Ce matin, d'humeur légère, je me suis enquis de la météo.

Celle-ci étant clémente, j'ai pris la décision d'aller me promener.

Après avoir solidement fixé mes ailes à hauteur de mes aisselles, m'être débarrassé de tous mes oripeaux, pris une grande inspiration, j'ai poussé la porte, l'ai franchie et dans le vide me suis élancé.

Outre les oiseaux aux ailes bigarrées, les anges sans auréole, j'ai vu sur ma droite notre amie, la lune, toujours aussi coquette, elle avait endossé son costume de fête, je lui ai adressé une œillade amicale et ai poursuivi ma ballade.

Ne voulant en rien imiter Icare, je ne me suis pas dirigé vers l'astre roi.

Par précaution, j'ai pris la direction opposée.

Mars, d'humeur non-belliqueuse, me voyant passer, m'adressa un bonjour amical.

Jupiter, la géante gazeuse, m'interpella gentiment.

- Holà petit homme, tu t'aventures bien loin de ton domicile.

Ais conscience que tes ailes auront bientôt besoin de repos.

Négligeant le conseil du dieu suprême, je poussais mon exploration jusqu'à Saturne.

Je fus surpris de le voir assoupi.

Bien que dormant, profondément, il tenait sa faucille d'une main ferme.

L' avertissement de Juju me revint en mémoire.

Mes ailes battaient laborieusement.

Il était temps de prendre le chemin du retour.

Me mettant en pilotage automatique, je prenais la direction de ma maison.

Arrivé sur le pas de la porte, je vis une planète inconnue qui gardait l'accès de mon logis.

Gentiment, elle déclina son identité :

Je suis " Opensynaps."

La déesse de l'inconscient.

J'ai veillé sur ta famille pendant ton absence.

Le son de sa voix fit tressaillir mes paupières.

Mes quinquets s'ouvrirent.

J'étais chez moi.

Je pris une grande inspiration.

Je pouvais reprendre le cours de mes activités.

La séance d'autohypnose était terminée.

Demain, si le temps le permet, je m'installerai de nouveau au volant de mon aéronef pour aller visiter d'autres contrées lointaines.

Uranus et ses anneaux.

Neptune et son trident.

Mais, à chaque jour suffit sa peine, en cette fin d'après-midi, je reste sur le plancher des vaches.