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Un petit historique
Le conte est avant tout une transmission orale. Son origine est ancienne et le rapproche bien des mythes. Il existe des traces remontant à l'Antiquité, mais certains chercheurs évoquent même une origine dès le néolithique. Ainsi, le célèbre conte La Belle et la Bête (numéro 425C dans la classification Aarne-Thompson) pourrait avoir déjà existé chez l'ancêtre commun des langues Indo-Européenne de l'Ouest, il y a 6000 ans ! Le conte est un genre universel. Les contes circulent depuis des temps immémoriaux dans les différentes régions du monde. Par conséquent, une même version peut exister dans plusieurs pays, tout en possédant des modifications plus ou moins importantes selon les cultures. Vladimir Propp est l'un des premiers à tracer un parallèle entre contes de différentes cultures, retrouvant certaines similitudes à travers les continents.
C'est au Moyen Âge qu'on commence à mettre par écrit les récits oraux. Pendant la Renaissance, le conte commence à se transmettre à l'écrit en Italie. En France, c'est avec Charles Perrault au XVIIᵉ siècle que le conte littéraire se développe et devient prisé, notamment à la cour de Louis XIV. C'est d'abord un genre pour adulte, destiné principalement aux aristocrates, le style est travaillé à leur destination. À la même époque, une génération de conteuses, dont Marie-Catherine d'Aulnoy (à qui nous devons le terme "conte de fées"), utilisent le conte pour s'adresser à leurs pairs, et leurs récits contiennent parfois des passages grivois.
Progressivement, à partir du XVIIIᵉ siècle, le genre évolue pour s'adresser à un public plus jeune, car les morales possèdent une vertu éducative. Les histoires, parfois très sombres, sont adaptées, édulcorées, pour être appréciées des enfants. Par exemple, le Chasseur qui délivre le Chaperon rouge et Mère-Grand n'est pas initialement présent dans le conte originel. Mme Leprince de Beaumont a rédigé des contes spécifiquement pour les enfants.
Toutefois, afin de garder une part d'adulte, c'est aussi à cette époque que se développe le conte philosophique, destiné à ce public.
L'âge d'or de la recension des contes débute au XIXe siècle : alors que l'idée de nation se développe à travers l'Europe, le peuple souhaite asseoir les bases de ces états en devenir. On va alors chercher dans la mémoire populaire des épopées, des chants, des histoires (contes, légendes) qui sont propres à chaque peuple, afin de trouver la matière pour raconter l'Histoire et la transmettre de génération en génération. Ce mouvement est mené par plusieurs auteurs dans tout le continent, tels que les frères Grimm en Allemagne, Hans Christian Andersen au Danemark, ou François-Marie Luzel en Bretagne.
Qu'est-ce que le conte ?
Le conte, en tant que genre, est assez difficile à définir, car il a plusieurs formes. À son origine, il est oral : c'est une histoire que l'on raconte à un auditoire. Il se transmet de génération en génération, et évolue ainsi à travers les temps, les époques, au fil des itérations et de la conservation du récit. Il est généralement court (même s'il en existe des assez longs), présenté en prose ou en vers. Il est raconté au passé, même si la formule "Il était une fois..." est un ajout plutôt récent qui nous vient tout droit de Charles Perrault. Cela renforce le côté atemporel et aspacial du conte, ou dates et lieux n'ont généralement pas d'indications précises. C'est cette plasticité qui permet au conte de traverser les cultures et les époques
Le conte est destiné à divertir et à instruire de façon ludique. Il explique le monde, enseigne des éléments de la vie de nos ancêtres, des relations, des forces et faiblesses humaines, etc. Toutefois, il se veut purement fictif, ce qui le différencie des légendes. Il est distinct du roman, ou de la nouvelle, par son aspect merveilleux : on y trouve souvent des fées, de la magie, des êtres non humains, mais celleux-ci font partie intégrante du monde décrit dans le conte. Chaque personnage du conte remplit une fonction bien précise:
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Le héros
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Le faux-héros : Il vole l'objet de la quête au héros
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Le commanditaire : Celui qui met le héros sur le chemin de sa quête
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Le destinataire : Celui à qui est destiné l'objet de la quête (le héros souvent)
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L'objet de la quête : Ce que le héros doit retrouver ou faire, ça peut être un objet ou l'éternelle princesse.
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Le donateur : Celui qui aide le héros en lui donnant un objet
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L'adjuvant : Celui qui aide le héros en le conseillant
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L'opposant : Celui qui met des bâtons dans les roues du héros
De par la nature même du conte, un personnage n'a donc pas forcément une apparence humaine. De plus, un personnage peut avoir plusieurs fonctions, tout comme une même fonction peut être remplie par plusieurs personnages. Par conséquent, un conte se caractérise par la présence de certains codes, comporte souvent une morale, et suit souvent un schéma archétype :
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La situation initiale : elle nous présente le héros et sa situation.
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Un événement survient qui force le héros à s'éloigner de chez lui : à ce moment le commanditaire intervient.
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La quête du héros commence : les contes sont des récits initiatiques, au fur et à mesure des épreuves qu'accomplit le héros, il apprend, et grandit (il n'est pas rare que le héros soit un jeune pauvre ou naïf au début du conte). Il va être donc confronté à différentes épreuves pour pouvoir avancer ou obtenir ce qu'il cherche. On remarque que ces épreuves vont souvent par trois, où bien le héros échoue deux fois avant de réussir la troisième fois (souvent même le héros est le/la troisième frère ou sœur, les deux précédents ayant échoué ou n'étant pas revenus). C'est à ce moment qu'interviennent les donneurs, adjuvants, l'opposant (qui parfois est aussi le commanditaire !).
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La situation finale : le héros réussit sa dernière épreuve, il est reconnu dans son rôle de héros par le commanditaire. Il obtient l'objet de la quête, par exemple il se marie avec la princesse (qui remplit donc le rôle d'objet de la quête).
Ainsi, le héros doit souvent effectuer un voyage, ou du moins un déplacement (Cendrillon qui va au château pour le bal) : partant d'un monde pareil au nôtre, il traverse un monde "entre-deux" (une forêt, l'océan...) qui l'amène vers un monde loin de chez lui (une île, le ciel...), où se trouve sa destination finale. Selon le contenu de ces différents éléments, le conte pourra se décliner en plusieurs catégories :
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Le conte de fée
Récit fabuleux, mettant en scène des créatures imaginaires et des personnages merveilleux.
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Le conte régional
Mâtiné de légendes, de faits réels, on peut y trouver des personnages ayant existé. Il permet d'en apprendre beaucoup sur les coutumes locales et sur l'époque dans laquelle il s'ancre.
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Le conte étiologique
Récit qui explique les origines et le pourquoi des choses en y répondant de manière fantaisiste (c'est-à-dire de manière originale qui relève du merveilleux). On retrouve par exemple comment le zèbre a obtenu ses rayures, comment l'éléphant s'est trouvé muni d'une trompe...
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Le conte initiatique
Conte dans lequel le personnage, au départ ignorant, voire naïf, apprend des choses et fait ses preuves tout au long de l'histoire.
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Le conte moral
Histoire imaginaire qui transmet une morale. Sa conclusion est présentée comme une vérité générale, un exemple à suivre, un modèle à garder en mémoire. Le conte moral peut présenter des personnages plus vraisemblables, mais toujours en respectant la structure du conte.
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Le conte philosophique
C'est une histoire fictive, critique de la société et du pouvoir en place pour transmettre des concepts philosophiques. Les codes du conte permettant de passer plus aisément la censure.
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Le conte satirique
Récit imaginaire destiné à se moquer d'une personne, d'une situation ou d'une idée. Dans ce dernier cas, cela le rapproche du conte philosophique.
Quelques exemples
Les Mille et Une Nuits, auteur(s) inconnu(s) (avant IXe siècle; première traduction française par Antoine Galland en 1704-1717)
Cendrillon ou la Petite Pantoufle de verre, de Charles Perrault (1697)
Finette Cendron, de Marie Catherine d'Aulnoy (1698)
La Belle et la Bête, de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1756)
Candide ou l'Optimisme, de Voltaire (1759)
Blanche Neige, des frères Grimm (1812)
Les Cent Contes drolatiques, d'Honoré de Balzac (1832-1837)
La Petite Sirène, de Hans Christian Andersen (1837)
Histoire comme ça, de Ruyard Kipling (1902)
Les Contes du chat perché, de Marcel Aimé (1934-1946)
Contes de la rue Broca, de Pierre Gripari (1967)
Sources
L'espace français => https://www.espacefrancais.com/le-conte/#gsc.tab=0
Il était une histoire => https://www.iletaitunehistoire.com/genres/contes-et-legendes
Vikidia => https://fr.vikidia.org/wiki/Conte
Wikipedia => https://fr.wikipedia.org/wiki/Conte