Il était un village au milieu de Vallée
Qu’en une décennie pluie n’avait imprégné ;
Que chaleur, aridité avaient ravagé ;
Que la vie menaçait de fuir, de quitter.
À Vallée : nul rire, nulle bête, nul germe
Et le lieu était pauvre autant qu'il était vide.
Avalée, l'eau, par la terre qui la renferme,
Car à l'air libre elle ne demeure liquide.
Cependant…
Il était un rêve bleu qui hydratait l’âme
De ceux qui bien péniblement demeuraient là :
Celui de mettre finalement terme au drame,
Celui d’une Vallée regagnant de l'éclat.
Il était cette légende qui perdurait,
Que chacun au village tendrement buvait,
De la venue d'un bien heureux événement :
L'attendue Tempête, le grand Éclatement.
Une année file…
Village chagriné... nul nuage en Vallée,
L'avare terrain garde l'humidité rare,
Et une âpre rumeur : fatiguée et vidée,
Une autre famille réfléchit au départ.
« Le Tempête arrivera bien », affirment ceux
Qui ne veulent (ne peuvent ?) quitter Vallée,
Priant qu'une unique année rachète (pieux ?)
Une décennie entièrement liquidée.
Allez, attendez…
Attendre un peu la chute... Tenir davantage...
L'attente a déjà duré une éternité…
Arrêter ? Perdre ! Capituler ? Attendez !
Attendez la chute de l'eau en ce village.
Attendre…
N'attendant que Tempête et grand Éclatement,
Vallée meurt-elle, Vallée vit-elle vraiment ?
Guetter la pluie, la brume, attendre le Vent
Rend l’exténué village étrangement… vivant ?
Un an…
La leVée du Vent en cette treizième année
LèVe avec lui la belle et neuVe certitude :
La ViVe Tempête ! Elle Va Éclater…!
Le Vent cependant a menti et dure, rude.
Une énième année que Vent n’amène Tempête…
Vallée endure et village peut-être a peur :
Déclinera-t-il avant même le malheur ?
Car il ne pleut et rien ne peut en ce lieu
Naître et grandir, vivre, être enfin vigoureux.
Un an, un autre…
Vaine attente... Nul éclair zébrant le ciel, nu...
Bien que cela fut pareillement fulgurant,
Ce que Vallée avait tant et tant attendu
Ce n'était le déluge ; c'était un enfant.
Un enfant ?
Ce que village avait tant et tant attendu
Ce n'était la Tempête ; c'était un enfant.
Un enfant ?...
Mieux ! Un cri !
Un cri cru lancé à la lune, irréfléchi ;
Un cri naïf de la nature à elle-même ;
Un cri pur qui illumina d'emblée la nuit,
Rallumant le firmament auparavant blême.
Il avait éclaté !
Le grand Éclatement…
Un unique cri !
Il zébra le village, la Vallée, la Terre,
Cet être en un cri, ce tumulte, cet enfant.
Un cri venait de naître, un cri pénétrant
Qui éclata à la manière d’un éclair.
À la manière d’un éclair !
Un cri, déchirant le Ciel qui réapprenait
Ce que c’était d'être ému à en pleu-pleurer ;
Un pleur, une larme dévalant la Vallée ;
L’eau perdue était finalement retr(o)uvée.