’est qu’il n’est pas fier du résultat. Je mettrais ma main à couper qu’il est contrarié. Pourquoi ai-je la vague impression que je ne figurais pas sur cette liste ?


- Je ne puis vous cacher que vous n’y étiez pas. Vous êtes à mes yeux trop jeune pour prendre pareilles fonctions. Mais Sir Elis en a décidé autrement. Afin de vous rendre davantage responsable, selon ses propres arguments, il a décidé de vous confier la deuxième escouade de la brigade d’Asyndète. Dorénavant, le chef, c’est vous.


Misère…Il aurait pu s’en passer. Je vais mettre des lustres à expliquer que je n’ai pas joué du piston. Et encore, je doute que quiconque ne me croie. Vive la crédibilité. D’un autre côté, c’est vrai que chef d’escouade à Asyndète, à l’âge de vingt ans, ce n’est pas fréquent.

Hum…Bizarre. Alors c’est Grand-père qui a voulu ? Il faut que je tire ça au clair.


Bavardages, politesses à n’en plus finir. Ennuyant au possible. Si je sais faire des courbettes, c’est loin d’être mon activité préférée.

Mais voyons le bon côté des choses : le chef me donne d’excellents tuyaux.

Blablabla, blablabla, blablabla… Pff, il est encore pire qu’Ariane. Pourtant, elle est la reine des pipelettes, quand elle s’y met. Quoiqu’elle n’ouvrait pas tellement le bec, après qu’on soit revenus du monde humain. Traumatisée, peut-être ?

Ouf ! Enfin parti. Ce n’est pas tout, moi, mais il faut que j’aille voir Grand-père. Tant pis si je le dérange. Ma question est plus importante que ses dossiers, quoiqu’il puisse penser.

J’ouvre grand la fenêtre et m’envole. J’adore voler. Ce serait même mon sport préféré, s’il n’y avait pas ces fichues limites de vitesse. Mais bon, je ne peux pas me permettre de les dépasser. Ce serait beau si un sous-chef de brigade tout neuf se faisait arrêter par un confrère pour un simple dépassement de vitesse.

La ville est impressionnante, vue d’en haut. Elle s’étend à perte de vue, ses limites disparaissent dans la brume. On distingue parfaitement les quartiers. Là la place du Trône, où sont concentrés les quatre palais. Là le quartier des affaires avec ses hôtels et ses maisons de riches, comme celle de Maman…grâce à l’héritage de Grand-mère. Ici les rues commerçantes. Ici encore une zone moins favorisée, plus large, où vit la majorité des personnes travaillant dans la ville, moi compris.

Je m’élève au dessus du niveau habituel de vol, jusqu’à atteindre les nuages. Le vent fouette mon visage et m’ébouriffe les cheveux. Voler sans entrave…voilà la liberté. Ici, au moins, personne ne juge mes actions, personne ne me compare à grand-père ou à qui que ce soit.

Attention…descente. Tiens, un oiseau. On fait la course ?

Désolé, c’était puéril. En plus, j’approche du Palais du Conseil. Une petite pirouette pour atterrir sur mes pieds, et je freine. Pas question de louper mon atterrissage. Les journalistes avides de ragots sont légion dans ce quartier, et je n’apprécierais que peu de me retrouver en première page, entouré d’un article me conseillant de prendre des leçons de vol.

Question primordiale : je passe par la fenêtre ou par la porte ? Non, soyons poli. Prenons la porte. Après tout, Grand-père est peut-être occupé avec une huile huileuse. Je ne voudrais pas blesser qui que ce fût en cassant un carreau.

Atterrissage réussi ! Je suis trop fort. Vraiment, je m’admire. Et je ne suis même pas décoiffé. Le premier qui dit encore que mes cheveux longs risquent de me déranger se prend un maléfice dans la figure.

Pratique, tout de même, d’être le descendant de Sir Elis. Je peux ignorer superbement les duellistes qui analysent chaque visiteur. Leur fonction ne me concerne pas. Ce n’est pas parce qu’ils ont plus de magie que moi que je dois forcément me coucher devant eux.

Il n’empêche, si j’étais Grand-père, je supprimerais ce métier. Le pays est en paix, aucune force maléfique ne menace quoi que ce soit, et surtout ces « élites » comme ils se plaisent à s’appeler ont la fâcheuse tendance d’avoir les chevilles enflées. Vraiment, hein. Pas qu’un peu.

Ridicule.

Alors voyons…Bureau de Grand-père. Ah, son secrétaire me dit qu’il n’y a personne. Je l’aime bien, ce type. Lui au moins ne doit pas s’ennuyer. Dire que Grand-père se décharge sur lui de la paperasserie et que pourtant il est toujours occupé…Je ne crois pas que ce pauvre secrétaire ait une vie sociale.

Je peux entrer. Super. Mon cher Papy, on va voir ce que tu as à dire pour ta défense…

Grand-père est, comme à son habitude, le nez plongé dans un énorme dossier. Punaise, ce n’est pas le petit truc. En plus, il me paraît d’être d’âge canonique, tout est écrit en runes, et le papier est jauni.

Voyons ce que c’est…zut, il a fermé avant que je ne puisse déchiffrer le titre. Il faut que je révise mes runes, je n’ai jamais été une flèche là-dessus.

Je m’installe dans un élégant fauteuil, et retiens de justesse une grimace. Toujours aussi peu confortable. Grand-père prétend qu’il les a choisis ainsi afin de retenir l’attention de ses interlocuteurs, mais je ne suis pas d’accord avec lui. Je crois qu’il s’en sert comme repoussoir, afin d’éviter au maximum les visites dérangeantes…comme la mienne.

Grand-père me regarde fixement, et déjà je sais qu’il devine la raison de ma venue. Quoi, il me connaît si bien que cela ? Mais comment il fait ? La présence est pourtant loin d’être une de ses qualités premières.

Hum, par contre, je vois qu’il a un souci. Un gros, même, puisqu’il ne parvient pas à gommer ce pli qui lui barre le front.


- Bonjour, Marvolo, me dit-il sur un ton poli qui me donne l’impression d’être chez le médecin. Que puis-je faire pour toi ?


Comme s’il ne savait pas. Bon, jouons le jeu…


- Je viens de discuter avec mon supérieur. Il m’a annoncé mon avancement.

- Toutes mes félicitations.

- Merci…Mais ce que je ne comprends pas, c’est le rôle que vous avez joué dans l’affaire. Pourquoi avoir voulu me nommer à ce poste ? Je n’ai que vingt ans, vous le savez bien. Je suis trop jeune.

- Mais tu es compétent.

- Et le piston n’a rien à voir, peut-être ?

- Tu n’as pas demandé cette place.


Il a décidé d’économiser ses mots, aujourd’hui, ou quoi ? A moins qu’il ne veuille pas montrer qu’il me cache quelque chose. Pff, l’abus de secrets d’Etat nuit à la santé. A consommer avec modération.

Hum, c’est cela, Grand-père s’est trompé avec ses fauteuils. J’ai quand même réussi à partir ailleurs. Bon, je dois retomber sur mes pieds. C’est à moi de parler, si je ne m’abuse.


- Mais je l’ai eue, je reprends, et cela parce que vous l’avez voulu. Il doit bien y avoir une raison, et je voudrais savoir laquelle. Je suis concerné, après tout. J’ai le droit de savoir. Ne me dites pas que c’est à cause de mon animosité avec Erwan Amir. Si tel était le cas, il vous aurait été facile de m’envoyer dans une autre ville. Au lieu de cela…je suis promu. Pourquoi ?


Silence. Préparation de la défense ? Pour une fois qu’il est l’accusé et non le juge…


- Je ne conteste pas, finit-il par dire lentement, le fait que ton intérêt soit légitime. Il y a en effet une raison à ta nomination, mais je ne puis t’en parler maintenant. Il est encore trop tôt. Disons juste…que je prépare le terrain pour l’avenir.


Comprendre : ce ne sont pas tes oignons, version diplomatique. Et il croit que je vais le laisser s’en tirer comme ça ? Plutôt rêver.


- Quel avenir ? Vous mijotez quelque chose, et cette chose me concerne. M’en avertir serait la moindre des choses.

- Certes, mais…je ne peux pas le dire maintenant. Il est encore trop tôt. Dans trois ans, alors tu sauras. Il sera temps. Mais pas maintenant. A présent, si j’étais toi, j’irai prendre mes dispositions pour changer de bureau. Ta prise de fonction officielle se fera la semaine prochaine, auprès du Conseil de la ville, et il faut que tu sois prêt. J’ignore si je pourrais me déplacer, mais sois assuré que ta mère viendra.


J’ai compris. L’entretien est terminé…et ma curiosité n’est toujours pas satisfaite. Saleté d’affaires d’Etat. Il ne peut y avoir que cela, comme raison. L’échéance des trois ans n’est qu’un prétexte, je le sais bien.

C’est bon, Papy, pas la peine de me jeter à la porte, je vais te laisser en tête à tête avec ton dossier.

Je prends congé, peu satisfait, mais avec une nouvelle idée en tête. Grand-père s’en est mal sorti, cette fois-ci. Dans trois ans, je le lui rappellerai…
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