Summary: Cette courte nouvelle est une histoire de vie contée par une jeune femme qui n'a même plus la force de d'avoir de l'espoir... Comme quoi c'est quand on attend le moins celui-ci, qu'il frappe à la porte.
Categories: Horreur Characters: Aucun
Avertissement: Aucun
Langue: Français
Genre Narratif: Aucun
Challenges: Series: Aucun
Chapters: 1
Completed: Oui
Word count: 1109
Read: 3720
Published: 09/01/2010
Updated: 10/01/2010
Story Notes:
Cette nouvelle à été écrite dans un cadre scolaire et donc avec pas mal de contraintes.
Cher lecteur, sois donc indulgent... Mais pas trop! Les critiques sont comme l'eau qui sert à irriguer les champs : indispensables.
Bonne lecture!
1. La boîte de Pandore. by bluelafineplume
La boîte de Pandore. by bluelafineplume
Je marchais dans une forêt ancestrale la tête remplie d’espoir et d’optimisme. Je venais d’obtenir mon diplôme universitaire en art du spectacle et pouvais enfin entrer dans la vraie vie : demain j’irais à une audition grâce à un piston de mon oncle et je connaissais parfaitement le texte. Le sourire aux lèvres, je chantonnais gaiement tout en me promenant :
Bateau sur l’eau
La rivière, la rivière
Bateau sur l’eau
La rivière, il tombe dans l’eau
C’était vraiment une belle journée d’été, la lumière passait difficilement à travers le couvert des feuilles, mais c’était flagrant : tout respirait le soleil…
Mais alors que je venais de prendre une goulée d’air pur, tout bascula : le calme ambiant fit place à des aboiements et à des cris. Je vis d’abord le molosse, l’écume aux lèvres, puis un homme lui criant après sans succès.
La ritournelle enfantine s’étouffa dans ma gorge.
Selon les médecins, j’ai eu de la chance de m’en être tirée.
De la chance… Je n’ai jamais considéré ce que j’ai vécu comme de la chance. Je regarde un an plus tard mon visage dans le miroir ouvragé qui trône sur ma commode : mes cheveux jadis d’un roux flamboyant sont ternes, mon regard vide, un col-roulé couvre la cicatrice qui barre mon cou, cicatrice qui n’est plus une plaie depuis longtemps.
J’ai eu droit aux meilleurs spécialistes, ma famille s’est battue pour moi, mes amis aussi. Ils ont tous été à mes cotés : adorables. Mais je les ai découragés, un à un. Personne n’arrive à me comprendre, personne. Tout ce que j’avais construit a été englouti par un monstre dévoreur de cordes vocales. Et je le vis très mal. Je ne suis pas un phénix, je ne renaitrais pas de mes cendres.
Il y a quelques chances que je retrouve ma voix, mais elles sont très minces… Je ne veux pas me bercer d’illusions : j’ai baissé les bras dans tous les sens du terme… Je reste étendue dans mon lit avec un roman de gare sous mes yeux, ne sortant de mon nid que pour les choses essentielles… Je ne crée plus non plus, ma guitare et mon cahier à dessin prennent la poussière depuis plusieurs mois.
M’habillant sans conviction pour une sortie qui ne semble aussi compliquée que l’ascension du mont Everest, je me demande bien pourquoi j’ai accepté la dernière tentative de ma sœur : elle me demande de la rejoindre devant le théâtre de la ville.
Ça doit être une mauvaise blague…
J’arrive devant le bâtiment à dix-neuf heure trente comme convenu, mais elle m’envoie un sms en catastrophe, sa fille de deux ans a attrapé un virus quelconque et elle file chez le médecin. Elle m’avoue également qu’elle a réservé deux places pour le spectacle qui se joue ce soir, si je veux, je peux toujours y aller sans elle.
Le téléphone éteint, je reste plantée sur les marches du théâtre. J’ai envie d’y entrer, ce qui est étrange car cela fait longtemps que je n’ai pas désiré quelque chose… Je laisse tomber les quelques réticences qu’il me reste et me laisse conduire par mon instinct : je m’installe dans les vieux gradins sans penser à rien. Ma tête est vide alors que le premier comédien entre sur scène.
Le personnage principal me semble trop parfait. Le comédien qui l’incarne est très grand et ses cheveux noirs gominés, ainsi que son allure altière renforcent cette sensation. Peut-être est-ce dû au fait qu’il est trop guindé : alors qu’il sort une bague de son écrin afin de demander une jeune fille en mariage, on aurait dit la présentatrice d’une réunion Tupperware montrant son nouveau produit à des acheteurs potentiels.
Mais la bague n’est pas sur le petit coussin en soie. Le teint de l’acteur devient livide puis un instant plus tard, la petite boîte tombe dans un cri d’épouvante. La femme qui lui fait face sursaute puis éclate de rire. L’homme désormais perché en haut d’une des tours servant de décor, crie :
-Marie ! Chasse-la tout de suite, où je te jure que je ne termine pas cette pièce !
Elle le regarde avec une moue sardonique alors que les chuchotements grandissent dans le publique : cette scène n’est visiblement pas prévue.
-Descends de ta tour et chasse cette araignée tout seul, espèce de trouillard condescendant !
La dénommée Marie s’en donne à cœur joie alors que l’intrigue se défait sous mes yeux. Le comédien, victime d’une mauvaise blague, a trouvé une araignée dans l’écrin. Arachnophobe, cela ne le fait pas rire du tout... D’autant plus que la pièce ne ressemble plus à rien et que cet être perfectionniste qui siège sur son château en carton ne doit pas le voir d’un bon œil.
Les comédiens sont en train de régler leurs comptes, lui, criant au scandale, et elle, déversant toute la bile qu’elle garde depuis plusieurs répétitions envers le « trouillard condescendant».
Certains spectateurs partent de la salle, levant les yeux au ciel devant le désastre, d’autres rient à gorge déployée, certains marmonnent qu’ils vont demander à êtres remboursés, et pour ma part, je regarde la scène sans bien me rendre compte de ce qu’il se passe.
C’est ridicule ! Qu’elle est cette troupe que ma sœur a dégottée ? Une phrase de dépit monte dans ma gorge comme un marin qui rentre enfin au port après un long voyage : fatigué, mais victorieux.
-J’aurais fait bien mieux que ça ! M’exclamais-je, un rictus amer aux lèvres.
Il se transforme en un sourire franc alors que je réalise ce que je viens de faire… Une larme tombe sur ma joue et je me joins aux rires qui parcourent la salle, le mien se fond parfaitement parmi les autres, mais il représente bien plus.
J’ai ouvert la boîte de Pandore.
J’ai parlé.
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