Summary: Et puis c'est pas bien grave, Eva, Evita, parce que moi non plus j'y croyais pas.
Nocturnal Ashes, by iNeedChemicalX
Categories: Romance,
Contemporain,
Projets/Activités HPF Characters: Aucun
Avertissement: Aucun
Langue: Français
Genre Narratif: Nouvelle
Challenges: Series: #11 - Nocturne
Chapters: 1
Completed: Oui
Word count: 917
Read: 5318
Published: 04/07/2013
Updated: 04/07/2013
Story Notes:
Participation à l'atelier d'écriture
#11 - Nocturne.
Portrait
Nocturnal Ashes, by iNeedChemicalXContraintes :
Votre texte comprendra un proverbe nocturne.
1. Chapitre 1 by verowyn
J’avais voulu me perdre, tu vois, ne pas revenir. Détester une dernière fois tes lèvres carmines, et puis tirer ma révérence. Mais il y a des cuites dont on ne dessoule jamais vraiment et je sais que l’alcool de toi court encore dans mes veines. Parfois, je regarde un peu trop les ponts, ceux des échangeurs d’autoroute, et je rêvasse à du définitif. J’ai pas ce courage-là, Eva, Evita, j’ai pas de courage du tout en fait, et tes canines ont des sourires mordants qui me raccrochent encore un peu.
Je t’ai offert des perles, des fausses, mais des perles quand même, et tu les portes comme d’autres assassinent. J’ai voulu t’emmener là où c’est beau, là où on pense à du meilleur en voyant le soleil se lever, pour des vacances ou pour de vrai, mais tu as dit non, comme à chaque fois que j’ai tenté les projets à deux. Et puis c’est pas bien grave, Eva, Evita, parce que moi non plus j’y croyais pas.
Tu m’asphyxies dans le bleu de tes fumées, et j’ai du mal à ne pas aimer ça. J’étouffe un peu et puis je respire du toi, ça me tue à petit feu et c’est trop bon pour bouger. Ça avait commencé avec tes clopes, bien sûr. Tu étais venue me réclamer un briquet à la sortie d’un bar, et tu m’avais pas cru quand je t’avais dit que je fumais pas.
A quoi tu penses, tu dis et je sais que c’est pour meubler le silence alors je hausse les épaules et je hume tes vapeurs. Tu te moquerais. Je sais bien que tu ne te rappelles plus comment on s’est rencontré. Tu as la mémoire courte, Eva, Evita, surtout quand ça t’arrange. Tu aimes te confondre avec tes sœurs dans les brumes des nuits, comme les chats qui sont tous gris. Reste que j’ai vu toutes tes débauches, Eva, Evita, et que moi je n’oublie rien.
Parfois j’ai envie de te réclamer ce que j’ai souffert, avec les intérêts. Mais j’aurais tort de croire pouvoir te faire ce que tu me fais. Si je disparais demain, tu m’oublieras comme le reste, comme on oublie la pluie. C’est juste à cause de moi que je ne peux pas partir, et ton rire m’éternise.
Je sais bien que tu es cheap mais tu te donnes des airs de reine et ca marche, sur moi comme sur les autres. C'est dans la façon dont tu inhales ton poison, dans la raideur relaxée de tes épaules, dans les ombres violettes de tes regards échappés.
J’aimerais pouvoir ne pas les haïr, les autres, parce que je sais bien que c’est toi qui joues d’eux comme tu joues de moi. Mais c’est un peu plus fort que moi, Eva, Evita, et j’ai envie d’enfoncer mes poings dans tous ceux qui te regardent.
Les nuits sont les pires. C’est là que tu es la plus fatale, là que tu détruis mes demains d’une simple paupière clignée. Tu ris sans joie, tu bois sans soif, et tu baises sans amour. Et moi j’ai soif de plus ; à toi je voudrais me désaltérer mais tu ne donnes que ce qui t’encombre et certainement pas de l’espoir.
Et puis je vois la fragilité de tes poignets, la finesse de la peau et l’os si frêle qu’on devine sans mal, alors je me rappelle à quel point on est périssable et je m’accroche. Juste un peu de matière, des atomes au hasard dans le grand éclatement du tout, je ne sais pas pourquoi ça m’affole tant de les imaginer disparaître.
D’un châle rajusté tu enfantes des incendies et ce qui me restait d’âme parcheminée s’embrase comme du papier d’Arménie. Et puis il y a les jeux de mots trop faciles, ceux qui disent qu’avec un prénom pareil, j’aurais dû t’éviter, mais à quoi bon. Je suis là, maintenant, tout englué de toi, et il n’y a rien à y faire.
Tu fermes les yeux quand tu fumes, et plus rien n’existe. Et moi je crève à côté, et tu t’en fous. En fait, tu ne le vois même pas. Tu es d’ailleurs, Eva, Evita, et moi je suis d’ici. Tristement d’ici, à me rouler dans ma bauge, à m’enduire de ma honte comme si on pouvait s’en délecter.
Tu lèves la tête, on va ailleurs, tu dis, alors je ramasse mes frusques et je te suis. On changera de bar encore deux ou trois fois cette nuit, et si tu ne trouves personne d’autre, tu rentreras avec moi. Tu es devenue bêtement prévisible, Eva, Evita, mais tu es comme ces prophéties qu’on ne peut pas changer, plus on essaie d’y échapper et plus on s’enferre dedans. J’ai ton hameçon en moi et quand je tire, tout se déchire encore un peu plus.
Alors je mets tes clopes dans ma poche, Eva, Evita, et puis je paie nos verres.
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