La nuit, de sa fenêtre by Antasy
Summary:

Celine Ylmz

C'est une histoire de vampire, comme il en existe tant.

Quand son coeur s’arrêta de battre, elle ne ressentit que de la peur ; la douleur vint bien après. De son vivant, elle n’avait jamais connu telle sensation - à vous glacer le sang, pourvu qu’il ne gît pas autour de vous.

Categories: Fantasy, Fantastique Characters: Aucun
Avertissement: Gore
Langue: Français
Genre Narratif: Roman
Challenges:
Series: Aucun
Chapters: 3 Completed: Non Word count: 2924 Read: 1277 Published: 10/06/2024 Updated: 19/06/2024
Story Notes:
Cette histoire a pour but de me remettre à l'écriture et de renouer avec la publication en ligne ; aussi, comporte-t-elle fautes d'inattention, incohérences et plaisirs coupable.
Je la dédie à Lucien et à Timmy, et à toutes mes nuits passées à imaginer les premières scènes.

1. Chapitre 1 by Antasy

2. Chapitre 2 by Antasy

3. Chapitre 3 by Antasy

Chapitre 1 by Antasy
Author's Notes:
Bonjour à vous et bienvenue dans ce premier chapitre. Vous découvrirez que les chapitres sont courts ; c'est fait exprès. Mon attention est limitée ces derniers temps. Possiblement ils seront inégaux. C'est moins fait exprès. En tous cas, du moment que ça plait...
La chaussure d’Alceste d’Almort splasha dans la flaque de sang qui s’écoulait du corps d’une jeune femme. Ses cheveux courts blonds étaient collés à son front blanc. Ses yeux étaient fermés pour l’éternité - ou en avaient du moins l’air. Une plaie béante lacérait son cou, une plaie qu’Alceste reconnaissait entre mille. Il grinça les dents, dépité par l’idée qu’il n’avait pu éviter le pire pour l’inconnue ; l’alerte lui avait été donnée trop tard et seul restait l’odeur du sang dans ses narines qui titillait ses canines. L’éclat du croissant de lune donnait un air mystique à une scène résolument macabre.
Alceste ne resta pas longtemps sur la scène. Malgré l’heure tardive de la nuit, le risque était trop grand pour se faire repérer dans pareille situation. La brigade des Gardiens de la Nuit avait été prévenue mais plus il s’en tenait éloigné, mieux il se portait. Il prit avec toute la délicatesse le corps de l’inconnue. En l’espace d’un battement de cil, il n’y avait plus personne sur les lieux. Que la tache de sang.

Il déposa la jeune femme dans une des chambres de l’hôtel particulier d’Almort et une infirmière, humaine, prit le relais pour lui procurer les premiers soins. Il n’avait pas besoin d’elle pour savoir ce qu’il savait déjà mais elle le constata tout de même :
— Elle est en train de se transformer.
L’entendre à haute voix donnait une autre dimension à ce qu’il craignait. Comment avait-il pu laisser passer cela ? Qui avait eu le cran de laisser une nouvelle-née en plein Paris, livrée à elle-même ? Le problème de cette dernière question était qu’il connaissait déjà la réponse et il détestait cette idée.
— Tenez-moi au courant de l’évolution de la transformation.

Il quitta la pièce, incapable de rester plus longtemps à côté de ce sang séché et l’odeur divine qu’elle dégageait. Il rejoint son bureau, où l’attendait déjà son bras droit et meilleur ami, Auxence. Il semblait troublé, ravagé par la fatigue de cette nouvelle situation : c’était lui qui lui avait donné l’alerte, le laissant gérer seul, néanmoins, parce qu’Auxence quittait rarement le manoir. Beaucoup plus sécuritaire pour les vampires comme lui, qui avait un peu de mal à gérer la présence d’humains. Il buvait par ailleurs un verre rempli du fameux liquide rouge ; une simple inspiration et Alceste comprit qu’il buvait du O+, mélangé à un peu de Whisky pur malt. Un cocktail bien efficace.
— Alors ? demanda Auxence sans attendre qu’Alceste ne s’installe.
— Nouveau vampire, l’attaque provient bien d’Enoch.
Il ne put empêcher la note de haine qui teinta le prénom du coupable. Une haine viscérale, qui ne le quittait jamais quand il s’agissait de ce vampire au dessus des lois - car les lois vampiriques existaient, comme celle qui interdisait depuis une vingtaine d’années de transformer des humains en vampire, sans leur consentement. Et la jeune femme, laissée pour morte, n’avait certainement pas donné son accord pour une telle vie - une telle mort.
— Merde, répondit Auxence, fort à propos.
Alceste se servit le même mélange que son ami et trinqua avec lui, comme on trinque aux mauvaises nouvelles.
— Elle a des chances de survivre à la transformation, au moins ?
— J’en ai aucune idée, j’ai laissé Marie s’en charger. Elle est visiblement jeune, donc elle a ses chances.
— Aucun signalement de trouvé ?
— Pas encore. Les Gardiens sont sur le coup, ils ne devraient pas tarder à m’appeler.
— Oh la bonne nuit à attendre l’appel des Gardiens, ironisa Auxence.
— M’en parle pas, je suis déjà au bout du rouleau.
— Mais tu roules encore.
A cette phrase, il leva son verre.

Le silence s’installa chez les deux amis, sans que ce ne soit gênant. L’avantage des amitiés qui duraient depuis des siècles, c’était bien que les silences cessent d’être gênants. Ils burent tranquillement leurs verres, canines dehors jusqu’à la sonnerie du portable d’Alceste.
— Capitaine Meyer, bonsoir, dit-il, en décrochant, des nouvelles ?
— Une signalisation qui pourrait correspondre. Une certaine Roxane Moreau, blonde, cheveux coupés au carré, elle aurait quitté une soirée sans prévenir ses amies. Elle aurait un tatouage au creux du poignet.
— Un point-virgule, oui, confirma Alceste, le ventre serré.
— Alors, c’est elle. Nous sommes aussi sur la trace d’Enoch, malheureusement…
— Vous n’avez aucune chance face à Enoch. Je m’en chargerai et vous donnerai mes avancées.
— Concernant la petite…
— Je m’en charge aussi. Elle est en pleine transformation, je ne peux vous assurer l’heure actuelle qu’elle y survivra.
— Si elle y survit…
— Je connais la procédure, Capitaine Meyer et me porte garant de son éducation.
— Bien, c’est ce que je voulais entendre. On se tient au courant.
— Avec plaisir, dit-il sans une once de plaisir.
Ils raccrochèrent sans plus de cérémonie et Alceste poussa un de ces soupirs qui déchiraient l’âme et ses convictions.
— On avait tenu trente ans sans nouveau vampire, hasarda Auxence pour distraire Alceste.
Cela ne le distraya pas. Il soupira, se remémorant le dernier nouveau vampire qui avait foulé l’Hotel Almort. Ils avaient mis dix ans à calmer les ardeurs de la nouvelle recrue - et vingt ans pour oublier cette douloureuse expérience.
— Espérons que Roxane Moreau s’en tire mieux.
End Notes:
Je ne suis pas contre des retours !
Chapitre 2 by Antasy
Author's Notes:
Et on enchaîne avec le deuxième chapitre ! Où on se moque gentiment des concepts qui se prennent des majuscules dans les dents.
Quand son coeur s’arrêta de battre, elle ne ressentit que de la peur ; la douleur vint bien après. De son vivant, elle n’avait jamais connu telle sensation - à vous glacer le sang, pourvu qu’il ne gît pas autour de vous.
La Peur méritait sa majuscule et l’envahit dès les premiers instants où son corps, affolé, se battait entre la vie et la mort. Si elle avait été lucide, elle aurait cru bizarre que sa mort ne soit pas actée par la cessation des battements de son coeur. Mais, elle était tout, sauf lucide. La Douleur, latente, la tua à petits feux - si tant est si bien qu’elle n’était pas déjà morte. Elle brûla ses veines, foudroya ses plaies, acidifia son cerveau ; elle broya tout sur son passage et aucun son ne sortit de la bouche de la belle endormie.

L’infirmière passait son temps à éponger un front en sueur, alors que Roxane était froide comme la mort. Elle bougeait pas, contrairement aux autres qui avaient parfois besoin d’être sanglé, pour ne pas tomber. Immobile, la petite semblait lutter toute de même de toutes ses maigres forces contre le venin vampirique.
— Elle survit, dit Maria à Alceste, sans attendre que celui-ci ne pose la question, je ne sais comment elle fait, mais elle servit.
— Vous êtes sûre ?
Maria faillit douter ; ça arrivait souvent quand un vampire pluri-centenaire lui posait une question avec tout le charisme du monde et une voix nonchalamment charmeuse. Elle dut s’accrocher à ses quarante ans d’expérience à l’Hotel Almort pour répondre :
— Oui.
Le soulagement d’Alceste fut palpable ; la crainte prit néanmoins le dessus. L’idée d’avoir un nouveau vampire à gérer ne convenait pas non plus à Maria. Elle avait failli perdre la vie à cause du dernier. Ce genre de mésaventure marque un tournent, même si on a passé sa vie au contact des créatures surnaturelles.
— Elle devrait s’éveiller d’ici quelques heures. Voulez-vous que je reste à ses côtés ?
Marie n’en avait aucune envie, mais un ordre d’Alceste aurait suffi à lui faire changer d’avis. Etre une humaine remplie de sang à côté d’un vampire n’était pas une position confortable de base. Alors, d’un nouveau vampire tiraillé par la Soif - là aussi, on y mettait la majuscule…
— Non, je vais prendre le relais, vous pouvez disposer.
Elle ne se fit pas prier pour quitter la pièce.

Roxane, restée avec Alceste, souffrait toujours.
La Douleur avait pris des teintes familières, elle accueillit chaque vague, chaque torrent déterminée, presque avec délectation. Quant à la Peur, elle ne cessait de broyer son ventre et sa gorge : il s’agissait d’un combat perdu d’avance, auquel elle ne résista pas. Cela expliquait sans doute son immobilisme. La tétanie paralysait son corps qui, doucement, se rafistolait. Les blessures disparurent, la peau devint blanche comme du marbre, et un délicat souffle de beauté recouvrit ses pores et ses traits tirés par la fatigue. La transformation s’acheva par l’ultime souffrance dans sa mâchoire, créant des canines qui seront bientôt prêtes à déchiqueter le moindre cou.

Elle manqua de pousser un cri quand la Douleur cessa brusquement ; la Peur, elle, comptait bien rester plus longtemps. Ses yeux s’ouvrirent vers un nouveau monde.

La lumière irrita instantanément ses pupilles qui se rétractèrent jusqu’à n’être que des fentes, elle ferma sagement les yeux. Elle ne songea même pas à bouger, crispée par ce qu’elle venait d’endurer. La crispation s’accentua quand elle se rendit compte du bruit. Le bruit manqua de prendre lui aussi sa majuscule tant il était omniprésent. Un brouhaha de paroles sans sens, de sons diffus, puis bruts, de tonalités différentes comme si elle était branchée à toutes les radios du monde. Au milieu de tout ça, elle entendit à peine la voix claire :
— Vous êtes en sécurité.

C’était comme un ordre, une consigne : si la Peur n’était pas de son avis, son corps commença légèrement à se détendre. Comme une dichotomie contre laquelle on ne pouvait rien. Les sons ne cessèrent pas quand elle essayer de rouvrir les yeux. Elle se prépara à la lumière, la lumière alla. Mais elle ne s’était pas attendu à voir le plus bel homme qu’elle n’ait jamais vu de sa vie. Il rayonnait au-delà des lueurs blanches du néon. Ses cheveux courts, noirs, contrastaient avec ses yeux d’un bleu les plus purs ; elle ne se doutait pas encore de la nature de monstre qui sommeillait dans celui qu’elle prit pour un ange.
— Je suis morte.
Ce n’était pas une question. Pourtant, l’embellie lui répondit :
— Pas exactement. Vous allez bien ?
— Non.
La Peur prenait tellement de place, tellement, tellement, qu’elle ne comprit qu’elle allait mal seulement en le disant. Apparut alors la Soif. Le feu brûla sa gorge et elle se sentit désemparée face à cette nouvelle sensation. En une fraction de seconde, l’embellie était là, et lui tint la main, comme pour la soutenir de quelque chose qu’il connaissait par coeur.
— Tout va bien, lui susurra-t-il.

A cet instant-là, elle le crut de tout son coeur - arrêté à jamais.
Chapitre 3 by Antasy
Il n’en croyait pas un mot. Roxane était terrorisée tant et si bien qu’il ne savait pas s’il avait déjà vu ce sentiment chez quelqu’un d’autre. Elle semblait le porter comme d’autres portent une épée de Damoclès sur la tête ou l’auréole d’un Saint. Pire encore, elle venait de se rendre compte de la Soif. Elle fixait son cou avec une telle intensité qu’il fut désemparé ; il était rare pour Alceste d’Almort d’être désemparé, pourtant elle venait de le cueillir. Là, comme on cueille la rosée du matin.

Elle s’approcha doucement de lui, ses yeux bleus écarquillés par la Soif et la Peur - il sentit cette majuscule si particulière. Elle le renifla et revint à sa place, se cachant le visage des mains. Elle souffrait, ne sachant comment faire pour éviter à cette sensation de l’envahir.
— Il vous faut du sang.
Techniquement, il lui faudrait une veine humaine bien juteuse, qu’elle déchirerait de ses canines ; mais les lois vampiriques s’étaient renforcées au fil des siècles, rendant la source humaine compliquée à obtenir. Il lui servit alors une poche d’O-, un groupe sanguin qui plaisait à tout le monde. De toute façon, il savait qu’un nouveau vampire se foutait bien des goûts différents du breuvage rouge. Il s’attendait à ce qu’elle saute sur le gobelet mais elle le regarda seulement, canines ressortant de ses lèvres fines. Elle grogna, un son primitif qui l’étonna et elle jeta le verre par terre. Alceste fronça les sourcils de surprise, sa propre Soif s’éveillant en voyant le liquide écarlate napper draps et sol.
Elle aurait dû se lancer dessus, lécher tout ce qu’il y a, s’abreuver à même la source ; Alceste l’aurait fait à sa place s’il n’était pas si civilisé. Elle n’en fit rien.

Elle regarda le sang, grognant encore sans pouvoir s’en empêcher et marmonna :
— Qu’est-ce qu’il m’arrive ?
Sa voix résonnait étrangement, venue d’ailleurs, d’outretombe. Elle se boucha les oreilles par réflexe, mais sembla l’entendre quand il répondit :
— Vous êtes un vampire, il vous faut du sang si vous voulez survivre.
Il ne dit rien sur le fait qu’elle aurait dû instinctivement boire, boire jusqu’à plus soif, qu’elle aurait dû se jeter sur lui pour avoir plus que sa dose. Il ne dit rien de tout ça et encaissa le choc. Elle continuait de le regarder, lui. Pas le sang qui coulait par terre.
Lui.
Au fond de lui, Alceste comprit ce qu’il se passait, mais des siècles lui avaient permis d’ignorer ce qui le dérangeait profondément.
Alors, il ne dit rien non plus quand elle s’approcha à nouveau de lui, les mains toujours plaquées sur ses oreilles, les canines toujours prêtes et scintillantes. Elle libéra ses oreilles, grogna encore et posa ses mains sur ses épaules. Il ne dit rien encore. Il savait, bien sûr qu’il savait ce qu’elle essayait de faire, ce qu’elle allait réussir à faire.

Il ne dit rien quand elle planta ses canines à la base de son cou, s’abreuvant du sang qu’il avait bu. Il rejeta la tête en arrière, profitant de l’euphorie engendrée par la morsure. Il ne dit rien quand il sentit ses jambes fléchir sous la transe qui l’emportait, rien non plus quand elle sembla sur le point de le vider de son sang. Elle s’arrêta juste à temps comme si elle savait. Il dut s’asseoir pour ne pas tomber et elle retourna à sa position initiale, sur le lit. Il ne dit rien pendant un long moment.
Ce n’était pas prévu dans son plan.
Vraiment pas.
Alerté par l’odeur du sang, c’est Auxence qui le sauva de la situation compliquée. Il entra dans la pièce et sembla comprendre tout de suite ce qu’il venait de se passer. Roxane le regarda déboussolée. Une enfant pris de la confiture - du sang - autour des lèvres. Et c’était Alceste le fautif, lui qui n’avait rien dit.
— Putain, ronchonna Auxence, qui avait toujours les bons mots aux bons moments.
Il servit un verre de sang à son meilleur ami : heureusement que les stocks de l’Hotel étaient remplis. Il servit exactement le même à Roxane.
— Tu dois boire ça, lui intimida-t-il.
Et, il y eut quelque chose dans la voix pressée d’Auxence qui marcha mieux que le silence d’Alceste, car, un peu trop tard néanmoins, Roxane but ce qu’on lui donna.

— Il y a trop de bruit, dit-elle.
— C’est normal, tes sens surnaturels sont plus évolués, expliqua Auxence, Alceste étant toujours hors service. Tu constateras d’autres changements qui peuvent être perturbants. Nous sommes là pour t’aider. Si tu as Soif, tu as une réserve de sang. Il n’est pas commun de se nourrir d’un autre vampire.
« Pas commun » c’était l’euphémisme pour dire « interdit ». En soi, la loi vampirique mettait le consentement entre les protagonistes par-dessus tout. Mais le sang vampirique était autre chose qu’une poche de sang humain. L’effet excitant du sang d’un vampire était autre chose. Il fallait voir comment Alceste était assis, à fixer le vide, semblant voir des choses qu’il était seul à voir.
Putain. De mémoire, il n’avait jamais connu ça. Ce n’était pas qu’un vampire ne lui avait jamais sucé le sang ; loin de là, il savait s’amuser. Mais ce n’était pas pareil avec Roxane. Non. Ce n’était vraiment pas pareil.

Et il était dans la merde parce qu’il avait adoré ça.
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