Le Héron à la Plume Flamboyante :: L'écriture à la portée de tous

Interview d'auteur : Marie-José Segura

Marie-José Segura est l'auteur du Monde des Songes, un roman fantasy qui s'adresse aussi bien aux jeunes adolescents qu'aux adultes que l'Imaginaire continue de faire rêver. Aujourd'hui, pour l'association Héros de Papier Froissé, elle accepte de nous parler de son rapport à l'écriture et de son expérience en tant qu'auteur.

Parlez-nous un peu de votre livre. Comment vous est venue l'idée de l'écrire ?
Au départ, je ne tenais pas particulièrement à écrire un roman, mais plutôt un album. J'aime peindre et dessiner, sans aucune prétention car je n'ai pas suivi de formation graphique. J'avais quand même des "envies" d'écrire depuis longtemps, comme des pulsions. Je les repoussais par manque de temps, mais aussi parce que je pensais ne pas savoir écrire, étant scientifique à la base et non littéraire. Un jour, le besoin de créer une histoire a été vraiment très fort, et je lui ai enfin cédé. La découverte de jolis lutins dans une vitrine m'a inspirée. Je suis partie sur une idée que j'ai exploitée en en discutant avec mes deux enfants, qui en 2007 avaient 11 et 14 ans. Comme j'avais décidé de faire un album, je dessinais les scènes au fur et à mesure. Mais elles me ralentissaient tellement que je me suis arrêtée de les faire pour me consacrer entièrement à mon histoire. Ma nouvelle est devenue d'abord un petit roman, puis un vrai roman. On découvre dans mon livre deux parties : la première étant le petit roman si on peut dire, qui joue sur une histoire de merveilleux relativement simple mais avec actions et suspense pour maintenir le lecteur en haleine, la deuxième étant plus originale mais je n'en dis pas plus.

Quelle est votre démarche en tant qu'auteur, votre façon de travailler ?
Je n'ai pas de démarche particulière car mon emploi du temps est très chaotique. Dès que je peux écrire, je le fais. Mais je peux rester très longtemps sans écrire. Il s'est passé un an entre mes deux romans (le deuxième sort en avril). Je suis sur le troisième et j'ai mis plus d'un an avant de m'y mettre. En fait, j'ai besoin d'idées à exploiter. Malheureusement, je ne les trouve pas toujours. Par contre, je me suis aperçue qu'elles me viennent en écrivant. C'est stressant et magique à la fois. Je regrette de manquer cruellement de temps et de ne pas être régulière.

Vous avez également la passion du dessin. Vos oeuvres vous aident-elles à écrire ? Ou est-ce vos écrits qui vous aident à composer les illustrations ?
Je ne pense pas que mes dessins m'aident à écrire. Il est vrai que je voulais faire un album en écrivant le Monde des Songes. Mais les dessins ralentissaient mon écriture, donc en fait ils ne m'aidaient pas. Par contre, j'ai conscience d'être "une visuelle" (la peinture, je pense) et le lecteur voit très bien l'histoire se dérouler dans sa tête. On me dit souvent qu'on pourrait faire du Monde des Songe un film d'animation. Je pense que ce sera aussi le cas pour le deuxième roman. Je pense en fait que j'ai réalisé mes premières planches de dessins du Monde des Songes grâce à mes écrits qui m'aidaient à les composer.

Qu'est-ce qui vous a décidé à vous lancer à la recherche d'un éditeur ?
Quand le roman a été achevé, mes enfants et leurs amis l'ont lu avec un réel plaisir. Ils réclamaient une suite. J'ai vu leurs yeux s'allumer, et j'ai éprouvé beaucoup de joie de leur avoir procuré du plaisir ! J'ai pensé que d'autres enfants pouvaient aussi profiter de mon histoire. Voilà le moteur de ma démarche auprès des éditeurs. Mais je suis partie "la fleur au fusil" sans trop savoir ce qui m'attendait, c'est-à-dire un véritable parcours du combattant, où votre moral en prend un sacré coup.

Comment s'est passé votre recherche, quelles ont été vos difficultés ? J'ai presque mis deux ans pour trouver l'oiseau rare, le seul qui a bien voulu éditer le Monde des Songes : les éditions Mic-Mac. Mon roman a-t-il bénéficié de la jeunesse de son directeur ? Quand il a dit oui, il avait 22 ans et surtout était plus disponible que maintenant. Pratiquement toutes les maisons d'éditions ont refusé mon manuscrit, j'ai reçu plus de 20 réponses négatives à mes envois. J'étais désemparée parce que je ne comprenais pas ce refus. J'avais d'un côté les lecteurs auxquels il était destiné qui l'aimaient énormément, de l'autre les professionnels qui n'en voulaient pas. Parmi mes lecteurs enthousiastes, je disposais de deux cobayes idéals : une toute jeune fille férue de littérature jeunesse avec un sens critique aiguisé du fait de ses lectures, et une autre jeune fille qui n'aimait pas lire. On ne vous explique jamais le pourquoi du refus. Nous étions toutes les trois désolées.

Qu'avez-vous ressenti lorsque vous avez enfin pu avoir le livre entre les mains ? Comment cela s'est-il passé ?
J'ai vu mon livre en librairie avant de l'avoir entre les mains, et là j'ai ressenti un moment d'extase. J'imaginais qu'il sortirait plus tard et je ne m'attendais pas à le voir. J'étais frustrée de ne pas avoir d'appareil photo pour garder un souvenir (je suis d'ailleurs revenue à la Fnac pour le prendre en photo – Voir la première page de mon blog) et j'ai dû attendre quelques jours avant que mon éditeur ne me donne mon exemplaire.

Si vous aviez un conseil à donner à de jeunes auteurs, quel serait-il ?
D'abord se faire plaisir en écrivant. Il ne faut pas tomber dans la contrainte, ni dans l'absolu volonté d'écrire si on n'a pas d'idées, ou aucune envie. Il faut avoir quelque chose à dire à ses lecteurs et penser à eux lorsque l'on écrit, un peu comme si on leur racontait à haute voix une histoire. Déjà cela oblige à être cohérent, clair, intéressant. Je ne pense pas être écrivain en fait, mais plutôt auteur et, c'est pour cela que je donne ce genre de conseils. Alors, ils ne conviendront peut-être pas à tout le monde, à ceux qui aiment écrire pour écrire. Si l'on désire se faire éditer, ne pas hésiter à faire lire son histoire autour de soi en visant bien entendu son public (petite enfance, jeunes, ados, adultes). Écoutez les critiques raisonnables, elles sont là pour vous faire avancer. Ensuite s'armer de patience, de courage, de persévérance pour trouver son éditeur. Éviter à tout prix l'auto-édition et avoir en tête que "tout arrive au bon moment"!

Le Monde des Songes aux éditions Mic-Mac.
Quatrième de couverture : Le jour de leurs treize ans, Odin, Pilgrin et Ysaline doivent vivre une initiation, comme le veut la tradition chez les lutins. Alors que tout le village est en fête, une bande de geais vient perturber les événements. Il semblerait que la fée Agapande, l'ennemie jurée des lutins, ait décidé de semer le trouble ! Séparés du reste de leur peuple, les trois héros comprennent très vite que tout repose sur leurs épaules. Ils vont devoir déjouer les tours de la terrible fée pour libérer les leurs. Mais, alors que tout semble enfin se résoudre, Agapande parvient à s'enfuir dans le Monde Caché... En emportant avec elle une personne on ne peut plus chère aux yeux des lutins ! Commence alors un long périple pour nos héros, entre rêve et réalité. Parviendront-ils, malgré tous les dangers, à faire triompher le Bien ?

Si cette interviews vous a plu et que vous voulez en savoir plus sur Marie-José Segura ou son livre, rendez-vous sur le blog de l’auteur : http://lemondedessonges.over-blog.com/