Candice Story by Popobo
Summary:

Candice, jeune graphiste new-yorkaise, doit retourner dans son village natal pour le dossier de succession de sa grand-mère. Elle ne se doute pas qu'en peu de temps sa vie va changer...

 

Participation au concours "Cupidon sous la neige" de Hazalhia

 

 

Crédit image : « christmas » de Hqheart sur deviantart - modifiée par mes soins


Categories: Romance Characters: Aucun
Avertissement: Aucun
Langue: Aucun
Genre Narratif: Nouvelle
Challenges:
Series: Cupidon sous la neige, Échange de Noël XII - 2019
Chapters: 5 Completed: Oui Word count: 11940 Read: 37877 Published: 30/12/2019 Updated: 10/01/2020
Story Notes:

participation commune à l’échange de fics 2019 pour Bibi2 et au concours « Cupidon sous la neige » proposé par Hazalhia.


Les contraintes du concours qui m'ont bien inspirées pour le cadeau de Bibi étaient :
- Votre texte doit se dérouler pendant la période des fêtes de fin d'année.
- vous devrez donc intégrer des références à l'hiver et à Noël pour créer une ambiance.
- Vous devrez intégrer quatre personnages : le personnage principal, le ou la meilleur.e ami.e, le coup de coeur, le ou la concurrent.e. l'un d'entre eux devra adorer la période de Noël, et un autre, au contraire, n'aime pas ce moment de l'année.
- et si vous le voulez, vous pouvez ajouter : Une personne âgée mystérieuse, qui donne des conseils quand on la croise; Un chien ; Un enfant (sympa ou casse pied, à vous de voir) ; Un.e patron.ne despotique ; Un parent/proche bien intentionné mais qui au final sème la confusion.
- vous devrez intégrer au moins 3 des situations suivantes à votre texte: Une tâche doit être réalisée dans un délais très court ; Un rendez-vous à la patinoire ; Une bataille de boule de neige ; Faire des gâteaux/de la pâtisserie à deux ; Se rendre à un bal ; Le personnage principal se retrouve à fréquenter quotidiennement/travailler avec le coup de cœur ; Un secret de famille est révélé ; Revenir dans la ville/village natal pour se ressourcer
- la fin doit être une Happy End
- le texte devra faire au minimum 2000 mots et être publié avec au moins 3 chapitres

Bonne Lecture ;)

1. Chapitre 1 by Popobo

2. Chapitre 2 by Popobo

3. Chapitre 3 by Popobo

4. Chapitre 4 by Popobo

5. Epilogue by Popobo

Chapitre 1 by Popobo

Après une longue journée de travail, Candice Everdeen venait de rentrer chez elle, dans son appartement de Manhattan. La trentenaire aux cheveux blonds bouclés avait passé sa journée au téléphone à échanger avec son patron au sujet de la prochaine couverture de magazine. Candice était graphiste et réalisait des dessins ou des montages pour des clients divers. Mais elle regrettait toujours de passer plus de temps à négocier ou justifier son travail devant un patron autant incompétent qu’acariâtre, qu’à dessiner et créer.

Quand elle rentrait chez elle, Candice avait son rituel. Elle quittait ses escarpins, troquait son tailleur pour un jogging et un large tee-shirt. Elle détachait ses cheveux tressés et enfin, s’effondrait sur le canapé. Quand enfin elle reprenait un peu d’énergie, elle se levait pour se préparer à manger et s’installait ensuite à nouveau dans le salon pour se faire un très chic plateau télé.

Ce soir-là, avant de lancer son téléfilm du soir, elle prit le temps de consulter son courrier qu’elle avait récupéré dans sa boite aux lettres avant de monter au dixième étage de son immeuble. Elle avait reçu deux lettres, un flyer et une grande enveloppe blanche tamponnée en Arkansas. Elle délaissa rapidement les lettres et publicités pour prendre connaissance du courrier qui lui semblait officiel.

L’Arkansas, elle n’y avait pas remis les pieds depuis plus de vingt ans. La jeune célibataire se demandait bien qui pouvait lui écrire.

« Cabinet de notaire de la ville de Kingston en Arkansas – dossier de succession de Madame Everdeen »

Candice n’était pas sûre de bien comprendre. Elle délaissa complètement le téléfilm qui défilait toujours à l’écran, se redressa sur son canapé et rattacha ses cheveux pour s’installer plus sérieusement et se concentrer davantage sur la lecture.

Le notaire de sa ville natale la conviait à son office afin de lui présenter les détails de son héritage suite au décès de sa grand-mère paternelle.

Candice était complètement déboussolée. Elle avait perdu tout contact avec la famille de son père depuis des années.

Vingt-et-un ans plus tôt, Candice avait tristement perdu son père dans un accident de voiture. Accablée par le chagrin, sa mère avait quitté la ville de Kingston l’année suivante pour emménager à Manhattan avec sa fille, alors âgée de cinq ans. Depuis la mort de son père, Candice n’était jamais retournée en Arkansas bien que sa grand-mère y vivait toujours.

Ce courrier si officiel, froid et austère venait ainsi de lui apprendre, non seulement, le décès de sa grand-mère, son dernier lien avec son père, mais aussi que celle-ci possédait une boutique et une maison qui lui revenaient de droit.

Le professionnel de l’état souhaitait la rencontrer dans le mois à venir. Candice se demandait déjà comment elle allait s’organiser pour réussir à se libérer pendant plusieurs jours afin de se rendre dans le sud du pays.

- - -

Après une négociation serrée avec son patron, la jeune femme réussit à prendre trois jours de congé à la fin du mois de septembre mais elle avait malheureusement dû jouer la carte du courrier officiel pour que son supérieur lui accorde des vacances.

Pour la graphiste, cette virée forcée en Arkansas était malgré tout, une bonne occasion pour faire une pause largement méritée dans son travail acharné.

A la sortie de l’aéroport, Candice, en jeune amatrice de technologies, consulta son téléphone. Pendant les quatre dernières heures, elle avait été déconnectée du monde, sans réseau. Alors que la jeune femme cherchait un taxi, déjà cinq appels manqués et douze textos non lus s’affichaient sur son écran. Son patron avait essayé de la joindre tout comme Emy, sa meilleure amie qui s’inquiétait déjà de savoir si son voyage s’était bien passé.

Quelques minutes plus tard, le taxi déposa la jeune femme blonde à la seule adresse qu’elle avait et qui était répétée plusieurs fois sur le courrier du notaire. « 15 rue principale – Kingston – Arkansas  »

En ce début d’après-midi du mois de septembre, le soleil était encore haut et chaud dans le ciel. Candice, toutefois, n’était pas éblouie. Sa valise à la main, elle resta figée un instant devant la ville et la rue qui se présentait à elle. Les maisons et boutiques en bois, certes colorées, lui paraissaient ternes. La rue était calme. Pas de voitures, pas de klaxons, très peu de piétons, pas de lumières ou de spots publicitaires. Candice eut presque l’impression d’avoir fait un bond dans le temps en plus de son voyage dans l’espace. Loin des technologies new-yorkaises, elle avait l’impression que le temps, ici, était étrangement resté figé dans le siècle dernier.

Au numéro 15 de la rue principale - mais probablement de la seule rue de la petite ville du pays, pensa-t-elle - se dressait la devanture d’une ancienne boutique. La façade autrefois rose et jaune était désormais écaillée. Les vitres recouvertes de poussière ne laissaient rien transparaître.

Toutefois, quand Candice lut les lettres à moitié effacées de l’enseigne, une troublante émotion la saisit. « Candy Story » lui évoquait beaucoup de tendres souvenirs qu’elle avait oubliés et même enfouis. L’ancienne boutique de confiseries était bien pâle désormais.

Candice remarqua à la fois avec tristesse et horreur que les deux autres boutiques de part et d’autre de la confiserie étaient elles-aussi à l’abandon. Elle devina qu’il s’agissait d’une ancienne papeterie à droite alors qu’à gauche devait se tenir un salon de coiffure, probablement, car seul un dessin d’une paire de ciseaux restait visible sur le fronton.

Candice se lamentait de la triste mine de cet ensemble immobilier. Elle pouvait à peine imaginer que sa grand-mère, qui avait plus de quatre-vingts ans, avait pu encore loger ici quelques mois auparavant.

Tout à coup, la sonnerie de son téléphone sortit la new-yorkaise de ses songes.

- Oui, salut Emy. Oui, je suis arrivée. Oui, le voyage s’est bien passé. Non, je n’ai pas eu Patrick au téléphone. Oui, j’ai eu ses messages. Non, je ne vais pas le rappeler, tu peux lui redire que je suis en congé. Et tu sais très bien qu’il m’énerve et qu’il devrait pouvoir gérer ça tout seul… Non, je n’ai pas encore vu le notaire. Je ne sais pas encore, récita Candice en réponse aux questions de sa meilleure amie et collègue restée à New-York. Je vais chez le notaire et puis je vais tenter de me trouver un hôtel. Je te rappelle ce soir. Oui, promis.

Suivie de sa valise à roulettes, Candice, perchée sur ses talons hauts, parcourut la rue. Elle constata que certaines boutiques étaient, à l’instar de celle du numéro quinze, tristement abandonnées. Toutefois, le coeur de la ville restait heureusement dynamique. La jeune femme blonde croisa plusieurs habitants qui la dévisageaient étrangement de la tête aux pieds. Apparemment, son allure new-yorkaise dans ce coin de l’Arkansas dénotait légèrement. A moins que sa valise ainsi que son regard inquiet et chercheur la trahissaient en tant, non pas d’une touriste, mais comme une étrangère.

Candice ne reconnaissait rien à la rue principale qui s’étendait devant elle. Elle trouva l’office notarial entre une librairie et une agence d’assurance. Son rythme cardiaque s’accéléra légèrement lorsqu’elle poussa la lourde porte en verre et à la poignée dorée.

- Mademoiselle Everdeen, je suis ravie de vous recevoir. C’est un plaisir de faire votre connaissance, charma l’homme au costume marron et à la cravate couverte de gros motifs jaunes.

La graphiste ne quittait plus de vue cette horrible association. Elle restait figée et hypnotisée par l’allure démodée du quinquagénaire qui l’accueillit sans réussir à se concentrer sur son discours.

- … Votre grand-mère paternelle possédait un ensemble immobilier avec appartement et boutique. En tant que seule héritière, vous devenez donc immédiatement propriétaire de ces biens.

Candice écoutait sans vraiment entendre. Toutes les informations que développait l’homme d’état n’avaient pas beaucoup de sens.

- Vous savez, la confiserie de votre grand-mère était très appréciée autrefois et encore il y a quelques années…

Le notaire avait changé de registre et avait quitté son vocabulaire officiel pour désormais parler plus personnellement et sincèrement.

- Donna Everdeen est restée longtemps derrière son comptoir. Jusqu’à ce qu’elle tombe malade et qu’elle séjourne à l’hôpital, elle était là tous les jours ou presque, pour servir les enfants, petits et grands. Moi-même, je m’arrêtais régulièrement pour m’acheter un sachet de caramels... Sa bonne humeur et son sourire suffisaient à nous donner envie d’y retourner le jour suivant. Et chaque mois, elle avait toujours de nouvelles dragées à nous faire découvrir...

La gourmandise de l’homme au ventre arrondi fit sourire Candice mais pourtant, elle ne se sentait pas vraiment concernée par le discours nostalgique du notaire.

Une fois ses souvenirs sucrés mais également languissants énoncés, le notaire reprit sa fonction et son rôle devant le visage visiblement absent et peu investi de sa cliente.

- Je peux dès aujourd’hui vous transmettre les clefs de votre propriété de la rue principale. Pour la suite du dossier, je vous tiens au courant.

Dans la main de Candice, un imposant trousseau d’une dizaine de clefs tomba alors lourdement.

Avec sa valise à bout de bras, et les clefs dans son autre main, près d’une heure plus tard, Candice fit le chemin inverse le long de la rue principale, l’esprit et le pas beaucoup plus lent et pesant.

Elle manqua presque de lever la tête en arrivant au numéro quinze. Candice, habituellement active, bavarde et énergique, s’étonnait elle-même d’être aussi fatiguée, terne et abattue.

Timidement, elle testa plusieurs clefs métalliques avant de pouvoir entrer dans la soi- disant antre de sa grand-mère qu’elle connaissait si peu. La porte grinça, la valise à roulettes résonna sur le parquet. La femme la laissa sur place et observa la pièce.

Candice, complètement déboussolée par ce premier après-midi en Arkansas, déambula alors dans sa nouvelle propriété qui n’avait rien à voir avec son grand appartement de Manhattan. La pièce principale de la boutique était aussi grande que sa chambre et son dressing, et mesurait à peine trente mètres carrés. Des étagères en bois étaient installées sur deux pans de mur. Un vieux comptoir était le seul meuble encore présent et plaqué contre le mur en face de la large vitrine. Ses talons résonnèrent dans la pièce vide et poussiéreuse. La seconde salle devait être l’arrière- boutique. Des cartons y étaient encore entassés.

Le notaire avait dit que tout l’ensemble, maintenant, était à elle. Mais Candice ne saisissait pas, elle ne se rendait absolument pas compte encore de ce que cela signifiait. Loin de New-York, de son appartement, de son bureau et de ses planches à dessin, la jeune femme se sentait vraiment perdue.

Le notaire lui avait dit que la boutique avait fermée trois ans auparavant et depuis plus personne n’était entré dans le magasin. Il avait ajouté que Donna Everdeen avait continué de vivre dans son petit appartement à l’étage jusqu’à être définitivement hospitalisée le trimestre dernier.

Candice redoutait un peu de monter les escaliers en bois qui se trouvaient dans le couloir, au fond de l’arrière-boutique.

Elle avait bien compris être la seule personne proche de la famille de l’ancienne propriétaire. Toutefois, Candice ne pensait pas être la personne la plus appropriée pour se permettre de revenir en ces lieux. Elle se sentait gênée avec la désagréable impression de profaner l’appartement.

La cuisine tenait dans sept mètres carrés. Sur la table se tenaient encore un vase et un dessous de plat. Un buffet en bois occupait toute la largeur de la pièce et regorgeait de vaisselle d’un autre siècle. Machinalement, Candice testa l’évier. De l’eau claire en coula. L’électricité fonctionnait aussi. Tout était vieux et petit mais tout était aussi en ordre et propre. L’appartement de sa grand-mère n’avait rien à voir avec celui de sa petite-fille à New-York, mais Candice devait bien reconnaître, qu’il était assez cosy et chaleureux. Dans le salon, une table en merisier trônait au centre entourée de ses quatre chaises paillées. La jeune graphiste n’avait pas vu ce genre de mobilier depuis des années. Alors qu’elle déambulait près du grand fauteuil en cuir de sa grand-mère situé juste à côté de la fenêtre, elle prenait conscience, presque avec tristesse, qu’elle n’avait aucun souvenir des lieux. Rien ici ne la concernait.

Pourtant, il serait forcément nécessaire de faire le ménage dans cet appartement abandonné. Elle n’avait vraiment aucune idée de ce qu’elle ferait de tous ces objets, de tous ces meubles qu’elle découvrait en avançant doucement à travers les pièces. Elle savait encore moins ce qu’il adviendrait de la boutique et du minuscule appartement eux-mêmes alors elle s’étonna de penser subitement à trier ou jeter les affaires de Donna Everdeen. Elle pouvait très bien aussi vendre en l’état, faire passer une annonce dans une agence qui gérerait tout à distance et à sa place.

Candice se sentait perdue dans cet endroit si étranger qui était désormais à elle. Certes, elle était déjà venue avec ses parents, elle n’en doutait pas. Elle se sentait honteuse de ne se rappeler de rien. Mais elle était si jeune quand son père s’était tué en voiture. Elle n’avait aucun souvenir.

Dans la chambre de sa grand-mère, le lit était fait. Recouverts d’une épaisse couverture, les draps semblaient impeccablement tirés. Candice s’installa sur le rebord et prit un coussin aux motifs floraux entre les bras.

Elle regardait pensive, les cadres accrochés aux murs, quand tout à coup, son téléphone sonna et la rappela à la fois à la réalité et au présent.

Elle n’avait pas rappelé Emy…

- Tu ne m’as pas rappelée, ça va ?
- Oui, ça va, répondit Candice d’une voix étonnamment chevrotante.
- Vraiment, tu as l’air bizarre ?
- Ca va, ça va, j’te dis, ajouta la femme blonde en retrouvant une voix normale. Le rendez-vous chez le notaire a duré longtemps. Je n’ai pas saisi tout ce qu’il m’a raconté mais en gros, je t’annonce que je suis propriétaire d’une vieille boutique de bonbons et d’un appartement minuscule qui appartenaient à ma grand-mère…
- Oh ! s’exclama Emy au téléphone sans savoir si c’était une bonne ou une mauvaise nouvelle. Et tu vas faire quoi ?
- Bah, j’en sais rien, soupira Candice qui s’était levée et regardait maintenant les photos noires et blanches dispersées dans toute la pièce.
Alors qu’Emy lui parlait d’un agent immobilier qui pourrait éventuellement lui venir en aide et la conseiller, la new-yorkaise tomba sur une photo de ses parents où elle pouvait voir son père tenir un bébé dans les bras. Dans le cadre suivant, elle reconnut une photo d’elle encore poupon et alors, Candice cessa d’écouter son amie.

- Candice... Candice… Tu m’entends, oui, je te disais que si tu veux des conseils, Kyle pourrait t’aider. Il est originaire de l’Arkansas aussi, c’est le mari du cousin de mon ancien copain. Je suis sûre qu’il serait content que tu l’appelles…

- Ouais, je verrai demain ce qu’il se passe ici. Je te tiens au courant. Bisous Emy.

- Tu me rappelles hein, n’oublie pas. Raconte-moi tout, c’est vraiment trop énorme ce qu’il t’arrive ! Bisous ma chérie.

Contrairement à ce qu’elle avait dit à Emy, Candice décida de rester ici pour son séjour. Elle n’irait pas à l’hôtel. Revenue dans la cuisine, elle était sûre de trouver une boite de conserve et une casserole dans le vieux buffet. Loin de ses habitudes new-yorkaises et malgré l’inconfort, elle décida étrangement de s’installer dans cette vieille confiserie. Elle passerait ainsi ses deux derniers jours de congé dans la maison de sa grand-mère… Dans sa maison...

Chapitre 2 by Popobo

Quand elle se réveilla le lendemain matin, Candice s’étonna d’avoir si bien dormi. Toutefois, elle mit un instant avant de se rappeler où elle avait passé la nuit et pourquoi elle se retrouvait ici, dans ce vieux lit en bois plutôt que dans son large futon japonais de son appartement new-yorkais.

Rapidement, elle prit ses marques dans le petit appartement du fin fond de l’Arkansas. Elle réussit à se préparer un café en faisant bouillir de l’eau dans une casserole et en se servant dans le vieux pot en verre étiqueté « café ». Elle dut attendre plus de cinq longues minutes, lenteur incomparable à sa machine expresso qu’elle utilisait bêtement chaque matin. Rapidement douchée, elle décida de commencer sa journée par faire des petites courses en espérant trouver près de chez elle de quoi remplir les placards afin de pouvoir manger jusqu’au demain midi.

Son sac à main sous le bras et ses hauts talons aux pieds, Candice sortit habillée d’un jean bleu et d’une chemise blanche, ses longs cheveux blonds ondulant sur ses épaules. Elle prit la direction de la veille, vers l’agence du notaire, persuadée être passée devant une épicerie.

Après seulement quelques dizaines de mètres, elle trouva son bonheur avec un tout petit commerce à la devanture très réduite mais qui semblait proposer tout une gamme de nourriture. En entrant, elle constata que le magasin était beaucoup plus large et grand que la vitrine. Candice trouva ce qu’il lui fallait, un paquet de biscottes, un pot de beurre de cacahuètes, un sachet de pâtes, un tube de sauce, des pommes, du bacon et du café soluble. Par chaque personne qu’elle croisait dans les rayons de la boutique, elle avait l’impression d’être désagréablement dévisagée. Légèrement gênée, Candice tenta de dissiper ces malaises en restant polie et en saluant d’un simple « bonjour », les autres clients.

Elle retourna péniblement les bras chargés jusqu’au bout de sa rue où se trouvait l’ancienne confiserie. Debout devant la porte vitrée, son lourd sac de courses posé à ses pieds, Candice cherchait difficilement le trousseau que lui avait confié le notaire tombé dans le fond de son sac.

Une fois ses maigres courses déposées sur la table, Candice se sentit bien embêtée. Elle n’osa pas ranger les affaires dans les placards et n’avait pas d’autres occupations auxquelles s’atteler. Elle n’avait ni ordinateur, ni réseau pour éventuellement s’occuper à travers un écran, aussi, elle décida d’aller davantage se promener dans la ville où sa grand-mère avait visiblement passé toute sa vie.

- - -



Candice se dirigea cette fois-ci dans l’autre direction de la rue principale. Loin de l’agence notariale et de l’épicerie, elle observa ainsi les autres boutiques et les autres bâtiments de la ville. Dès qu’elle le put, elle tourna aussi dans une rue perpendiculaire et s’éloigna du centre ville. Kingston n’était pas une grande ville, c’était même un gros village, si bien qu’une fois sorti de l’axe principal, les habitations et constructions se faisaient de plus en plus rares. Toutefois, elle passa devant un petit hôpital, probablement là où sa grand-mère avait fini sa vie, un grand bâtiment orange qu’elle imagina être une salle de sports et enfin, une école. Derrière la cour de récréation, la promeneuse aperçut un parc avec un étang et s’y dirigea naturellement. Elle passa devant la grille de l’établissement scolaire et son regard fut attiré par une affiche aux couleurs roses et jaunes très criardes. Par déformation professionnelle, elle ne put s’empêcher d’y apporter un regard critique. La page paraissait parfaitement réalisée par un amateur, ce qui n’avait rien d’étonnant. L’un des parents investi avait fait ici un bon travail car il avait réussi à attirer l’attention avec les couleurs et les polices d’écriture très larges. Candice apprit ainsi que l’association des parents d’élèves cherchaient des bénévoles pour préparer la future parade de Noël.

L’automne était à peine commencé pensa la graphiste, que déjà certains pensaient et préparaient Noël. Elle trouvait cela tout à fait ridicule. Quittant son regard des affichages scolaires, elle préféra retourner à la contemplation du paysage. S’engageant dans le chemin de randonnée qui bordait l’étang, elle perdit complètement conscience que la ville se trouvait à quelques mètres derrière elle. Bercée par le vent qui soufflait et par le crissement des feuilles sous ses pas, elle marcha ainsi l’esprit ouvert. Les pensées se chevauchaient dans son esprit mais elle réussissait toutefois à profiter de la promenade. Se trouver si loin de New-York et si près de la nature ne lui était pas arrivé depuis longtemps. A cette pensée, elle imaginait même avec le sourire entendre Emy lui rétorquer que cela ne lui était jamais arrivé. Pourtant, Candice se sentait bien dans ce parc, naturellement bien.

Ses pensées furent tout à coup interrompues par un aboiement vif. Un beau labrador doré se tenait derrière elle et semblait l’interpeller. Candice regarda surtout aux alentours afin de vérifier que le propriétaire se trouvait effectivement à proximité. Malheureusement, elle n’aperçut personne. Ce parc, comme le reste de la ville, était très calme, désert. Cela avait des avantages, le calme était agréable, mais pour Candice, l’endroit paraissait tout à coup désagréablement vide et inquiétant. Elle réalisa alors que l’agitation et les bruits de New-York lui tenaient quand même à coeur et qu’ils étaient, d’une certaine façon, rassurants. Entre calme, silence et agitation, Candice était donc étrangement très partagée par ses impressions.

Le chien continuait de s’agiter follement devant elle. La trentenaire n’avait jamais eu de chien dans sa vie, et même si elle ne les détestait pas, elle n’était pas non plus très à l’aise avec ces animaux. Embêtée par le fait de ne pas comprendre ce que lui indiquait le labrador, elle continua sauvagement son chemin.

Mais si la femme ignora l’animal, le chien, lui continua de la suivre silencieusement.

- Ah vous l’avez retrouvé ? s’essouffla alors un homme qui arrivait en courant face à elle.

Candice se retourna alors seulement pour constater que le chien aux poils dorés l’avait inlassablement suivie jusqu’à la fin de sa boucle autour de l’étang.

- Oh oui, enfin, non, il m’a suivie, bredouilla-t-elle.

- J’étais en train de faire des photocopies à l’école, je l’avais laissé dans la cour mais il a dû trouver le moyen de passer par-dessus le grillage, expliqua inutilement l’homme aux cheveux noirs et aux yeux bleus.

- Il a l’air de connaître le coin, répondit Candice pour tenter d’entamer une conversation.

- Oh oui, Chouki adore courir ici, comme moi d’ailleurs. Par contre, vous, je ne vous connais pas. Vous êtes nouvelle à Kingston ? questionna l’homme tout en caressant son chien venu naturellement se frotter à ses jambes.

- En quelque sorte, je suis Candice Everdeen. Peut-être connaissiez-vous ma grand-mère qui tenait la confiserie… Je suis là pour le dossier de succession.

- Oh ! Mais oui. Bien sûr que je connaissais votre grand-mère. Tout le monde ici la connaissait d’ailleurs. Je n’ai jamais passé une semaine sans entrer dans la confiserie. Ca me manque d’ailleurs de ne plus pouvoir entendre la clochette tinter ou sentir le sucre quand on entrait dans sa boutique. Votre grand-mère était vraiment quelqu’un de bien.

- Je ne la connaissais pas vraiment, même pas du tout, avoua Candice qui se sentit toutefois émue par les souvenirs de son interlocuteur.

- Je connais quelqu’un qui passerait des heures à vous parler de Donna, si vous voulez, sourit l’inconnu. Je suis Henri Walsh et ma tante, Gina, était la plus proche amie de votre grand-mère.

Candice observa plus attentivement Henri. Vêtu d’un simple tee-shirt et d’un jean, la new-yorkaise devina que l’homme était sportif. Les cheveux à peine grisonnants, il devait avoir moins de quarante ans, pensa-t-elle.

Tout en continuant leur conversation, les deux promeneurs continuèrent, l’un à côté de l’autre, leur chemin en retournant vers le centre-ville.

- Et alors, qu’allez-vous faire de la boutique ? demanda avec curiosité Henri alors qu’ils arrivaient au début de la rue principale.

En marquant une pause sur le trottoir, l’homme semblait même avoir les yeux pétillants en attendant la réponse. Candice comprenait qu’il aurait été ravi de revoir réapparaître les rayons de dragées et de caramels et eut presque de la peine en lui répondant.

- Je ne sais vraiment pas. C’est encore trop frais pour moi. Je ne m’attendais pas à ça. Mais ma vie est à New-York… Sincèrement, je ne sais pas du tout de ce que tout ça va devenir.

Le sourire de Henri se décomposa presque. Ses émotions pouvaient facilement se lire sur son visage. Il ne réussit donc pas à cacher sa déception.

- Je vous laisse, ici, je retourne à mon atelier, salua-t-il cependant en montrant de sa main la direction qu’il allait prendre. A bientôt j’espère.

- Merci Henri pour cette balade et à bientôt j’espère…

Candice resta un instant figée sur le trottoir à observer Henri et son chien marcher tranquillement vers l’est de la ville, avant d’elle-même reprendre son chemin vers son point de départ.

L’après-midi était bien entamé mais le soleil continuait de briller. C’était une belle et agréable journée d’automne. Candice ne savait pas du tout comment elle allait occuper la fin de sa journée mais choisit malgré tout de rentrer dans l’appartement de Donna.

- Vous êtes la nouvelle propriétaire ? l’interpella alors une voix d’homme derrière elle,

Candice se trouvait sur le seuil de l’ancienne confiserie, la main une nouvelle fois plongée dans son sac, à la recherche de son gros trousseau.

- Comment ?

- J’ai appris que Madame Everdeen était décédée. J’imagine que si vous avez les clés de cette boutique, c’est que vous devez être son héritière.

- Euh, oui, je suis sa petite fille, rectifia Candice en sortant enfin ses clés.

- Je me présente, je suis Edgar Jones, promoteur immobilier, annonça-t-il en tendant une carte de visite bleutée à la jeune femme. Je ne sais pas quels sont vos projets avec cette bicoque, mais sachez que je suis intéressé par ce bien tout à fait atypique. Cela fait plusieurs années que je tente de l’obtenir, mais votre grand-mère était une femme tenace.

Candice posa enfin les yeux sur l’homme qui lui faisait face. Agé probablement d’une cinquantaine d’années, Edgar Jones portait une barbe fournie et des cheveux courts châtains. Son costume gris et sa chemise blanche lui donnaient tout à fait l’allure d’un businessman envahi et passionné par son travail. Sa voix avait la particularité d’être à la fois suave et forte mais dérangea assez immédiatement la new-yorkaise qui resta perplexe et muette.

- Surtout n’hésitez pas à m’appeler, continua-t-il. Je serai ravi de prendre en charge votre dossier. Vous ne me semblez pas être de la région. Je suis sûr que vendre serait une bonne affaire pour vous aussi. J’attends votre appel, mademoiselle.

Candice resta encore un instant subjuguée par cette étonnante et déstabilisante rencontre. Elle glissa la carte que lui avait donnée l’agent dans la poche arrière de son jean sans y accorder davantage d’intérêt.

Le lendemain Candice se leva avec un mal de tête. Ses rencontres de la veille l’avaient visiblement perturbée toute la nuit. Ainsi, elle avait rêvé de cartons entassés, d’une maison écroulée, de gravats mais aussi d’un chien qui courait après son maître qui lui-même était en train de courir après des bonbons au caramel. Tout s’embrouillait dans son esprit. Son retour à Kingston, dans son village natal, après plus de vingt ans d’absence, l’avait vraiment perturbée. La jeune femme avait besoin de retrouver son quotidien, son appartement, son lit japonais et son café expresso ainsi que ses planches à dessin et même son horrible patron pour reprendre ses marques.

Ainsi, après deux jours à Kingston, Candice était en train de faire sa valise sur le lit beaucoup moins bien fait qu’à son arrivée. Elle était sur le point de partir.

Debout sur le seuil de la boutique, la jeune femme utilisa une dernière fois le lourd trousseau et referma la porte vitrée qui grinça à nouveau. Elle n’avait toujours pas pris de décision quant à son bien très particulier. Mais, pour l’instant, quitter Kingston lui convenait parfaitement. Ici, rien ne l’attirait. Rien d’intéressant pour la graphiste moderne et active qu’elle était devenue. Son séjour, ici, était terminé.

Chapitre 3 by Popobo

Installée à son bureau, les yeux rivés sur son écran, Candice pestait. Elle était énervée et tentait de calmer sa colère. Son patron venait de l’appeler et de la harceler au téléphone. Devant sa surdité congénitale, elle lui avait raccroché au nez. Candice adorait créer des pages de pub ou inventer des affiches, mais elle ne supportait plus devoir rendre des comptes à un patron qui ne respectait pas et ne voulait pas comprendre son travail.

Pour sa pause déjeuner, Candice devait rejoindre Emy au restaurant, au bas de la rue où se trouvait leur agence. La jeune femme était encore énervée quand elle salua sa meilleure amie.

- Allez raconte-moi, qu’est-ce qu’il t’arrive ? Depuis tes vacances en Arkansas, tu n’es plus la même. Que se passe-t-il ?

Cela faisait deux mois que Candice était rentrée de Kingston avec pour seul souvenir de son séjour, le gros trousseau de clés transmis par le notaire.

- J’en ai marre de cette vie, de ce patron. Il se passe toujours les mêmes choses ici, ma vie n’avance à rien. C’est l’horreur.

- Ici ? Parce que tu crois qu’ailleurs ce serait différent ? s’étonna Emy.

- Oui. Peut-être, répondit instinctivement Candice. Enfin, je n’en sais rien….

- Oh toi, tu as la tête ailleurs, répéta Emy qui connaissait bien son amie. La boutique de ta grand-mère ne te quitte plus l’esprit, on dirait.

- Mais oui, je ne sais pas quoi faire. L’agent immobilier, ce Edgar Jones m’a contacté. Je ne sais pas comment il a eu mes coordonnées mais il m’a reparlé de vente. Je pensais avoir fait mon choix, mais j’ai aussi repensé à la photo de mes parents et aux souvenirs de la confiserie, ceux de Henri et ceux du notaire. C’est bizarre, je ne sais pas pourquoi, mais ça me touche. Vraiment, je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. On dirait que ce qui se passe à Kingston me concerne et m’intéresse davantage que mes journées de boulot et ma vie ici.

- Est-ce que tu te rends compte qu’à chaque fois que tu me parles de Henri ou de Donna, tu as le sourire, alors que dès qu’on parle de vendre ou d’agent immobilier, tu fais la tête et tu restes silencieuse, précisa Emy pour aiguiller son amie.


La grande et musclée femme brune à la peau mate qu’elle définissait comme sa meilleure et plus tendre amie avait trouvé le point sensible. Candice n’avait pas réussi à se l’avouer, mais sa meilleure amie avait raison. En fin de compte, elle n’était pas prête à vendre. Elle n’était pas prête à autre chose non plus. Elle n’avait pas de projet pour cette ancienne boutique de confiserie, mais assurément, elle n’allait pas la vendre. Et encore moins à cet Edgar Jones qui lui inspirait peu de confiance.

Candice ne le savait pas encore, mais dans moins d’un mois, ses projets allaient complètement évoluer. Un nouvel élément allait à nouveau la faire revenir à Kingston bien qu’elle pensait avoir mis toute cette histoire de côté.

- - -



- Mademoiselle Everdeen ? Bonjour c’est Maître Morris, je vous rappelle pour la clôture du dossier de succession de Madame Donna Everdeen. Pourriez-vous venir à l’office d’ici la fin de l’année. Rappelez moi dès que possible à ce numéro.

Dès que Candice avait écouté le message sur le répondeur de son téléphone, elle avait demandé une semaine de congés pour la troisième semaine du mois de décembre. Puis elle avait rappelé le notaire pour confirmer sa venue. Évidemment, son patron avait pesté, une énième fois. Mais la graphiste avait des heures supplémentaires à récupérer et n’avait rien à se reprocher. Elle était tout à fait en son droit de poser des vacances. D’autant qu’à cette période-là, les commandes étaient généralement bouclées. L’activité de l’agence était largement plus creuse. Son absence se ferait à peine ressentir.

Après trois mois de travail acharné, Candice ne disait d’ailleurs pas non à une nouvelle pause. Elle n’avait pratiquement pas eu de journées de repos depuis son dernier séjour en Arkansas au mois de septembre. La trentenaire avait enchaîné les heures et les journées de travail sans compter et était désormais épuisée.

Alors qu’au milieu de l’aéroport, l’embarquement allait bien commencé, Candice se lamentait encore au téléphone. Son patron continuait de la harceler malgré sa semaine de vacances. La graphiste avait rendu son dernier projet la veille de son départ en insistant qu’elle n’apporterait plus aucune modification, que la couverture lui plaisait comme cela, que tout autre changement ne ferait que revenir au point de départ, et ferait tourner les idées en rond. A l’autre bout du fil, face aux critiques et commentaires de son patron, elle passa par toutes les émotions. Patiente, elle devint rapidement épuisée, blasée, agacée pour finir à se mettre carrément en colère.

- Patrick, débrouille-toi et ne me rappelle plus ! cria-t-elle de sa voix aiguë avant de raccrocher nerveusement.

Quand il la rappela deux minutes plus tard, Candice s’emporta encore davantage. Dans la file pour l’embarquement, sa valise à la main, son billet d’avion glissé entre ses doigts, elle arrivait devant l’hôtesse de l’air quand elle lâcha :

- … Patrick, tu m’agaces. Je démissionne !

Candice eut ensuite toute la durée du vol qui l’emmenait à Kingston en Arkansas pour se calmer, respirer et reprendre ses esprits.

Quand elle fut de retour au premier étage du numéro quinze de la rue principale, Candice avait le sourire. Elle se réjouissait sincèrement d’avoir pu dire ses quatre vérités à son patron. Elle était même heureuse de s’être débarrassée de lui et de ce poste. Elle n’avait pas réfléchi à démissionner, mais sa décision, dans un coup de tête la libérait. Elle se sentait comme soulagée et débarrassée.

A l’heure de son rendez-vous avec Maître Morris, elle avait gardé son sourire et était ainsi prête, pour une fois, à écouter attentivement son discours. Dans son langage très soutenu et très officiel, le notaire lui expliqua alors la clôture du dossier de succession ainsi que celle des comptes.

- Excusez-moi, mais si je comprends bien, vous n’aviez pas vraiment besoin de moi. Vous auriez pu faire tout cela à distance et m’envoyer le dossier par mail, non ?

- Oui, j’aurais pu, avoua Maître Morris.

Candice resta perplexe.

- Mais vous m’avez obligée à me déplacer.

- Non mademoiselle, je vous ai demandé si vous pouviez venir. C’est vous qui avez accepté, et qui êtes là aujourd’hui, je ne vous ai obligée à rien…

- Je ne comprends pas, accusa Candice qui se sentit étrangement leurrée sur ce coup-là.

- C’est bientôt la parade de Noël, j’avoue que d’une certaine manière j’avais envie que vous voyiez cela. C’est vraiment fantastique, vous verrez…

Candice n’aimait pas particulièrement la période de Noël. Elle ne put réprimer une grimace devant l’excuse absurde et ridicule de l’homme d’état qui l’avait piégée.

Candice revint jusque chez elle en traînant presque les pieds. Emmitouflée dans son grand manteau doublée de fourrure synthétique, elle ne remarqua même pas que des flocons commençaient fébrilement à tomber dans l’air glacial. Bloquée par ses pensées obscures elle ne parvenait même plus à s’enthousiasmer de la beauté de l’hiver. Alors que quelques heures auparavant elle était radieuse et heureuse d’avoir quitté New-York et son boulot, Candice commençait à réaliser l’impact de sa décision. Le notaire n’avait pas franchement besoin de sa présence. Elle se retrouvait maintenant bloquée ici en pleine période de Noël et comprenait avec agacement, qu’elle s’était elle-même imposé ou infligé cela.

- - -



Candice se lamentait. Dans le petit appartement de premier étage au-dessus de la confiserie, elle se demandait bien ce qu’elle faisait là. Elle qui s’était réjouie de quitter New-York et prendre une semaine de vacances dans son village natal se sentait désormais perdue.

Pour se donner du courage et retrouver son enthousiasme, Candice décida tout à coup de quitter le triste appartement. Celui-ci avait vraiment besoin de couleurs et de fantaisie.

Elle s’aventura ainsi dans la rue qui se recouvrait petit à petit de neige blanche avec pour unique motivation de trouver de quoi moderniser ce nouvel appartement mais aussi de se faire plaisir.

Pour son plus grand dégoût, elle découvrit naïvement que toutes les vitrines arboraient les traditionnelles couleurs rouges, vertes ou dorées qui venaient inutilement rappeler que Noël se fêterait dans dix jours.

Candice n’avait jamais aimé Noël. Enfant, éloignées de leur famille, sa mère et elle restaient toujours dans leur appartement de New-York et passaient ainsi les fêtes toutes les deux. Pour la jeune femme, contrairement à la plupart des gens, Noël n’était donc pas la fête la plus chaleureuse ou la plus extraordinaire de l’année.

Alors que de petits elfes articulés la saluaient à travers la vitrine de la librairie, la graphiste se demandait vraiment comment elle allait s’occuper pendant les derniers jours de son séjour. Son billet d’avion, déjà assez cher, était acheté. Elle ne pouvait se permettre de l’annuler ou de l’échanger. Et puis entre passer Noël seule ici ou à New-York, elle ne perdait rien de particulier finalement.

Pour se donner du courage et retrouver son enthousiasme, Candice avait surtout décidé de faire des emplettes. Elle voulait moderniser son nouvel appartement et se faire plaisir. Dans la librairie, elle s’acheta deux carnets, un avec des pages blanches et un autre renfermant des dizaines de papiers colorés. La graphiste, malgré son premier jour de vacances, avait une grande envie de dessiner. Elle continua ensuite ses dépenses chez la couturière, le caviste, à l’épicerie, dans la boutique d’ameublement et enfin chez le fleuriste. Elle revint chez elle, les bras chargés et le coeur plus léger.

En rentrant chez sa grand-mère, un grand besoin de nettoyage et de rangement l’emporta soudain. En commençant par le salon, Candice fit du tri dans la pièce, s’amusa à redécorer et moderniser les murs à défaut de pouvoir encore changer les meubles. Grace aux cadres colorés trouvés chez la vendeuse d’ameublement, et aux coussins de la couturière, elle remit rapidement de la jeunesse et de la modernité dans la pièce principale. Comme il faisait froid et que la nuit tombait tôt, elle termina sa soirée assise dans le fauteuil, emmitouflée dans son épaisse couverture polaire, son carnet et ses crayons autour d’elle. Sans voir le temps passer, elle enchaîna les dessins et les croquis sur les feuilles blanches.

La jeune femme avait enfin trouvé une activité pour occuper ses journées. Elle ne savait pas pourquoi ni dans quel but, ni pour combien de temps, mais elle souhaitait trier, ranger, ordonner et moderniser les affaires et les pièces de l’appartement de Donna.

Le lendemain, elle commença ainsi par fouiller dans les affaires personnelles de sa grand-mère. Revoir les deux photos de son père et d’elle-même, accrochées au mur de la chambre de Donna lui avait donné l’idée que peut-être sa grand-mère avait gardé d’autres souvenirs de son père et d’elle-même. Mais les affaires de la vieille dame étaient bien maigres. Toute sa vie semblait se contenir ici dans ces trois pièces ainsi que dans la boutique et l’arrière-boutique. Se souvenant qu’elle passait devant des piles de cartons pour accéder à l’escalier, Candice décida de commencer ses recherches par cette petite pièce où elle ne s’était pas encore attardée.

L’arrière-boutique était surtout un large couloir qui permettait la liaison entre les deux étages. De grandes, larges et hautes étagères s’alignaient et recouvraient l’ensemble des murs. Candice supposa que les réserves des différentes variétés de bonbons proposés en magasin devaient être stockées ici. Mais les étagères étaient désormais vides. Seuls trois cartons étaient restés empilés dans le coin de la pièce assez sombre et devenue poussiéreuse.

Candice préféra emporter le premier carton dans la pièce principale du rez-de-chaussée. Certes, la poussière y était autant présente, mais la vitrine avait l’avantage d’apporter davantage de clarté.

Etant donné le poids du carton, Candice supposa qu’il devait contenir un certain nombre de livres. En effet, les carnets de compte, chacun numérotés et datés, s’alignaient dans le carton. La jeune fille put s’apercevoir que le dernier datait de trois ans auparavant seulement. Sa grand-mère pourtant âgée de soixante-dix ans avait ainsi continué à faire tourner la boutique. Le carton devait bien contenir une trentaine de carnets identiques.

Elle délaissa la comptabilité et s’intéressa plutôt au deuxième carton qui lui était beaucoup plus léger. Candice fut surprise d’y découvrir un pêle-mêle de décorations en tout genre. Des anges, des fées, des coeurs, des lutins, des chevaux, des citrouilles, des fleurs et même des serpents entremêlaient leurs bras, jambes, tiges et têtes. Candice se demandait bien pourquoi tous ces objets étaient restés stockés ici. Visiblement, ils n’allaient plus servir. Pourquoi sa grand-mère les avait-elle gardés ?

Dans le dernier carton, la jeune femme fut aussi déçue de retrouver d’anciens livres de comptes, différents des autres, et beaucoup plus anciens. Le plus vieux remontait à l’année 1963. Son père était né en 1965. Candice conclut toutefois que ses grands-parents avaient élevé leur fils unique dans cet appartement et cette boutique.
Avec les vieux livres de comptes, Candice trouva aussi une balance, une calculatrice, des sachets en papier, des bols en céramique blanche encore intacts et un panneau typique que l’on pouvait voir accrocher sur les portes des vieilles boutiques, où il était noté « ouvert » et « fermé » sur leurs faces.

- TOC ! TOC ! TOC !

Le bruit qui résonna contre la porte vitrée fit sursauter Candice qui, déçue par le contenu des cartons, était en train de refermer chaque boite.

Un garçon se tenait le visage collé à la vitre, les deux mains de chaque côté de ses yeux pour tenter d’apercevoir à travers le carreau terni.

Candice se dirigea vers la porte pour aller lui ouvrir.

- Bonjour ! Que veux-tu ? demanda-t-elle gentiment.

- Est-ce que vous allez rouvrir la confiserie ? demanda le garçon visiblement âgé d’une dizaine d’années, d’une voix aiguë, gaie et intéressée.

- Comment ? Euh… non… bredouilla Candice.

- Ah, oh, s’attrista le garçon.

Un silence gênant s’installa. Candice était embêtée. Elle sentit la peine du jeune adolescent qui était si réjoui quelques secondes plus tôt. Pourtant, elle ne savait pas quoi lui répondre.

- Et sinon, on cherche des parents pour nous aider pour la parade de Noël. Est-ce que vous seriez d’accord.

- Non, mais je ne suis pas un parent moi, s’exclama Candice un peu trop vivement ce qui eut l’effet de faire définitivement disparaître le sourire et la bonne humeur du petit garçon.

- Ah euh, bon et bien… Bonne journée, dit-il alors en repartant les épaules basses, son sac traînant au sol.

Candice était légèrement estomaquée. Ici, des inconnus la sollicitaient très naturellement voire trop naturellement. Les habitants ne la connaissaient même pas que déjà, ils l’embauchaient dans leurs activités. La new-yorkaise, perturbée par ce dérangement referma la porte et préféra retourner à ses cartons.

La belle journée du mois de décembre continua tranquillement. Dehors la neige continuait de tomber. Dans la confiserie, le chauffage que Candice avait volontairement mis au plus fort donnait une ambiance chaleureuse et confortable à la pièce. Installée à même le sol, elle n’avait même pas froid. Dans son pull blanc faussement tricoté, son jean et ses bottes fourrées, elle était parée pour une belle journée froide d’hiver comme elles s’enchaînaient en ce moment.

Pourtant motivée par son rangement, Candice fut toutefois déçue. Elle ne fit aucune découverte particulière. Aucun trésor, aucun secret enfoui. La trentenaire aurait tellement adoré tomber sur une boite mystérieuse comme on en voit parfois dans les films et qui lui aurait révélé quoi faire. Car Candice n’était toujours pas fixée sur ce qu’elle allait faire. Depuis qu’elle avait reçu cette lettre du notaire, quelques mois auparavant, elle avait l’impression de ne plus réussir à réfléchir, ne plus réussir à prendre des décisions. Elle semblait perdue, dépourvue.

Après le repas du midi, elle resta plus d’une heure au rez-de-chaussée à faire la poussière sans que cela ne lui apporte la moindre avancée. Elle resta perdue dans ses pensées jusqu’à ce qu’une nouvelle personne vienne cogner à sa porte.

- Oh mademoiselle Everdeen, je suis ravie de vous voir, salua une vieille dame quand Candice ouvrit en grand la porte d’entrée de la boutique.

- Euh, bonjour madame, répondit poliment Candice sans savoir, pour sa part, qui se trouvait devant elle.

- Ma petite Candice, appelle-moi Gina, s’il te plaît. Ca me fera plaisir, dit-elle d’une voix douce tout en entrant dans la boutique vide.

- Vous me connaissez mada… euh Gina ?

- Tu ressembles tellement à ton père qu’on ne peut s’y méprendre ? Tu ressembles aussi à ta grand-mère aussi, d’ailleurs, quand elle était jeune bien sûre. Aussi blonde et fluette que toi qu’elle était. Pas si grande, mais bien élancée quand même.

La petite grand-mère toute pimpante qui se trouvait devant elle paraissait très bavarde. Le ton enjoué de sa voix et ses yeux pleins de malice plurent immédiatement à Candice. Gina devait bien avoir quatre-vingts ans mais restait tout à fait jeune et dynamique ce qui donna le sourire à la jeune femme blonde qui était ravie de faire une pause dans son nettoyage improvisé.

- Oh mais je suis sotte, je ne me suis même pas présentée. Je suis Gina Walsh, une très ancienne amie de votre grand-mère, énonça-t-elle en serrant la main de son hôte. Elle me manque beaucoup d’ailleurs. Son départ m’a vraiment attristée. Comme la fermeture de la confiserie avait attristé beaucoup d’enfants dans la rue et dans la ville. C’est mon neveu qui m’a parlé de vous quand vous êtes venue au mois de septembre ? Quand j’ai vu de la lumière en passant dans la rue, je me suis doutée que tu étais de retour. Je préviendrai Henri, il sera ravi de savoir que tu es revenue. En ce moment, il prépare activement la parade de Noël de l’école. Il est instituteur et tellement investi pour notre petite ville. J’espère que tu restes jusqu’au jour de la parade. Tu verras c’est magnifique, récita Gina sans que Candice ne puisse l’interrompre. Ca fait si longtemps que tu es venue à Kingston. Tu étais toute petite. Je te vois encore avec des nattes et tes jolies robes en train de manger une sucette sur la première marche de l’escalier. Tu es restée aussi jolie. Et comment va ta mère ?

- Euh... Ma mère vit toujours à New-York... Elle a continué son travail d’architecte et exerce pour de grandes sociétés. Elle est toujours autant occupée.

- Et toi ma jolie ? Que deviens-tu ?

- Je suis graphiste. Je bosse pour un patron … enfin, je bossais pour un patron qui, je pense, tomberait dans les pommes s’il voyait ce que je suis en train de faire ici ?

- Et que fais-tu d’ailleurs ? Que vas-tu faire de cet endroit ? Tu sais que cela m’inquiète beaucoup. Je ne vais pas dire que ça m’empêche de dormir mais quand même cela me tracasse. Toutes les affaires de Donna… Et puis cette boutique… Tu sais qu’elle a toute une histoire. Il s’est passé tellement de choses ici qu’on aurait pu en écrire un livre. La confiserie était le lieu de rendez-vous de beaucoup de jeunes à une époque. Donna en a vu des couples. C’était un lieu tellement chaleureux que certains, mon neveu le premier, y passait ses après-midi entiers quand il était petit.

- Je ne sais pas ce que je vais en faire. Je vais sûrement vendre la confiserie et l’appartement du haut. J’ai ma vie à New-York et puis je ne suis pas commerçante et encore moins confiseuse, répondit Candice désespérée et désemparée mais toutefois heureuse d’avoir une oreille attentive, autre que celle d’Emy qui ne se rendait pas du tout compte de ce qu’elle pouvait traverser. J’ai déjà été contactée, je ne devrais pas avoir trop de soucis pour vendre.

- Vendre la confiserie et l’appartement du haut… Mais que feras-tu du reste alors ? releva Gina en fronçant des sourcils.

- Comment ça, le reste ? s’inquiéta à son tour Candice.

- Et bien le reste, les deux autres boutiques et les deux autres appartements, désigna Gina en tendant chacune de ses bras vers la gauche et la droite. Tu n’es pas au courant…

Candice resta stoïque. Mais de quoi parlait Gina ? Le notaire avait parlé du numéro 15. Elles se trouvaient en ce moment au numéro 15.

- Ma pauvre jolie Candice, tu me sembles complètement perdue. Si on allait en haut, on pourrait se faire un bon thé, qu’en dis-tu ? Et je vais t’expliquer tout ça.

- - -



- Edgar Jones, tu le connais. Oui, ça ne m’étonne pas, il ne perd pas une seconde pour sortir son museau celui-là. C’est un gros promoteur qui ne fait que acheter les petites et vieilles boutiques de la région pour tout casser et revendre ensuite soit le terrain excessivement cher, soit reconstruire à la place de grosses infrastructures aussi moches qu’inutiles. C’est lui qui a fait le gros bâtiment orange à côté de l’école. C’est une salle de fitness. Avant c’était une bibliothèque qui accueillait les enfants, et les plus grands. Maintenant non seulement ça ne ressemble à rien mais surtout ça ne sert à rien, une salle pleine d’engins compliqués, tu parles, c’est très cher et personne n’y va. Personne ici n’a besoin de machines pour faire du sport. C’est complètement ridicule…

Installées autour de la table ronde du salon que Candice avait débarrassé de ses napperons pour y mettre une nappe tissée aux graphismes nordiques qu’elle adorait tant, les deux femmes s’étaient servi un thé de Noël bien chaud. La trentenaire écoutait attentivement Gina qui occupait majestueusement la conversation. Avec sa voix dynamique et captivante, la vieille dame était attachante.

- Bref, tout ça pour te dire, que lorsque le salon de coiffure et la papeterie ont fermé en même temps, à quelques mois d’intervalle, il y a dix ans je crois, Edgar était déjà là tel un chacal, prêt à sortir son chéquier. Tu peux bien imaginer que ta grand-mère qui se trouvait entre les deux n’allait pas se laisser faire. Et effectivement, elle a, elle aussi, sorti son chéquier. Mais je te rassure, elle ne s’est pas déplumée dans l’histoire. Ses voisins étaient ravis de pouvoir lui vendre même à petit prix, leur belle propriété, plutôt que de vendre leur bien à un promoteur qui n’aurait rien respecté, rien gardé des charmes de leur boutique. Donna, elle n’avait rien à perdre, et elle ne voulait pas non plus laisser son ennemi grossir et se servir, alors elle était devenue la propriétaire du salon et de la papeterie. Elle était convaincue, jusqu’à ces derniers jours, que les petits commerces sont nécessaires. Ils sont la condition au bon fonctionnement d’une ville. Elle me disait souvent même que, selon elle, les petites boutiques sont absolument nécessaires dans la vie des gens. Que les commerçants font du lien social et que les hypermarchés et les autres grands ensembles créaient finalement de l’isolement et de la solitude.

Candice écoutait Gina avec passion et intérêt. Elle adorait entendre la vieille dame parler de cette grand-mère qu’elle n’avait pas connue. Elle avait l’impression que celle-ci vivait encore à travers ses paroles et ses souvenirs. Candice appréciait sincèrement le moment. Et puis au-delà de l’évocation de son aïeule, elle était aussi émue par la femme appréciée aux convictions fortes qu’elle semblait être.

- Je ne comprends pas pourquoi le notaire ne m’a pas prévenue, s’offusqua légèrement Candice en réagissant finalement à la tirade de Gina.

- Tu ne t’es pas demandé pourquoi ton trousseau était si gros, fit remarquer Gina avec le sourire.

Effectivement, Candice n’avait pas été très perspicace sur ce point. A chaque fois, elle ne s’était servie que de deux clés pour ouvrir ou fermer les portes de sa propriété et ne s’était jamais posé la question d’à quoi pouvait bien servir les autres clés de son gros trousseau. La jeune femme se trouva soudainement naïve et même ridicule.

- Ce n’est pas rien quand même, réalisa Candice. Ca change beaucoup de choses. De connaître l’histoire de ces trois boutiques change la donne. Je n’ai pas envie d’aller contre les opinions de Donna, avoua-t-elle, mais je n’ai aucune idée de quoi faire pour autant.

- Toi ma petite, tu me sembles toujours perdue et complètement fatiguée. Ce n’est pas rien toute cette histoire, c’est sûr. Je crois que tu auras grand besoin de magie de Noël pour te revigorer.

Chapitre 4 by Popobo

Le lendemain, alors qu’elle avait fini de trier et ranger les affaires de son appartement, Candice n’était toujours pas fixée sur le sort de sa grande propriété. Après le départ de Gina, elle avait davantage analysé son lourd trousseau de clés et avait testé d’ouvrir les boutiques et les portes voisines. Elle s’était sentie encore plus étrangère en entrant dans les maisons des numéros quatorze et seize. Elle avait eu l’impression de pénétrer chez des inconnus. Pourtant, officiellement, légalement, elle était chez elle. Maître Morris lui avait confirmé ce matin même. Lors de sa visite, l’homme d’état en avait profité pour confirmer à Candice que tout l’argent de sa grand-mère lui serait entièrement reversé à la fin de l’année et que cela clôturerait définitivement le dossier de succession. Candice avait, comme lors des fois précédentes, acquiescé de hochements de tête réguliers sans saisir parfaitement le jargon officiel de l’homme à l’éternel costume noisette.

En suivant le conseil de Gina, cette vieille et affectueuse femme, qui remplaçait momentanément, généreusement et inconsciemment, à la fois sa mère absente, sa meilleure amie trop loin et sa grand-mère disparue, Candice s’était acheté une énorme boite de chocolats de Noël chez l’épicier du coin. Gina lui avait également expliqué que d’habitude, c’était chez Donna que les habitants se fournissaient en sucreries et douceurs de Noël mais depuis la fermeture de la confiserie, madame Glasser, l’épicière, avait repris l’activité en plus de ses produits habituels.

Trois jours avant Noël, la ville de Kingston revêtait parfaitement son habit de Noël. La neige recouvrait pleinement les trottoirs et la chaussée. Candice avait aussi décidé de faire un tour au marché de Noël que l’école organisait près de l’étang. Elle n’était pas revenue ici depuis sa promenade automnale où elle avait rencontré Henri et son labrador. En arrivant tranquillement dans le parc, elle sourit en imaginant et espérant à nouveau rencontrer l’instituteur et son chien.

Le paysage ici avait complètement changé. La neige recouvrait le sol à la place des feuilles orange et jaune. Les arbres désormais nus décoraient le parc sobrement. L’étang était complètement gelé. A rester au chaud dans sa boutique, Candice ne s’était pas rendue compte que les températures avaient largement chuté au point de geler la faible hauteur d’eau de l’étang. Des patineurs se faisaient d’ailleurs plaisir en enchaînant des glissades sur leurs patins.

En restant au bord, Candice observait un élégant patineur qui virevoltait avec délicatesse et sportivité. Étonnée, elle remarqua que celui-ci glissa tout à coup vers elle. Ce fut alors qu’elle le reconnut.

- Avec votre bonnet et sans votre chien, je ne vous avais pas reconnu, plaisanta-t-elle en guise de salut.

- Hey Candice. Je suis ravi de vous revoir, répondit Henri Walsh en quittant la patinoire. Comment allez-vous depuis cette journée de septembre ?

- Oh ce n’est pas l’idéal. Je viens de quitter mon travail, le dossier de succession me préoccupe toujours et je me demande vraiment ce que je vais faire, répondit honnêtement la jeune femme par-dessus son écharpe. Mais j’ai fait connaissance de votre tante, Gina. C’est une sacrée bonne femme. Quelle pêche encore pour son âge ! Elle m’épate.

- Oh oui, elle n’arrête pas. Cette année, elle sera encore une fois, en tête de la parade. Tous les ans, elle fait une magnifique lutin de Noël. J’espère qu’on vous y verra aussi, demanda Henri à son tour.

Après le notaire, le garçon gourmand et Gina, Henri était la quatrième personne à lui faire part de la future parade. Finalement, pratiquement toutes les personnes qui lui avaient adressé la parole lui avaient parlé de la fête de Noël organisée traditionnellement dans la ville chaque année à la veille de Noël.

- Pfou, soupira Candice, qui n’était jamais emballée par les fêtes de Noël en général et par les fêtes de village en particulier. C’est pas mon truc.

- Ah bon ! répondit Henri avec déception.

Candice se sentit coupable du silence gênant qui s’installa alors pendant quelques secondes.

- Et la patinoire ? Est-ce que c’est votre truc ? relança Henri, loin d’être abattu. Il y a des patins en libre accès dans le petit cabanon, là-bas. Ca vous tente ?

Candice adressa un large sourire à son cavalier. Cela faisait très longtemps qu’elle avait chaussé des patins à glace. L’envie de patiner au bras de Henri la tentait vraiment. Ainsi, la jeune femme, ne se fit pas prier.

Son partenaire de danse lui tendit la main une fois qu’elle fut prête. Candice s’en saisit et d’un pas léger retrouva rapidement de belles sensations au bout des pieds. L’air était froid et sec. Le soleil brillait. Autour d’eux le lac gelé reflétait des couleurs argentées. Parfois l’un contre l’autre, parfois l’un à côté de l’autre, le couple de danseurs enchaînait magiquement leur chorégraphie improvisée sans jamais se séparer. Des promeneurs autour de l’étang, les regardaient avec des yeux ébahis. Les deux patineurs étaient beaux à observer. Candice et Henri semblaient vraiment s’amuser et prendre du plaisir à glisser avec complicité et élégance sur la glace. Candice se sentit légère comme elle ne l’avait pas été depuis longtemps. Ses soucis et ses doutes semblaient s’envoler à chaque pas de danse. Soutenue et guidée par la main de Henri, elle se croyait intouchable. Elle se sentait forte et confiante. La jeune femme profitait du moment avec extase. Et quand elle croisait le regard de son beau partenaire, elle souriait et exaltait.

Enfin, dans un dernier tourbillon, Candice se retrouva enlacée dans les bras de Henri. Leurs deux visages souriants se faisaient désormais face. La jeune femme avait chaud. Après cette danse flamboyante, ses joues étaient devenues rouges et en plongeant dans le regard bleu et étincelant de Henri, elle se sentit fondre dans ses bras. Les deux danseurs restèrent ainsi, chaleureusement enlacés, pendant quelques longues et tendres secondes sans que ni l’un ni l’autre cherche à rompre l’instant.


Ce fut l’aboiement de Chouki au loin qui ramena Henri et Candice à la réalité.

De retour sur la berge, Henri caressa son labrador pour le rassurer. Non, il ne l’avait pas oublié.

- Je dois passer au chalet de l’école pour voir ce que font mes élèves, expliqua l’instituteur alors que les deux patineurs rechaussaient leurs bottes d’hiver. Est-ce que vous faîtes un tour de marché avec moi ?

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Les deux trentenaires continuèrent ainsi leur promenade ensemble. Henri fit découvrir les spécialités locales à Candice qui écoutait attentivement et passionnément. Bercée par les explications sur les sucres d’orge ou sur les couronnes de houx, elle ne voyait pas le temps passer. Elle constatait aussi qu’à chaque stand Henri était toujours bien accueilli. Tout le monde, ici, semblait connaître et apprécier le bel instituteur. Quand celui-ci présentait poliment Candice auprès des commerçants et des parents d’élèves qu’il croisait, il précisait gentiment, qu’elle était la petite-fille de Donna. Aussi, la jeune femme put également constater l’attachement des habitants envers sa grand-mère. Les conversations importunes devenaient alors très chaleureuses. Candice, souriante se sentait bien, elle se sentait même réconfortée. La bienveillance des différentes personnes qu’elle rencontra ce soir-là, aux côtés de Henri, la toucha sincèrement.

Bizarrement, enivrée par l’ambiance de Noël qui ornait chaque chalet, Candice se sentit pour la première fois heureuse à Kingston. A côté de Henri, son verre de vin chaud à la main, les chansons de Noël qui passaient inlassablement dans les hauts -parleurs, les couleurs rouges et dorées tout autour d’elle, elle n’avait aucune envie de partir. Elle avait même envie de prolonger ces instants.

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Le lendemain soir, Candice fut étonnamment la première spectatrice au pied sa boutique à attendre la parade de Noël. Henri n’avait finalement pas eu trop de difficultés à la convaincre de venir voir la parade de Noël. Toute la ville se mobilisait pour l’événement traditionnel. Ce serait vraiment triste de manquer cela, avait rétorqué l’instituteur.
La musique si entraînante venait facilement égayer la vie dans la rue principale de Kingston à tel point qu’il était difficile de ne pas se laisser distraire et entraîner par la célébration hivernale.
L’espoir de croiser Henri et de passer à nouveau du temps avec lui, avait aussi, et surtout, motivé Candice à venir faire la fête avec les habitants de Kingston. La trentenaire se retrouvait ainsi sur la rue principale devant la vitrine vide de sa confiserie. Montée sur la première marche de sa boutique, elle avait trouvé un point d’observation idéal. Candice n’aurait jamais cru qu’autant de monde se retrouverait ici dans le froid et la neige. Mais à la veille de Noël, les lumières et les musiques de Noël l’emportaient sur les températures glaciales. Sous son bonnet et son écharpe, Candice restait emmitouflée dans son gros manteau à l’abri du vent. La parade arrivait bientôt au niveau du numéro quinze de la rue principale et la jeune femme reconnut déjà le lutin vert et rouge qui conduisait le cortège.

Gina avec son costume marchait au rythme de la musique en lançant joyeusement de beaux confettis dorés qui décorèrent la rue enneigée devant elle. La vieille dame paraissait pleinement à son aise et à sa place. Une nouvelle fois, la jeune new-yorkaise était épatée par le dynamisme et la générosité de l’ancienne amie de Donna.

Derrière le lutin, une chorale d’enfants coiffés de bonnets rouges avançait avec entrain et Candice entendit alors les chants de Noël résonner dans toute la rue. Étonnamment, la jeune femme se sentit réchauffée. Un sourire s’installa alors sur son visage. Elle ne pouvait le nier, l’ambiance était vraiment agréable.

Les chars décorés de flocons, de boules de Noël, de sapins, de guirlandes ou bien de Pères Noël, étaient aussi surprenants qu’éblouissants et défilaient les uns derrière les autres. Candice devait bien reconnaître le travail, le temps et l’investissement remarquables pour réaliser ces chars. A New-York, les écrans avaient depuis longtemps remplacé les décorations naturelles et originales. Depuis plusieurs années déjà, malheureusement, les images animées et virtuelles se faisaient courantes et majoritaires dans les rues de la Grosse Pomme. Candice s’y était habituée. Mais là, devant les créations artisanales et le spectacle vivant qui se présentait gratuitement et généreusement à elle, la jeune femme ne pouvait pas le contester, la tradition et le naturel l’emportaient royalement.
Candice apprécia chaque instant et prit petit à petit conscience, de ce que le notaire lui avait dit quelques jours auparavant. Elle comprenait enfin ses paroles et pourquoi elle était revenue. Elle comprenait ce qu’elle faisait là et s’étonnait que Maître Morris l’ait bizarrement compris avant elle. Ses racines étaient ici et contrairement à ce qu’elle pouvait croire, elle se sentait chez elle. En regardant défiler les chars, elle imagina alors que son propre père avait lui-même été le petit garçon au costume d’ange ou bien l’elfe de Noël en train de porter des cadeaux. La vie ici ne lui était pas si étrangère finalement. Elle avait beaucoup à apprendre et à découvrir, peut-être même plus qu’à New-York.

Emportée par la magie de Noël qui s’offrait à elle, et par l’émotion, une larme coula alors sur ses joues.

- Vous avez bien fait de venir, susurra alors une voix douce à son oreille.

- C’est magnifique, murmura Candice. Vraiment. C’est un boulot énorme et magnifique. Et puis, Gina est superbe et les enfants ont tous l’air contents et fiers d’eux. Bravo !

Les chars avaient fini de traverser la rue. La parade était terminée pourtant la fête ne faisait que commencer. Bien qu’enneigée et glissante, la route se transforma en quelques secondes en piste de danse. Entraînés par la fanfare qui enchaînait les musiques, les spectateurs, lutins et autres artistes se laissaient entraîner par le rythme.

Emportés par la foule, Henri et Candice se retrouvèrent alors, très rapidement et naturellement, à nouveau main dans la main, tournant et dansant joyeusement. Émus par cette soirée magique, ils s’amusaient. La jeune femme croyait à nouveau rêver les yeux ouverts. Serrée dans les bras de Henri, elle valsait avec bonheur. Se rapprochant de plus en plus, les deux trentenaires se souriaient l’un et l’autre.

Enchaînant les rock endiablés, les valses ou même des tangos improvisés, Henri et Candice ne se lâchaient et ne se lassaient pas. Sans jamais se gêner dans leurs pas ou leurs échanges de mains, les deux danseurs semblaient parfaits l’un pour l’autre. Pourtant, dès que Candice croisait le regard de Henri, elle se sentait imperceptiblement vaciller. Mais immédiatement, la main à la fois ferme et rassurante lui donnait la force et l’énergie pour continuer leur chorégraphie.

Emmitouflée dans ses habits d’hiver, la jeune femme avait chaud. Elle ne ressentait plus le froid ni la torpeur de l’hiver. Au fil de la musique et de ses déhanchements, elle se sentait l’esprit et le corps revigoré.

Aussi, emportée par cet instant chaleureux et envoûtant dans les bras de Henri, la jeune femme, guidée par son envie, finit par se laisser aller, se décider et embrassa son partenaire de danse. Henri, à peine surpris rendit instantanément et passionnément son baiser en resserrant davantage son étreinte. Candice crut rêver. Jamais un baiser ne l’avait autant fait chavirer. Après les bras réconfortants de son partenaire de danse, après son regard pétillant, elle ne pouvait être que séduite par la douceur sucrée des lèvres de Henri.

Entouré par la foule, le couple semblait passer inaperçu.
La neige choisit ce moment-là pour commencer à tomber.

Epilogue by Popobo

Quelques mois plus tard...


- Oui Emy, je serai là pour ton anniversaire. Non je ne vais pas manquer mon avion. Mais oui, bien sûr que je t’apporte une affiche du Candy Story, tu me diras ce que tu en penses. Mais je ne vois pas comment je pourrais oublier, tu n’arrêtes pas de me répéter tout ça depuis trois semaines. Oui, ma chérie, moi aussi, je suis contente de te revoir, évidemment !

Candice mit un certain temps avant de raccrocher. Emy se faisait de plus en plus insistante. Mais elle ne pouvait pas lui reprocher. Les deux amies ne s’étaient pas revues depuis plus de six mois et Candice avait évidemment beaucoup de choses à raconter à sa meilleure amie.

Installée dans la petite chambre à la tapisserie florale, Candice ouvra sa valise. Cela faisait six mois maintenant qu’elle n’y avait pas touché. Son départ pour New-York était prévu pour le lendemain matin. Six mois qu’elle n’avait pas remis les pieds dans la mégalopole.

Alors qu’elle s’apprêtait à glisser une pile de jupes et de tee-shirt dans son bagage, elle récupéra une petite carte qui était restée au fond.

« Edgar Jones, spécialiste en marché immobilier » lut-elle.

Candice sourit alors et réalisant le chemin parcouru et le temps écoulé depuis qu’elle avait fait connaissance de l’agent à la veste grise. Elle sourit mais déchira sans hésitation la carte de visite du promoteur immobilier avant de la jeter à la poubelle.

Peu de temps après la parade de Noël, Candice avait eu une révélation. Après avoir quitté son job à New-York, sa décision de rester à Kingston fut ainsi rapidement prise.

A la fin du mois de décembre, l’argent de l’héritage avait entièrement été versé sur son compte. Donna lui avait légué une belle somme qui permettait à la jeune graphiste de faire des projets sans se soucier pour son avenir. Et la jeune femme avait alors su tout de suite comment elle l’investir.

Aidée par Henri, elle avait pu prendre contact avec des artisans de Kingston et rapidement ses projets avaient pris forme. Elle ne s’était pas attendue à autant d’efficacité, mais voilà que désormais les travaux de rénovation s’enchaînaient depuis plus d’un mois.

Aussi, en ce mois de juillet, la nouvelle habitante de Kingston reprit l’avion pour se rendre une dernière fois dans sa ville d’adoption et laissa à Henri la surveillance de la bonne avancée des travaux, pendant son absence.

Candice avait proposé à son petit copain de la suivre dans son ancienne ville, mais le natif de Kingston n’aspirait absolument pas de se promener dans les rues bondées et agitées de New York. L’ancienne graphiste aurait adoré le présenter à Emy, sa meilleure amie, qui ne le connaissait qu’à distance, et que d’après ses descriptions forcément subjectives. Mais l’instituteur casanier, préférait attendre qu’Emy fasse le déplacement pour faire un jour sa connaissance.

- On se revoit dans cinq jours, salua Candice en embrassa Henri installé derrière le nouveau comptoir qui trônait au centre de la confiserie encore jonchée de bâches blanches et de cartons.

- Tu ne reconnaîtras pas cet endroit mais tu verras ce sera génial, assura Henri en serrant sa fiancée avant de l’embrasser à nouveau.

- J’y compte bien, sourit Candice.

- - -





Encore quelques mois plus tard...



Le premier décembre s’affichait désormais au calendrier. Candice s’était levée tôt et était impatiente. Les travaux étaient terminés depuis un mois. La jeune femme blonde avait passé tout le mois de novembre à aménager et décorer chaque partie de son grand logement.

Séduite par la ville et de plus en plus convaincue par les petites boutiques qui faisaient le charme de la rue principale de Kingston, Candice avait repris les rênes de sa grand-mère. Le grand ensemble du numéro quinze avait retrouvé ses couleurs d’autrefois. La vitrine rose et jaune attirait à nouveau l’oeil à l’entrée de la ville.

Mais à côté de la confiserie, aux numéros pairs de l’ensemble immobilier, la propriétaire avait également remis les lieux en état pour se confectionner ses petits coins tranquilles comme Candice aimait les nommer tendrement. Alors que la confiserie promettait d’être animée et fréquentée, la future commerçante avait transformé l’ancien salon de coiffure en atelier où un large bureau lui permettrait à la fois de gérer ses affaires mais aussi de continuer ses activités de graphiste. Car en plus d’avoir remis sur pied, la confiserie de la ville qui était tant désirée, Candice avait décidé de continuer son métier de graphiste en parallèle mais de manière tout à fait indépendante et occasionnelle.

Dans l’ancienne papeterie, Henri avait quant à lui investi les lieux et les anciennes étagères pour créer, avec le soutien de Candice, une minuscule bibliothèque municipale. Les étagères étaient malheureusement encore bien vides, mais l’instituteur ne s’inquiétait pas et savait qu’au fil des mois, il arriverait à remplir les casiers en bois blanc.

A l’étage, de grands travaux avaient également été réalisés. Candice avait vu les choses en grand. Les cloisons étaient tombées et un grand loft réunissait désormais les trois anciens petits appartements qui se trouvaient au-dessus de chaque boutique. L’ancienne new-yorkaise avait ici gardé ses rêves, ses besoins et ses envies d’espace en vivant dans de grandes et larges pièces ouvertes aux couleurs et décorations vives et modernes.

Candice et Henri n’avaient pas eu de difficultés à monter leurs projets. Le jeune couple s’était très rapidement trouvé des points communs et surtout des valeurs communes. Leur complicité et leurs envies avaient ainsi grandi au fil des jours.

Candice, complètement amoureuse, se réjouissait de pouvoir enfin partager ses projets et ses journées avec quelqu’un.

Car bien qu’Henri resterait à la direction de l’école, il soutiendrait sans soucis la jeune femme. Et pour aider le couple, Gina avait aussitôt répondu positivement. La tante était ravie de revenir au numéro quatorze de la rue principale pour tenir les permanences de la petite mais nouvelle et moderne bibliothèque.

En ce samedi premier décembre, Candice était donc toute excitée. Dans moins d’une heure, l’ouverture officielle de sa confiserie aurait lieu. Tout était déjà prêt. Malgré tout, elle vérifiait à nouveau toutes les étiquettes de prix ; les cuillères étaient accessibles ; sur les sachets le nouveau logo du magasin que Candice avait dessiné, était bien visible ; enfin, les bocaux en verre refermant les inévitables sucreries étaient bien alignés sur les étagères.

Cinq minutes après avoir déverrouillé la porte d’entrée, Candice entendit avec plaisir le premier tintement de clochette. A quelques jours de son deuxième Noël ici, sa nouvelle vie à Kingston, en tant que confiseuse pouvait désormais commencer.

End Notes:

Alors ? Qu'en avez vous pensé ? les clichés sont-ils bien là ?

Est ce trop long ? trop court ?

L'histoire de Candice et Henri vous a-t-elle convaincus ?

Cette histoire est archivée sur http://www.le-heron.com/fr/viewstory.php?sid=1941