Le son assourdissant des bombardes, des cornemuses et le bruit des souliers battant le pavé résonnent dans l’air en ce premier dimanche d’août. Cependant, un petit rien dans l’air Lorientais annonçait un chamboulement dans cette traditionnelle grande parade celtique.
C’est cette fausse note qui est à l’origine de la présence du commissaire Lepennec au grand stade du Moustoir, lieu du crime.
Rien ne l’avait préparé à cette vision macabre. La jeune danseuse en costume traditionnel était assise les mains jointes en une prière muette. Son tablier maculé du sang qui perle encore de sa gorge ouverte en un sourire sordide.

Ils sont apparus à l’orée de la forêt, le vent faisait danser leurs oriflammes.
Une jeune guerrière rousse scrute la brume qui ourle les contreforts du mont Auxois qui domine la plaine. Dans l’aube naissante elle discerne les deux lignes défensives romaines courant le long de l’escarpement.

Le jour se lève et, déjà, résonne les clameurs annonçant la bataille. Au son des carnix la horde de guerriers se déverse dans la plaine.

Ce pourquoi ils s’étaient battus prend fin. Ils ont échoué. Leur défaite sonne le glas de leur monde.
L'oppidum surplombant l'éperon rocheux veille les morts. Alésia n’est plus.

Il n’avait pas pu la laisser à sa vie d’humaine.

Il voulait qu’elle se souvienne, qu’elle se rappelle de leur vie lorsqu’ils étaient tous deux vampires.
Il en rêvait la nuit et espérait le jour.

Il la voyait chuchoter son nom, le nom qu’il avait porté durant sa première vie. Ce nom libérateur qui signifiait le retour des souvenirs. Il se voyait la prendre dans ses bras, et dans un souffle expirer ce nom qui était venu si souvent mourir contre ses lèvres : Brigid.

Il l’avait transformée.
Et maintenant avec un goût amer dans la bouche il attendait son réveil.

Il était un monde où autrefois les représentants des quatre éléments vivaient en harmonie. C’était le temps des elfes et hommes, sirènes, nain de feu, et aeres. Personne ne se souvient ce qui en vint à briser l’harmonie de ces peuples.
Les hommes racontent que les elfes des bois se sont retirés dans la forêt de Darmol, que chaque pierre levée est une demeure des elfes de la lande et que les étangs offrent refuge aux elfes Ondins mais personne n’a plus jamais vu un représentant du peuple elfique en Terre d’Agrasil et les autres éléments sont devenus des légendes.

Nous sommes partis des Îles du Nord vers l’ile Emeraude.
Je me souviens des grands jours de la civilisation Celtique.

Je parcourais alors les champs de bataille sur mon char de la couleur du sang. Les guerriers qui me voyaient devant leurs yeux savaient que la mort était en marche. Morrigane déesse des corbeaux, guerrière et magicienne.

Notre monde n’est plus.
Les derniers Tuatha encore en vie se sont retirés dans les arcanes de notre monde souterrain.
Les siècles d’oubli ont plongé de plus en plus des miens dans la souffrance et la mélancolie.

Je les ai tous vu partir.