Paradis blanc by Lyssa7
Summary:

Libre de droits

 

Pour Vahinearii, Papeete a toujours été un paradis.

Un soir, pourtant, son paradis prend des allures de cauchemar à ciel ouvert où complot et sable blanc s’entremêlent.

 

Participation à la deuxième épreuve d'immunité de "Koh-Lanta, l'île des HPFiens"

 


Categories: Concours, Contemporain, Projets/Activités HPF, Policier, Thriller, Espionnage Characters: Aucun
Avertissement: Aucun
Langue: Français
Genre Narratif: Nouvelle
Challenges:
Series: Koh-Lanta, l'île des HPFiens
Chapters: 1 Completed: Oui Word count: 1083 Read: 389 Published: 04/05/2021 Updated: 05/05/2021
Story Notes:

Bonjour, bonjour,

Pour commencer, je vous souhaite la bienvenue sur ce texte qui, pour le coup, n'a pas été hyper simple à écrire.

Pourtant, le genre contemporain, c'est plutôt ma tasse de thé en règle générale, mais cette fois... je me suis posée mille et une questions pour redéfinir ce qu'était le contemporain et savoir sur quoi j'allais partir avec les deux mots attribués. Pour la petite histoire, j'ai eu deux trois idées en tête mais qui ne m'inspiraient pas plus que ça. Et puis... à un moment, j'ai pensé à Tahiti. Sans doute le besoin de vacances et de partir loin, très loin, de tout ce contexte anxiogène mais bref... Après cela, je me suis mise à chercher des prénoms polynésiens et c'est ainsi que naquit la petite bande de quatre ados qui se trouve dans ce texte. Il ne me restait plus qu'à y mêler le fameux complot et du sable !! C'est à présent chose faite (et j'ai terriblement envie de réécrire sur eux maintenant, mais j'ai trop de projets -->)

Les contraintes données pour cette épreuve étaient :

- Votre texte doit faire maximum 2000 mots.

- Les mots complot et sable doivent être centraux dans le texte (leur importance doit être à égalité)

- Le genre est contemporain

- Insérer au moins un verbe de chaque sens (sensibilité niveau 1) = en gras dans le texte et dans la note de fin.

- Insérer au moins quatre sentiments différents (sentimentalisme niveau 3)= en gras dans le texte et dans la note de fin.

- Insérer un mot de votre liste de métier/passion (une seule fois et les autres ne doivent pas s'y trouver) : conception, créativité, dessin, détail, futuriste, réflexion, beauté, design, esthétique.

Merci à Carminny pour sa relecture ❤

Bonne lecture et bon voyage à Papeete !

1. Chapitre unique by Lyssa7

Chapitre unique by Lyssa7
Author's Notes:

Rating déconseillé -12 ans pour la mention de drogue.

Les orteils de Vahinearii s’enfoncent dans le sable encore chaud en cette fin de soirée. Les grains lui chatouillent la plante des pieds tandis qu’elle s’efforce de suivre le rythme soutenu imposé par les trois autres tout en écartant d’un geste mal assuré l’épaisse végétation qui borde le littoral. La gorge asséchée par l’angoisse qu’on puisse les surprendre, la jeune fille tente de ne pas perdre de vue les cheveux noirs et bouclés de Temanu. Celui-ci se retourne régulièrement pour vérifier qu’elle est toujours derrière lui, et Vahinearii éprouve une bouffée d’affection pour l’adolescent.

Aitonui, à quelques mètres devant elle avec Mahana, s’arrête finalement et leur fait signe de se baisser pour éviter de se faire repérer. Vahinearii obéit aussitôt et, son corps camouflé par les feuillages des pohue miti, elle tente de se rassurer en humant leur parfum. Silencieusement, comme lors de ses rituels enfantins, ses doigts pénètrent le sable fin. La sensation des grains contre sa paume de main la réconforte, mais pas autant qu’elle le voudrait. Ce soir, son paradis prend des allures de cauchemar à ciel ouvert. Son coeur bat à tout rompre dans sa cage thoracique, et l’angoisse se transforme en une peur croissante alors qu’elle entend les voix rauques des deux hommes s’élever derrière les cocotiers.

Près du patrouilleur de la douane maritime qui vient d’accoster sur le rivage, ces derniers semblent sur le point d’effectuer une transaction. Les regards emplis de méfiance que l’un d’eux jettent autour de lui pour s’assurer de ne pas être surpris par une tierce personne ne trompent pas sur l’honnêteté de ses actions. De là où elle se trouve, Vahinearii distingue à peine leur silhouette mais, malgré l’obscurité qui recouvre partiellement la plage, elle est certaine que cet homme qui se tient d’une main ferme à la coque du bateau, c’est bel et bien Nino, l’un des policiers polynésiens les plus appréciés de l’île de Papeete. C’est une vraie légende locale, reconnu pour son travail et son sens de la justice. Du moins, c’est l’image qu’on lui prête et qu’il se plaît à se donner depuis plus de quatre décennies.

Un goût amer vient imprégner la bouche de la jeune fille et, soudainement furieuse de découvrir que les soupçons de Mahana étaient fondés, elle serre les poings. Elle malaxe férocement le sable entre ses doigts. Hier encore, Nino trinquait et buvait un rhum avec son père. Quand elle pense aux paroles prononcées par Temanu plus tôt dans la soirée, aux effets de cette drogue de synthèse qui a rendu fou son frère et plusieurs de ses amis, elle est encore incapable d’y croire. Comment un policier si exemplaire peut-il participer de son plein gré à la malédiction du sable blanc qui gangrène leur île ? Le sable blanc. Le sana. C’est ainsi qu’ils l’appellent tous ici, mais au large des côtes du pacifique, elle se nomme l’ice, le crystal meth ou la méthamphétamine.

Destructrice, elle a infiltré la Polynésie quelques années plus tôt, semant le chaos parmi la population - chez les jeunes surtout - de Papeete. Il suffit de voir l’état dans lequel se trouve Teva chaque fois qu’il s’injecte une dose. Temanu leur a expliqué qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même, qu’il peut ne pas dormir pendant des jours, se sentir absolument surpuissant mais, quand les effets retombent, qu’il devient rapidement paranoïaque, dépressif et parfois violent. Les parents de Temanu, après six mois à essayer de le faire décrocher sans succès, envisagent de le faire hospitaliser.

Vahinearii a connu Teva lorsqu’elle n’avait que sept ans, et elle se souvient d’un garçon de douze ans joyeux, intelligent, qui lui apprenait à nager et construisait avec elle d’immenses châteaux de sable. Mahana et elle les décoraient ensuite de coquillages qu’elles prenaient des heures à choisir, les pieds dans l’eau. Elle se souvient du sourire de Teva et de sa fierté quand elle a su nager seule, de ses rires quand Temanu et Aitonui se jetaient sur lui pour le noyer dans les eaux transparentes de l’île. Elle se souvient de Teva, et sa colère résonne dans chaque fibre de son corps quand elle voit Nino et l’autre homme échanger un sac en toile de jute et une liasse de billets. Salauds, hurle-t-elle en son for intérieur.

Sa réflexion semble entièrement partagée par Temanu. Celui-ci est accroupi à deux mètres devant elle, Vahinearii n’aperçoit que le dos du jeune homme se tendre de fureur, toutefois elle imagine parfaitement ce qu’il peut ressentir à cet instant en comprenant l’étendue de la corruption qui règne au sein de la police locale. Toute la haine qui doit le submerger en se rappelant les mots de Nino, promettant de tout faire pour démanteler le réseau de drogue. Envahie d’une vague de compassion pour son ami, Vahinearii rampe jusqu’à lui. Le sable se colle à ses jambes nues et à son paréo fleuri. Sa main, moite de chaleur, s’empare de celle de Temanu. On les aura, ces connards, lui murmure-t-elle à l’oreille.

Pour seule réponse, Temanu se contente de resserrer la pression de sa main dans la sienne, les yeux fixés vers la plage et le complot qui s’y trame. Pour le moment, il ne peut rien faire pour dénoncer ce qui s’y passe. Pour le moment, il se contente d’attendre dans l’ombre caché par les pohu miti de Papeete. Près du patrouilleur, les deux hommes prennent congé l’un de l’autre. Celui qui porte un uniforme plus foncé - sans doute un douanier puisqu’il remonte dans le bateau - salue l’autre d’un signe de tête respectueux. Celui qu’on surnomme Nino avec amitié - le Haut-Commissaire de la République en Polynésie française - se détourne et, après avoir fait quelques pas dans le sable tiède, se laisse engloutir par la sombre végétation.

Vahinearii observe les traits du visage de Temanu se durcir, et elle sait. Elle sait que Temanu ne laissera jamais Nino s’en sortir indemne, qu’il ira jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’il le supplie de le pardonner à genoux. Il ne sera en paix qu’après avoir vu l’homme qu’il pensait digne de confiance destitué de ses fonctions et traîné en justice. Mahana, Aitonui et Vahinearii seront là pour lui, pour l’aider à venger son frère. Les photos que Mahana a pris durant cette soirée leur serviront de preuves, même s’ils savent que le chemin sera long et semé d’embûches pour faire valoir leur version de l’histoire. Ils se battront. Pour Temanu. Et pour Teva. Pour que le sable blanc cesse de faire des ravages au paradis.

End Notes:

Toucher : chatouiller, malaxer

Vue : distinguer, voir, apercevoir, observer

Odorat : humer

Ouïe : entendre

Goût : boire

 

Sentiments :

- Angoisse

- Affection

- Peur

- Méfiance

- Fierté

- Colère

- Haine

- Compassion

 

Précision anecdotique :

Vahinearii ne devait pas être la protagoniste principale et devait jouer un rôle secondaire. C'était Mahana qui devait remplir son rôle, et elle le sien, mais Vahinearii n'était visiblement pas de cet avis et s'est jetée sous les projecteurs. Son prénom tahitien veut dire "reine", ce qui lui va comme un gant. Une reine ne reste pas dans un coin. Le prénom de Mahana signifie "soleil", et si elle n'a pas eu l'occasion de briller, elle le fait derrière les projecteurs avec son appareil photo. Quant à Temanu, son prénom veut dire "oiseau", et Aitonui "Grand guerrier".

En Polynésie, il est certainement peu probable, voire impossible, qu'ils appellent la métamphétamine "le sable blanc" mais, au-delà du fait que le sable devait être l'un des mots centraux de ce texte, je trouvais que ça lui donnait une autre dimension par rapport à l'île, plus dangereuse et amorale.

Voilà, voilà. Merci d'avoir lu !

Cette histoire est archivée sur http://www.le-heron.com/fr/viewstory.php?sid=2133