Summary: 
Les générations de Thelya ont grandi avec la mer, et ont appris à la craindre. Ne t'approche pas, qu'on disait. Le sel va te dévorer, qu'on répétait. Mais si vous arriviez à vous glisser à l'ombre d'un rocher, à la lisière de l'eau, une toute autre histoire se murmurait :
On racontait que la mer avait été belle...
Texte écrit pour la troisième épreuve d'immunité de Koh-Lant'HPF, par Omicronn et Catie
Image : Sam Moqadam sur unsplash
Categories: Fantasy,
Conte, Fable, Mythologie,
Projets/Activités HPF Characters: Aucun
Avertissement: Aucun
Langue: Français
Genre Narratif: Nouvelle
Challenges: Series: Koh-Lanta, l'île des HPFiens
Chapters: 1
Completed: Oui
Word count: 637
Read: 1262
Published: 27/05/2021
Updated: 27/05/2021
Story Notes:
Pour cette troisième épreuve d'immunité, le thème était l'épreuve sportive !
Il fallait donc que l'histoire se passe ailleurs que sur terre (j'ai choisi la mer d'un monde merveilleux), qu'un sport fasse l'acrostiche d'un paragraphe (j'ai choisi la natation, en gras dans le texte).
J'ai aussi eu la contrainte d'endurance 1 : un texte entre 500 et 700 mots (685 d'après le compteur) et de sensibilité 3 : 3 verbes de chaque sens (en gras dans le texte et en ote de fin).
Merci à Tiiki pour sa relecture et à toute l'équipe jaune pour leurs encouragements ! <3
TW : Evocation (non graphique) d'une noyade à la fin du texte
Une histoire courait sur l’île de Thelya, une légende plus vieille que le plus vieux des Lys : celle, qu’autrefois, la mer était douce.
On racontait qu’elle brillait sous les rayons du jour comme de la nuit. Qu’elle dentelait les criques et caressait le sable. Qu’y plongeant les mains, on pouvait savourer une eau fraîche, cristalline.
On racontait que la mer avait accueilli le Premier du Lys. Elle l’avait porté, lui avait évité tempêtes et naufrages, et lui avait observé ses secrets. Sain, sauf, le Premier était venu écouter les rochers, leur avait laissé ses enfants pour voguer à nouveau et disparaître.
Alors la mer avait pris soin de ses enfants aussi.
Elle jouait au navire : ils flottaient sur ses vagues. Elle les chatouillait de son velours, et ils nageaient sans efforts. Elle accompagnait certains jusqu’au lointain, les ramenait à Thelya, sains, saufs, les cœurs chargés de récits. Il suffisait de s’étendre dans l’eau et d’observer le ciel. Protectrice, elle ébranlait les voiles inconnues à faire résonner leur plongeon et décourager les visiteurs.
Ne s’y posait qu’une condition : ne pas briser la surface. Admirer la transparence mais pas les profondeurs. Tous s’y pliaient. Aussi parce qu’ils ne savaient qu’entendre les chuchotis marins. Thelya les nourrissait et la mer allouait le reste. Ils s’allongeaient sur les courants toujours calmes ; ils humaient les poissons sans chercher à les atteindre. On racontait que le Premier avait promis, et que la promesse enivrait ses enfants aussi. Ne pas s’y plier donnerait une histoire à laquelle personne ne voulait goûter.
Car c’était une histoire pour enfants, et personne ne voulait les voir effrayés.
Et les siècles s’écoulèrent ainsi.
Les enfants du Lys apprirent à manier le bois et dressèrent des pilotis. Ils apprirent à manier le tissu et s’en firent des tentes, qui flottaient elles aussi. Ils fleurirent tout autour de l’île, se délectant de l’eau, toujours plus loin, toujours plus curieux.
Un jour, l’un d’eux revint avec un étranger. On ne s’accordait plus sur les versions de l’histoire, alors. On attendait juste qu’ils grandissent pour la leur raconter.
Peu importait qui était l’enfant du Lys ; peu importait qui était l’étranger ; la légende ne le retint pas. Seulement pouvait-on dépeindre avec certitude son équilibre précaire, sa coque bancale qui déchirait les vagues et profanait le nom de la mer. Et la mer ne savait que faire :
Chasser cet intrus et prendre cet enfant dans sa colère ?
Ignorer son instinct et les accueillir tous deux en son cœur ?
Le destin décida pour elle. L’étendue, même hésitante, le fit tanguer, valser, osciller sur la crête fragile, et finalement chavirer. Il s’enfonça sous l’eau comme une pierre, et les enfants du Lys ne purent que le regarder depuis la surface. Impuissants tout là-haut comme la silhouette disparaissait dans les profondeurs.
On racontait que son ami fit tout pour le sauver. Il s’acharna contre l’écume, les ondes, les vagues, heurtant et cognant la barrière de l’eau sans relâche. Et la mer, prise de pitié, dut briser sa promesse pour le laisser plonger. Elle regarda l’enfant du Lys, son fils adoptif, percer les courants dans l’espoir de le sauver… Les navigateurs, hélas, ne font pas de bons nageurs.
Il avait appris à flotter, pas à nager. Le désespoir remplaça l’air dans ses poumons tandis qu’il s’enfonçait.
On ne vit personne remonter.
La mer s’agita. Elle roula, gonfla, tempêta, et les enfants apeurés flottèrent jusqu’au rivage, où ils purent seulement pêcher des corps à enterrer.
La détresse acidifia la mer. Elle confina ses enfants sur l’île, et quiconque s’y risquait sentait le sel, jusqu’à en ressentir la douleur, piquante, grimper à même la peau. Ils durent rester sur terre.
Une histoire courait sur l’île de Thelya : celle que le Second défit le pacte du Premier et que sans un Troisième, les enfants du Lys ne reprendraient jamais la mer.
End Notes:
En 700 mots, c'est forcément assez dense pour que je puisse poser mon univers... J'espère que ça reste compréhensible et que ça vous a plu !
vue : admirer, observer, voir
ouïe : écouter, résonner, entendre
toucher : porter, caresser, chatouiller,
goût : savourer, goûter, se délecter
odorat : humer, enivrer, sentir