Il était un jardin,
En été, empli de tomates.
Mais ces fruits très disparates
Ne cessaient de crier pour rien.
Eh ! Les jaunes !
C'est quoi ce manque de respect !
On ne vous fera pas l'aumône
De notre portion du jardinet !
Calmez-vous
Un instant mes amies
Ce n'est pas nous
Qui décidons de l'endroit on l'on atterrit
Lorsque l'une des nôtres
Vieillit, pourrit
Elle tombe chez vous autres
Ou bien dans notre partie
Pourquoi tant de colère
Toutes d'une même espèce
Nous devrions partager la Terre
Partager notre richesse !
Non, ça ne marche certainement
Pas comme ça !
Étranges étrangères, sûrement
Terribles, en tout cas
Pas pareilles
Vous ne le méritez pas
Rentrer ici, ça se paye !
Mais pourquoi s'énerver ?
Regardez, chère voisine
De notre côté
Cœur de bœuf et andines
Tomates noires ou vertes
Minuscules ou gigantesques
Partagent tous, frontières ouvertes !
Et ce n'est pas si grotesque !
Oui, mais regardez-vous
Ce que vous me décrivez
Est un royaume étrange, je dirais même chelou
Toutes vous vous mélangez
Entre espèces bizarres, biscornues
De toute façon, faites ce qu'il vous plaît !
Ici, tout est bien tenu
Chair ferme, belle rondeur, rouge parfait
Pas de métissage !
Et ce n'est pas un hasard
Si c'est notre image
Qu'avec art
Le mot tomate évoque aujourd'hui !
Nous sommes belles ensemble
Alors et tous nos ennemis
À notre évocation tremblent
Souveraines dans les esprits, dans les assiettes
Se mélanger serait une erreur,
Une faute bête !
Alors, si vous êtes des leurs
Restez dans votre pays !
On ne veut pas de vos cadavres
De vos déchets ici !
Si votre système me navre
Ce n'est pas mon problème
Restez où vous êtes
Et ne cherchez pas à ce que l'on vous aime
Vous n'êtes que des simplettes.
"L'étrangère" ou la tomate
Qui avait osé répondre
À celle du pied si peu disparate
Se demanda s'il fallait la confondre
Dans sa bêtise
Mais se tournant vers son clan
Énormes ou minuscules cerises
Elle rejeta cet élan
On ne pourra pas la faire changer d'avis
Mais ces xénophobes là
Supposément unies
Bientôt ne laissera pas,
Ou plus, grand chose
À trop vouloir s'enfermer
Elles finronr par être la cause
De leur propre chute
Alors réjouissons-nous
D'être différentes dans notre lutte.
Étrangères unies resteront debout.