Les feux du soleil by ARD_Guillaume
Summary:

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Image : Libre de droits - Montage : Ielenna



A la dérive dans l'espace après une erreur de calcul, l'équipage d'un vaisseau de plaisance va devoir avancer à l'aveuglette, sous peine de subir une humiliation bien pire que la simple réprimande.


Categories: Aventure, Space Opera Characters: Aucun
Avertissement: Aucun
Langue: Français
Genre Narratif: Nouvelle
Challenges:
Series: Aucun
Chapters: 1 Completed: Non Word count: 1270 Read: 1073 Published: 12/12/2018 Updated: 03/01/2019
Story Notes:

Coucou à tou-te-s !

Je reviens vers vous avec une petite histoire écrite aux Octôgones, à Lyon, dans le cadre d'un concours organisé sur place par Génération Ecriture. Le thème était "labyrinthe" et on avait 1h30 pour écrire. Voici le résultat, après avoir un peu retravaillé la fin cependant car elle ne me convenait pas du tout.

Merci Ielenna pour les petites corrections :)

 

L'intrigue, les personnages et l'univers sont de ma création et sont une oeuvre de fiction. Toute ressemblance avec des faits ou des personnes réels serait fortuite.

1. Les feux du soleil by ARD_Guillaume

Les feux du soleil by ARD_Guillaume
Author's Notes:

Bonne lecture à toutes et à tous !

 

Les feux du Soleil

 

 

 

Le spectacle majestueux n’avait pas perdu de sa magie, même après des années à voguer au travers des voies commerciales qui tissaient le Réseau. Les milliards d’étoiles étaient tout autant de spots lumineux perdus dans la voûte céleste qui témoignaient de l’existence d’autres mondes là, au-delà de l’immensité du vide qui leur faisait face. La moitié de ces systèmes était membre du Congrès Galactique, un bon tiers était tout simplement non-exploré et les deux derniers avaient été répertoriés en Zone de confinement car jugés hostiles par le Réseau.

            Sur Terre-Sol, l’humanité avait pris l’habitude de lever les yeux aux ciels et utiliser les quelques milliers d’astres visibles pour s’orienter au gré des saisons. Cependant, avec l’avancée de la technologie, lorsque de nouveaux systèmes avaient été visités, la Voûte avait changé en conséquence, même si ce n’était que légèrement. On avait donc dû créer des navigateurs chargés de cartographier le firmament de chaque système, pour les mettre ensuite en commun afin de dresser une carte galactique permettant les voyages en hyper-vitesse. Au contact des nouvelles civilisations découvertes au cours de cette vague d’exploration, le partage des cultures et des connaissances avaient donné accès au fantasme absolu : les voyages supraluminiques, permettant d’accéder à tous les coins de la galaxie. Jusqu’à s’y égarer.

            Io regardait la projection laser murale sur la passerelle de commande, image recomposée en réalité virtuelle de ce qui se trouvait à l’extérieur du vaisseau dans toutes les directions. Le navigateur était perdu, incapable de reconnaître la représentation stellaire. Le diagnostic central avait révélé un dysfonctionnement du calculateur de saut spatial, ce qui avait résulté en une erreur dans les coordonnées d’arrivée, en plein dans une Terre Sauvage. Non cartographiée, le navigateur était dans l’incapacité de déterminer leur position et par conséquent tout nouveau saut devenait impossible. Ils en étaient réduits à errer en hyper-vitesse en ligne droite, sans but.

« On ne peut pas continuer ça indéfiniment, maugréa Io d’un air sombre. Nos passagers et notre cargaison ne le permettent pas.

— Nous n’avons aucune autre option, capitaine, lui fit remarquer Art. Nous sommes perdus !

— Même à une telle vitesse, il nous faudra des années pour rejoindre le système le plus proche, qui est fort probablement non cartographié. Et nous restons soumis aux lois de la relativité.

— Un saut est impossible sans les coordonnées de départ, insista Ella, la physiciste de bord. On ne peut ouvrir le tunnel Kerr-Newman que si les points de départ et d’arrivée sont connus.

— Vous confirmez que le navigateur ne reconnaît pas cette voûte ? s’enquit Io auprès d’Oa.

— Affirmatif, assura le cartographe. J’ai comparé manuellement avec la base de données embarquée, et je n’ai rien trouvé. La densité d’étoiles indiquerait qu’on se situerait dans l’extrémité d’un des bras. »

            Io se terra dans un mutisme contemplatif. C’était son vaisseau, son équipage, ses passagers, sa cargaison. Sa responsabilité. Elle avait été chargée par le Réseau de mener cette carlingue d’alliage composite et métallique à destination, une mission d’ordre providentiel impossible à déserter. Les conséquences d’un tel manquement étaient si terribles que le réseau ne la sanctionnerait même pas professionnellement, la vindicte populaire s’en chargerait aisément. Elle devait prendre une décision, quitte à ce que cela condamne son navire. Ne rien faire aboutirait de toute manière à un destin funeste.

« Très bien, nous allons effectuer un saut, annonça-t-elle d’une voix ferme et déterminée.

— Capitaine…, objecta Ella d’une voix sidérée.

— Silence ! coupa Io avec autorité. Nous ne pouvons pas rester dans l’univers relativiste, nous devons impérativement nous en affranchir si nous devons mener à bien la mission que le Réseau nous a assignée. Oa, programmez le navigateur pour qu’il considère notre position comme des coordonnées originales. De là, calculez celles correspondantes pour les systèmes détectés depuis notre position. Ella, préparez un saut vers la zone la plus dense du ciel, nous procéderons ainsi de système en système jusqu’à retrouver l’espace congressal. Art, assurez-vous que les réacteurs aient suffisamment de carburant. »

            Chaque membre de l’équipage resta apathique pendant quelques secondes, la regardant d’un air ahuri. Puis, devant son regard alerte, chacun se mit à la tâche. Le premier saut fut effectué après une heure de calcul. La projection laser dévoila un nouveau ciel, plus dense, mais le navigateur demeurait désorienté. Tout le monde se tourna vers Io, mais celle-ci affichait un regard confiant.

« Parfait. Faites un saut en ligne droite, ordonna-t-elle. Longueur de mille années-lumière. »

            Après une autre hésitation déconcertante, Ella suivit les directives et programma le saut. Ils errèrent ainsi de systèmes en systèmes, voguant au hasard au gré des nouvelles coordonnées calculées. Ils passèrent près de nébuleuses aux couleurs surnaturelles qui se découpaient majestueusement dans le ciel étoilé, ou bien à travers des disques protoplanétaires au sein desquels de nouveaux systèmes se formaient sous leurs yeux. Ils longèrent des planètes gazeuses agitées par des tempêtes ionisées, ils rasèrent des étoiles des millions de fois plus massives que le Soleil, ils survolèrent des comètes de glace aux reflets bleutés. Mais toujours sans réussir à retrouver leur chemin, comme s’ils étaient bloqués dans les Terres Sauvages.

La méfiance de l’équipage grandissait au fur et à mesure, chaque saut ajoutant un petit peu plus de crispation dans leurs réactions et leur volonté à suivre les ordres de Io. Le désespoir était une arme terrible lorsqu’on prenait conscience de notre situation. Leur perplexité devant leurs chances d’arriver à bon port s’accroissait au même rythme, nourrissant leur angoisse de ne plus revoir ceux qui leur étaient chers. Ella avait perdu le compte de sauts effectués, Art n’agissait plus que par des réflexes machinaux et Oa ne se tannait même plus à vérifier si le navigateur demeurait perdu. Chacun ne communiquait que par apostrophes pour indiquer les étapes de la procédure de saut qui étaient accomplies, puis Io donnait l’ordre définitif.

Lorsque le paysage changea du tout au tout, arborant alors une voûte d’un noir total dépourvue de toute lumière, la passerelle sombra par conséquent dans un silence absolu, brisé par l’unique bruit de fond des circuits de refroidissement des ordinateurs. Ce n’était pas un défaut du projecteur laser, celui-ci fonctionnait sans heurts. L’espace autour d’eux était vide, ils étaient entourés par le néant le plus absolu. Seule Io affichait toujours la même assurance inébranlable.

« Excellent, murmura-t-elle après quelques secondes.

— Nous sommes sortis de la galaxie, observa Oa d’une voix tendue.

— Faites demi-tour ! commanda la capitaine. Puis visez le centre galactique. »

            Art s’assura que les réacteurs à compression de matière disposaient de suffisamment de carburant pour effectuer un tel saut. Ella s’apprêta à contester la décision de sa supérieure, mais celle-ci la fit taire d’un geste de la main. Ils devaient arriver, ils devaient rejoindre le Réseau. Oa prépara les coordonnées et, devant l’insistance de sa capitaine, Ella effectua les calculs pour le saut qu’elle savait.

Lorsque tout fut fin prêt, Io enclencha elle-même la procédure. L’instant suivant, la toile noire se para de milliers de phares éblouissants. Malgré la saturation d’informations qui le submergea, le navigateur se repéra enfin dans l’immensité galactique, et fut capable de récupérer les données pour terminer automatiquement le saut original, vers leur destination : Terre-Sol.

Cependant, lorsque le vaisseau émergea du tunnel, ce n’était plus qu’une carapace vide, morte, irradiée par les astres de la Zone de Confinement Centrale. Pire que tout, le sacrifice de Io s’avéra vain : le cœur du labyrinthe dans lequel elle s’était retrouvée piégée n’était plus qu’une boule de roches brûlée par l’étoile rougeoyante autour de laquelle elle gravitait. Son instinct avait eu raison : la relativité les avait condamnés depuis bien longtemps.

 

End Notes:

Tadaaa !

Bon, rien de bien flamboyant, je vous l'accorde, mais j'espère que ça vous aura plu quand même :D

A bientôt pour de nouvelles aventures !

Cette histoire est archivée sur http://www.le-heron.com/fr/viewstory.php?sid=1829