Lien Facebook



En savoir plus sur cette bannière

L'épistolaire

Un petit historique

Le genre épistolaire à part entière peut trouver ses racines dans la Grèce Antique et la Rome Antique, où on différencie déjà les missives et les correspondances et l'aspect fictif. Si avant l'invention d'internet, ou même du télégraphe, l'humain a toujours correspondu par les lettres, c'est au XVIIIᵉ siècle qu'on retrouve un véritable essor du genre : d'une part, l'écriture se démocratise au sein de la société, mais on y voit aussi l'expansion du roman épistolaire. Ainsi, si dès l'Antiquité, on peut retrouver des recueils de correspondances, l'émergence du roman épistolaire remonte à la fin du XVIᵉ siècle, en Europe, avec Juan de Segura, Luigi Pasqualigo et Nicolas Breton.

Les possibilités du genre furent toutefois exploitées pour la première fois par Aphra Behn, à la fin du XVIIᵉ siècle, qui introduit notamment le changement de perspective au sein du récit, abandonnant ainsi la voix moralisatrice de l'auteur. Behn développa par la suite toutes les intrigues qui peuvent tourner autour de ces lettres et les conséquences qu'elles peuvent avoir. Le succès du roman épistolaire n'est pas étrange aux procédés de mise en abyme et de récit enchâssé (dont le "texte trouvé"), déjà présents dans les romans et au théâtre, et très prisés par le lectorat du XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècle. On retiendra surtout l'œuvre de Choderlos de Laclos, avec ses Liaisons dangereuses, où il utilise l'épistolaire pour créer une réelle dramaturgie dans son récit. Ce format particulier se développera surtout en Angleterre, en Allemagne et en France, mais on le retrouvera partout en Europe et même dans le reste du monde. Alors que le genre épistolaire s'estompe à la fin du siècle des Lumières, les femmes se lancent aussi dans l'écriture de romans épistolaires.

Toutefois, l'arrivée du télégraphe au cours du XIXᵉ siècle, puis du téléphone, va précipiter la fin du genre épistolaire. Paradoxalement, ça sera à cette époque qu'on trouvera parmi les plus gros succès de ce genre, notamment de la plume de Bram Stoker et de son Dracula. Si certains déplorent la fin de l'épistolaire avec l'arrivée des nouvelles technologies de communication, le roman épistolaire restera prolifique tout au long du XXᵉ siècle, parfois mixé à d'autres genres, avec Katherine Taylor, Virginia Woolf, Stephen King, Alice Walker ou encore, plus récemment, Helen Fielding et Stephen Chbosky. Avec le XXIᵉ siècle, certains auteurs s'affranchissent des limites manuscrites du genre et n'hésitent pas à exploiter les technologies modernes de messagerie, dont les SMS ou les messageries instantanées.

 

 

Qu'est-ce que l'épistolaire ?

Au cœur de l'épistolaire se trouve une correspondance, ou un échange de correspondances, qui peut être fictive dans le cas du roman épistolaire. Toutefois, lesdites correspondances doivent s'unifier autour d'une thématique commune au-delà de celle de leur auteur (ou autrice). On distingue ainsi la fiction de la réalité, aussi bien pour le contenu des correspondances que l'échange lui-même (ainsi, on peut avoir une correspondance entre deux personnages fictifs qui relatent des faits réels). On peut aussi parfois y trouver un but moral de la part de l'auteur, notamment dans les débuts du genre. Dans le cas de correspondances réelles, les ouvrages pourront soit provenir d'un seul correspondant, ou bien d'un recueil effectué par des tiers, avec parfois un retravail derrière.

Dans le cas du roman épistolaire, on pourra souvent les discerner selon le nombre de correspondants et le moment de la correspondance par rapport à l'action décrite, mais aussi à la dynamique propre du récit. Comme illustré dans Les Liaisons dangereuses, le recours au polylogue (une correspondance avec trois personnages ou plus), permet de créer une tension dramatique par le biais de la conscience discordante et la simultanéité des correspondances entre les différents personnages.

On y retrouve très souvent une structure générale très semblable d'un roman à l'autre, avec notamment un avant-propos et des notes du supposé "éditeur", où l'auteur prétend ne pas être celui de la correspondance qui suit. Ce processus, qui revient souvent avec le "texte trouvé", vise avant tout à renforcer l'aspect réel du texte (cela même si la correspondance est fictive). De plus, si le roman épistolaire s'adresse aux lecteurs, sa structure même sous-entend que les personnages correspondent entre eux : c'est la double énonciation, un procédé qu'on retrouve aussi au théâtre. Il est à noter qu'il est aussi possible au sein d'un même roman épistolaire de trouver plusieurs formats de correspondance : lettres, journaux intimes, courriels, télégrammes, messages, notes... La nature épistolaire peut aussi demeurer cachée aux lecteurs jusqu'à la toute fin. De même, certains romans non-épistolaires peuvent avoir un recours plus ou moins important au genre épistolaire dans leur récit, comme Orgueil et Préjugés de Jane Austen (dont le premier jet laisse penser qu'il avait vocation à être un roman épistolaire au départ).

 

 

Quelques exemples

Processo de cartas de amores que entre dos amantes pasaron, de Juan de Sugura (1548)

Lettere amorose, de Luigi Pasqualigo (1563)

A Post with a Packet of Mad letters, de Nicolas Breton (1602)

Lettres d'amour entre un noble et sa sœur, d'Aphra Behn (1684)

Lettres persanes, de Montesquieu (1721)

Lettres de madame de Sévigné, éditions Perrin (1734)

Pamela, de Samuel Richardson (1740)

Fanny Hill, de John Cleland (1748)

Les Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos (1782)

Lady Susan, de Jane Austen (1794)

Frankenstein, de Mary Shelley (1818)

Mémoires de deux jeunes mariées, d'Honoré de Balzac (1842)

La Locataire de Wildfell Hall, d'Anne Brontë (1848)

Dracula, de Bram Stoker (1897)

Inconnu à cette adresse, de Katherine Taylor (1938)

Trois guinées, de Virginia Woolf (1938)

Le Week-end d'Anderson, de Lawrence Sanders, (1970)

Carrie, de Stephen King (1974)

La Couleur pourpre, d'Alice Walker (1982)

Le Journal de Bridget Jones, d'Helen Fielding (1996)

Pas raccord, de Stephen Chbosky (1999)

Les Passagers anglais, de Matthew Kneale (2000)

Cartographie des nuages, de David Mitchell (2004)

Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, de Mary Ann Shaffer & Annie Barrows (2008)

Seul sur Mars, d'Andy Weir (2011)

 

 

Quelques exemples

Wikipedia => https://fr.wikipedia.org/wiki/Genre_%C3%A9pistolairehttps://fr.wikipedia.org/wiki/Roman_%C3%A9pistolaire

...