Palingénésie by Layi
Summary:

Recueil des textes publiés dans le cadre du concours "Les ombres du manoir" de Catie et Sun sur le forum.


Categories: Projets/Activités HPF Characters: Aucun
Avertissement: Aucun
Langue: Français
Genre Narratif: Nouvelle
Challenges:
Series: [Concours] Les ombres du Manoir
Chapters: 2 Completed: Non Word count: 1756 Read: 4646 Published: 22/11/2020 Updated: 13/12/2020
Story Notes:

Pour être honnête, ça doit faire pas loin d'une année que je n'ai pas écrit une ligne, donc j'esprère que ce ne sera pas trop une catastrophe et que je tiendrais le coup. :D 

Bonne lecture ! 

1. Chapitre 1 - L'Ascension by Layi

2. Chapitre 2 - Cruel crépuscule by Layi

Chapitre 1 - L'Ascension by Layi
Author's Notes:

Thème imposé : Souvenirs prisonniers (en gras dans le texte)
Contrainte de chapitre : Votre chapitre doit se dérouler à l'aurore. 
Contrainte générale : Entre 500 et 2000 mots. (1145 word)

Pour la petite histoire, je me suis rappelée ce soir que je m'étais inscrite au concours... La deadline étant minuit. Voilà, voilà. Donc j'ai pondu ça en une petite heure, j'espère que je n'ai rien oublié des consignes et que ce sera pas trop imbuvable. xD 

Bonne lecture. 

 

Ah oui, j'oubliais, ce texte parle d'obésité et de traumatisme , il peut éventuellement - si je l'ai pas trop mal écrit - être un peu dur pour personnes sensibles. 

 

Ils s'étaient levés il y a quelques heures, en pleine nuit, pour accomplir le long périple qui devait les mener à cet endroit, à ce moment précis. Pauline, peu coutumière de ce genre de randonnée, se sentait dégoulinante de sueur. Tous ses muscles semblaient lui hurler leur mécontentement. Ses dizaines de kilos en trop n’étaient pas une sinécure, mais elle avait appris à vivre avec au quotidien. Là, c’était une tout autre histoire. Gravir cette montagne la confrontait à tant de choses. Elle se trouvait tellement monstrueuse. Un sac de viande rance dont personne ne voulait. Personne pour l’aimer. Elle ne pouvait pas les blâmer, les autres, elle-même se débectait.

Une main réconfortante vint appuyer sur son épaule, faisant fléchir encore un peu plus ses genoux.

— Tu peux être fière de toi, lui assura Sébastien.

Sébastien, c’était une idée, un nième projet, désespoir de sa mère qui ne supportait plus de la voir souffrir en silence. Alors, elle lui imposait ses résolutions : régime hyperprotéiné, régime dissocié, jeûne intermittent. Intermittent de quoi ? Du spectacle qu’elle offrait chaque jour en luttant contre ses pulsions ? Elle mangeait par nécessité. Pas pour donner à son corps les nutriments dont il avait besoin, pas parce qu’elle avait faim, pas pour satisfaire une quelconque obligation physiologique. Non. Mais s’empiffrer, se bâfrer et se gorger, pour reprendre les mots des railleurs, permettait de combler le vide dans son cœur.

La dure loi du cercle vicieux. Manger pour se sentir mieux, pleurer ses kilos de trop, se sentir mal. Manger pour se sentir mieux…

Pauline força un maigre sourire en réponse au soutien de Sébastien. Ce dernier est coach sportif. Cela fait à présent un mois qu’il la suit, sans trop de résultats. Cette randonnée, c’est une tentative de dernière chance. Pauline le sait. Elle l’avait deviné, et de toute façon il lui a dit. Étrangement, c’est l’une des choses qu’elle apprécie chez lui : sa sincérité. Il ne tourne pas autour du pot, pas de pincettes. Mais toujours avec un respect dont peu font preuve en sa présence.

— Comment te sens-tu ?

— À bout de tout.

— C’est bien.

Mais bien sûr. C’est bien. Que croyait-il ? Gravir une montagne lui permettrait certainement de perdre un kilo, allez, peut-être deux. Pour combien de temps ? Pour la journée, pas plus. Pauline le savait d’expérience.

— Assieds-toi s’il te plait.

Elle s’exécuta tant bien que mal, pas évident de faire s’assoir ce corps si encombrant sur le sol. Il s’accroupit près d’elle et la regarde, bienveillant.

— Tu me fais confiance ?

— Oui.

— Vraiment ?

— Oui.

— Alors maintenant, j’aimerais que tu fermes les yeux. Je ne te toucherais pas, sauf si tu me le demandes.

Pauline ne comprit pas bien le but de l’exercice, mais il était vrai qu’elle avait confiance en lui. Elle ferma les yeux. Une chose étrange se produisit : elle eut envie de pleurer. Elle qui n’avait pas versé une larme depuis ce qui semblait être une éternité. Elle retint cette goutte qui perlait au coin de sa paupière close et se concentra sur la voix de Sébastien.

— Maintenant, tu vas écouter. Tu n’as pas à me répondre, et je souhaiterais même que tu ne m’interrompes pas. D’accord ?

Il marqua une respiration.

— Pauline, j’aimerais que tu réfléchisses, que tu m'expliques, pourquoi as-tu besoin d’être si forte ? Et je ne parle pas de ton poids. Quoique tout est lié. Mais dis-moi, Pauline, pourquoi as-tu besoin d’encaisser comme ça, en silence ? Dis-moi quelles sont les blessures enfouies que tu camoufles derrière tes barrières que tu veux infranchissables ? Pourquoi te sens-tu obligée de faire souffrir ton corps, pourquoi le détestes-tu comme ça ? Car je sais moi, que tu le détestes. Pas parce que tu es trop grosse, non. Tu es obèse, car tu détestes ton corps. Et on ne pourra rien faire tant que tu n’auras pas admis ça. Pourquoi tu détestes ce corps Pauline, que t’a-t-il fait ?

Alors que les mots de Sébastien résonnaient dans sa tête, la jeune femme se mordit inconsciemment la joue intérieure. Elle mâchouillait, comme pour se donner une contenance. Et pour ramener son esprit à l’instant présent, à cette forêt qui les entourait, qui s’éveillait avec l’aurore. Elle essayait de détecter le moindre bruit, le souffle du vent dans les feuilles des arbres, le bourdonnement des insectes, le piaillement des oiseaux. Tout, sauf la tirade de Sébastien et les images qui lui venaient.

Des souvenirs enfouis, cachés, enfermés, elle en avait que trop. Souvenirs de cette baby-sitter qui vous pince lorsque vous n'êtes pas assez sage à son gout. Souvenirs de cette mère trop souvent absente, que l’on appelle la nuit, en vain. Souvenirs surtout de ce beau père qui lui vous entend, et vous rejoint…

— Dis-moi, qu’a-t-on fait à ce corps, Pauline ?

Elle ouvrit les yeux et hurla. Un mélange de haine, de rage, de douleur. Un cri qui fit s’envoler les corbeaux qui nichaient dans le frêne non loin d’eux. Et elle s’effondra en sanglots. Elle tenta de se relever, pour fuir cet homme qui la confrontait à tout ça, mais aveuglée par ses larmes, encore épuisée de leur ascension, elle n’y parvint pas et chuta sur le côté.

— Pauline ? interogea Sébastien d’une voix douce. As-tu besoin de mon aide ?

— Non, croassa-t-elle, laisse-moi ! Je te déteste !

— Ce n’est pas moi que tu détestes, n’est-ce pas ? Je ne te demande pas de me raconter. Je veux juste que ça sorte, les émotions je veux dire. Je veux que tu acceptes, que tu arrêtes de garder ça enfoui, verrouillé à double tour au fond de toi. Tu veux bien ?

Elle se mordit la lèvre, tremblante. Et hocha la tête. C’était terriblement douloureux d’être confronté à tout ça, mais au fond de son cœur, elle savait qu’il avait raison. Elle prit une grande inspiration afin de se calmer, de reprendre son souffle. Cela faisait un mois qu’elle connaissait Sébastien. Ils se voyaient trois fois par semaine pour sa séance de sport. Il avait toujours été de bons conseils et depuis qu’ils avaient commencé le coaching, Pauline avait l’impression d’avancer un petit peu chaque jour. Qu’avait-elle à perdre à continuer de lui faire confiance ?

Rien. À part des souvenirs enfermés depuis trop longtemps, en plus de ses kilos en trop.

Le soleil se levait à l’horizon, rendant ce moment si unique. Était-ce pour cela que Sébastien l’avait fait lever si tôt ? Pour assister à l’aurore ? Perchée au dessus du monde, face à ce spectacle divin, Pauline se sentit pour la première fois de sa vie capable d’affronter ses blessures. Elle détourna les yeux des nuages rosés par les premiers rayons du soleil afin d’adresser un sourire franc à son coach.

— Je crois que nous allons pouvoir commencer à te faire perdre tous ces kilos… annonça-t-il en lui rendant son sourire.

 

 

End Notes:

Voilà, voilà. N'hésitez pas à mettre un commentaire pour dire ce que vous en avez pensé, positif ou non, je suis receptive à la critique tant qu'elle est constructive ! ;) 

Chapitre 2 - Cruel crépuscule by Layi
Author's Notes:

Thème imposé : Excquise Fragrance
Contraintes de chapitre : Votre chapitre doit se dérouler au crépuscule.
Votre  chapitre doit se dérouler par un temps venteux.
Contrainte générale : Entre 500 et 2000 mots. (603 word)

En point bonus : faire mention d'un personnage imposé.
En l'occurance, j'en ai plus que fait mention et j'espère d'ailleurs que sa créatrice, Clo, ne m'en voudra pas trop de ne pas lui avoir demandé l'autorisation, je n'ai pas eu le temps avant publication car j'étais sur le fil... 

 

Tellement eu de mal avec ce thème imposé. J'ai eu plein d'idées tellement clichées... Que du coup j'espère que je n'ai pas trop dévié. 
Je préfère prévenir, c'est un peu larmoyant.

Bonne lecture ! 

 

Laetitia écrasa son mégot avant de franchir les portes de l’établissement. Elle tenta de se recoiffer rapidement, aplatissant ses cheveux tant bien que mal, puis se présenta au guichet. Un frisson d’angoisse lui traversa l’échine, elle avait en horreur les hôpitaux. Elle se faisait violence pour sa grand-mère, si chère à son coeur. Elle venait normalement une fois tous les quinze jours et passait le dimanche après midi avec la douce vieille dame. Nous étions mardi. L’infirmière l’avait appelée.

— Bonjour Lieutenant, heureusement que vous avez fait vite.

— C’est la fin ?

— Le médecin craint que oui.

Sans perdre plus de temps, Laetitia se dirigea vers les ascenseurs. 4e étage. Chambre 406, celle tout au bout du couloir, à gauche. À peine dans la pièce, l’odeur si familière et si précieuse lui saisit les narines. Jasmin. Cette exquise fragrance la ramenait chaque fois à son enfance, aux promenades et aux jeux dans le jardin embaumé de ce si voluptueux parfum. Il avait fallu faire des pieds et des mains avec les services, mais elle avait obtenu l’autorisation d’en apporter un pot dans la chambre de sa grand-mère, pour le plus grand plaisir de cette dernière. Sa fleur favorite. Et tellement de souvenirs.

— Tu es venue…

La voix n’était plus qu’un souffle. La jeune femme se précipita au chevet de la malade.

— Bien sûr que je suis là.

— Tu n’aurais pas dû quitter ton travail pour moi.

— Ne dis pas de sottises enfin. Ne dis rien. Garde tes forces.

— C’est inutile à présent, mon petit. Je sens bien que la vie s’échappe.

Laetitia ne releva pas, elle n’était pas prête à l’admettre. Elle ne souhaitait pas l’accepter.

— Ils n’ont même pas ouvert tes volets ! blâma-t-elle.

Et alors ? Ne soit pas absurde. Il fait un vent à écorner les cocus dehors. Je ne suis pas sourde, tu sais, j’entends les bourrasques. Je n’ai pas envie de voir la grisaille.

— Mais…

— Ne fais pas triste mine, viens près de moi. Et rapproche un peu le jasmin tu veux ! Je n’ai plus mon nez d’autrefois.

Laetitia s’exécuta. Sa grand-mère avait été nez pour une grande parfumerie lorsqu’elle était encore en activité. Et l’odeur du jasmin avait toujours été sa favorite. Elle la trouvait à la fois si entêtante et si délicate. Subtile. C'est pour cela qu'elle en avait rempli son jardin, et que cette plante et surtout son odeur était source de nostalgie pour toutes les deux.

— Raconte-moi ta journée.

Cette requête prenait un sens tout particulier dans cette pièce. Il ne s’agissait pas ici de décrire les évènements, mais les odeurs. Celle du café, l’amertume du petit déjeuner. Puis la gourmandise des croissants ramenés par les collègues au bureau, exquise friandise à laquelle il faut résister. Relater la sueur du vestiaire, les pneus brulés sur l’asphalte au cours de la mission, le parfum musqué du suspect, qui envahit l’habitable. C’était un exercice auquel le lieutenant se prêtait volontiers tant il ravissait la patiente.  

Laetitia lui saisit la main. Elle posa sa tête contre le matelas, tout près de son corps frêle. Et elle raconta. Elle récita durant plus d’une heure, relancée chaque fois par les curiosités de la vieille dame. Elle fit le récit tant attendu, jusqu’à réaliser qu’il n’y avait plus de pression dans les doigts de sa grand-mère, que le souffle — qui s’était fait de plus en lent — s’était totalement arrêté et que les faibles battements de cœur ne résonnaient plus près de son oreille. Elle essuya la larme qui coulait sur sa joue avant d’appeler l’infirmière de garde.

Dehors, le soleil s’en allait.

Quel cruel crépuscule que celui de nos vies.  

 

End Notes:

J'espère que cela vous aura plus. 

Et je vais essayer de ne pas faire d'une habitude que d'écrire et publier au dernier moment pour ce concours. :D 

Cette histoire est archivée sur http://www.le-heron.com/fr/viewstory.php?sid=2057